Président de l'entreprise d'étanchéité ETB à Cerny (91)

 

1. L’étanchéité, une vocation ?

Pas du tout ! Je voulais être ingénieur du son mais j’ai été mal orienté au lycée. Je me suis dirigé vers un Brevet technique en ouvrage métallique. Mes facilités en dessin m’ont également permis d’obtenir un CAP dessinateur.

En revenant du service militaire, j’étais bien décidé à trouver rapidement un emploi. J’ai postulé pour être dessinateur industriel étanchéité pour Isolétanche. J’ai intégré l’entreprise le lendemain.

2. Vos premières fonctions ?

Je travaillais au sein du bureau d’études pour l’export. J’y dessinais des plans et notamment des coupoles à destination de l’Arabie saoudite. Elles sont toujours en place !

Après quelques années, j’ai été promu conducteur de travaux, toujours à l’export. Mes activités de dessinateur et la supervision de deux encadrants expérimentés m’ont permis de me former sur le terrain. J’ai beaucoup voyagé pendant cette période : en Irak, en Égypte, en Algérie…

Je me souviens de ce chantier en Égypte : une usine hydroélectrique sur le barrage d’Assouan. Visible de la route, la maîtrise d’ouvrage avait prescrit une finition en cuivre pour des raisons esthétiques. Malgré la cherté du produit, nous avons mis 4 000 m² de ce revêtement. À réception, l’ingénieur en charge du chantier s’est rendu compte qu’aucune isolation n’avait été commandée… Nous avons dû recouvrir le cuivre selon le principe de l’isolation inversée et protégé le tout avec des gravillons. Adieu le joli revêtement !

Malheureusement, l’entreprise a déposé le bilan en 1988.

3. Une nouvelle étape ?

Avec trois directeurs et commerciaux, nous avons repris l’entreprise en location-gérance. Mais rapidement, des divergences avec l’un des investisseurs nous ont tous fait démissionner. J’ai alors rejoint Répisol à Corbeille Essonne qui existe toujours. Finalement, j’ai eu envie de me lancer seul dans l’aventure : ETB est née en 1991, avec le soutien de mon épouse. Aujourd’hui, l’entreprise compte 25 salariés qui interviennent en Île-de-France, essentiellement dans le sud de la région.

4. Une spécialisation ?

Nous ne faisons que de l’étanchéité et du bardage sur des bâtiments principalement en acier. Nous avons fait le choix de nous orienter plutôt vers les marchés publics : établissements scolaires, gymnases… En parallèle, environ 20 % de notre activité s’oriente vers le secteur industriel avec des hangars, des entrepôts…

5. La mauvaise conjoncture ?

Nos marges se réduisent comme peau de chagrin et nous ne disposons d’aucune visibilité sur les mois à venir. Les charges salariales augmentent, et c’est bien normal, mais la révision des prix est négative depuis quelque temps. Sans oublier l’augmentation des coûts des matières premières.

Il est probable que certaines entreprises ne s’en sortiront pas. Celles situées dans les départements 78, 91 et 95 pourront compter sur la Fédération française du bâtiment IDF, dont je viens de prendre la présidence, pour les accompagner.

6. L’évolution du métier ?

Il y a quarante ans, les produits de qualité médiocre étaient posés par des compagnons hautement qualifiés. Aujourd’hui, c’est l’inverse : les produits sont montés en gamme mais la main-d’œuvre a baissé en compétence.

De la même manière, les relations entre lots étaient plus efficaces. Depuis quelques années, elles n’existent plus vraiment et chacun travaille dans son coin sans prendre en compte le bâtiment dans son ensemble. C’est une vraie piste d’amélioration à explorer.