1. L’étanchéité, une vocation ?
Pas à mes débuts. Après mes études au sein d’HEC à Lausanne, j’ai intégré le bureau suisse d’une entreprise américaine de conseil. Je pensais m’orienter ensuite dans le trading. Mais en raison de la mauvaise situation économique de Soprema, à l’époque détenue par ma famille mais également par plusieurs actionnaires, j’ai rejoint Strasbourg en 1992 pour tenter de redresser la barre. J’ai commencé par racheter toutes les actions. À cette époque, nous avons dû faire face à une concurrence plutôt, voire très hostile. Si bien que sur l’un des tout premiers chantiers signés sous ma direction, nous n’avions personne pour le mettre en œuvre ! Pour montrer à tous que le groupe Soprema allait bel et bien garder son indépendance, je suis personnellement monté sur le toit avec un chalumeau. Nous avons posé l’étanchéité dans les délais imposés et aucun sinistre n’a été déploré. Cette période n’a pas forcément été évidente mais j’avais les mains libres pour relancer nos activités. Je n’ai jamais regretté ce choix.
2. Industrie et Entreprises ?
Les deux entités sont indépendantes l’une de l’autre et je tiens à ce que cela reste ainsi. Si l’industrie repose beaucoup sur ses process et sur leur surveillance, l’entreprise et les métiers du bâtiment sont avant tout une histoire d’individus et de relations qui par essence, ne peuvent être ni imposées, ni contrôlées. Un mauvais comportement sur un chantier et la réputation peut s’effondrer. Ce contexte pousse à la modestie, à rester proche du terrain pour comprendre les problématiques et les aspirations de chacun.
3. Le métier d’étancheur ?
Il est indispensable à plus d’un titre. Déjà car toute fuite en toiture peut rapidement virer à la catastrophe. Or, pour beaucoup, le logement est l’investissement d’une vie. L’approximation n’est pas permise. Ensuite, il a toujours su évoluer et s’adapter, voire anticiper les enjeux techniques et environnementaux du secteur : une toiture végétalisée joue en faveur de la biodiversité et contre les îlots de chaleur urbains, une toiture photovoltaïque produit de l’énergie…
Il participe pleinement à la lutte contre le dérèglement climatique.
Rappelons-le : il a aussi permis l’émergence de plusieurs mouvements architecturaux comme Bauhaus ou le mouvement moderne. L’étanchéité est invisible mais elle est indispensable à la réussite de nombre de projets.
4. La formation ?
Soprema Entreprises est dans une démarche de formation continue de ses salariés mais aussi d’entreprises extérieures. De la même manière, nous proposons des cursus diplômant en alternance notamment, pour les jeunes ou les personnes en fin de droits. Ces derniers sont libres de rester chez nous ou de partir ailleurs. Nous sommes ici motivés par nos convictions : des étancheurs compétents valorisent évidemment nos métiers.
5. Quelles évolutions à venir ?
Notre grande préoccupation aujourd’hui, c’est le bilan carbone. Soprema a lancé il y a un peu plus d’un an la mention des émissions de CO2 de ses produits sur les devis et factures. Je milite beaucoup pour que Soprema Entreprises fasse de même. Pour pouvoir juger, il faut mesurer grâce à des données objectives. Nous avons ce devoir de transparence vis-à-vis de nos clients.
Parmi les autres sujets également : la défense du lot étanchéité dans les marchés, notamment lorsqu’ils intègrent une toiture-terrasse complexe. L’étancheur ne doit pas être un sous-traitant de l’électricien ou du paysagiste.