1. Votre entrée dans le métier ?
Sans vraiment vers quoi me diriger après le bac, j’ai effectué un BTS comptabilité-gestion avant d'intégrer Etphobat, entreprise familiale de moins de dix salariés, dirigée alors par mon père. J’avais 18 ans et 27 ans après j’y suis encore !
Avant d’en prendre la direction, j’ai occupé tous les postes possibles. J’ai commencé par l’ouverture du courrier, la petite comptabilité… Et je suis parti sur les chantiers. Ce fut, je pense, la période la plus enrichissante de ma vie professionnelle. J’avais, chaque jour pendant un an et demi, une vue exceptionnelle sur les toits de Marseille.
Sans formation dans le bâtiment, j’ai appris le métier sur le terrain. J’en connais les conditions de travail comme le port de rouleaux de 40 kg, comme c’était le cas jusqu’en 2013. C’est notamment grâce à mes expériences sur chantier que j’ai compris les avantages de l’utilisation de rouleaux plus légers. Dès leur mise sur le marché, j’ai donc acheté et promu ceux de 25 kg.
2. Votre premier chantier ?
Sur la cité Mourepiane dans le 16è arrondissement de Marseille, une terrasse accessible avec protection gravillons. Ma première intervention a consisté à retrousser le gravillon, c’est-à-dire le déplacer pour dégager le complexe d’étanchéité et permettre aux étancheurs d’intervenir.
3. Une définition du métier d’étancheur ?
Un étancheur, c’est un technicien qui s’adapte. Nous avons accès à une telle variété de techniques, nous devons faire face à de tels besoins mais aussi de contraintes ! Sans forcément tout maîtriser. Ainsi, l’une de nos plus grosses difficultés, c’est l’état du support sur lequel nous intervenons. Il ne dépend pas de nous mais par de corps d’état qui n’ont pas forcément conscience de son impact sur la qualité de notre travail. Pour que la co activité se déroule dans les bonnes conditions, il faudrait former chacun, nous y compris, aux contraintes des autres.
4. La formation des collaborateurs ?
Elle est essentielle dans nos métiers. Nos collaborateurs se mettent à jour régulièrement sur les nouvelles techniques, les nouveaux matériaux. Il faut ici saluer l’implication des fabricants qui dispensent régulièrement des formations à la pose de leurs produits.
5. Des difficultés de recrutement ?
Comme beaucoup dans le bâtiment, nous avons toujours besoin de nouveaux collaborateurs. Bonne nouvelle : un centre de formation vient d’ouvrir ses portes à Marseille. Avant lui, les jeunes devaient se rendre en région parisienne avec toutes les difficultés de logement, de transport que cela suppose… Mais ça ne suffit pas. Nos métiers restent méconnus. C’est pourquoi, mes confrères et moi allons à la rencontre des jeunes dans les écoles, les centres de formation et de recherches d’emploi. Nous leur expliquons que nos portes leur sont ouvertes et que s’ils s’en donnent les moyens, les évolutions peuvent être rapides. Je raconte souvent l’histoire de mon entreprise qui existe depuis 30 ans ou celle de ce confrère, qui parti du bas de l’échelle, a créé une structure, qui compte 25 salariés et réalise des millions d’euros de chiffre d’affaires. Avec de la motivation, de l’envie, il a de très belles histoires qui s’écrivent. « Tout est possible », comme je le répète inlassablement lors de mes interventions.
6. Engagement volontaire ?
Je m’engage pour la profession parce que j’aime ça. Je participe depuis douze ans aux commissions techniques, à la rédaction de Règles professionnelles, à la révision des NF DTU… Nous avons la chance de pouvoir compter sur le dynamisme de notre syndicat, la Chambre syndicale française de l’étanchéité (CSFE). C’est une structure au sein de laquelle je m’épanouis et qui m’a fait progresser. Mais je reste pragmatique : cet investissement rapporte aussi à ma structure.
7. Le métier dans 10 ans ?
Il sera toujours aussi technique, voire encore plus. Avec l’évolution attendue des matériaux vers plus d’écologie, il faudra adapter voire changer nos habitudes. Le bitume élastomère que nous connaissons pourrait progressivement être remplacé.