"Les pratiques du métier ont changé. Elles sont beaucoup plus axées sur l'humain avec des rouleaux plus légers, des produits plus sains...". Rencontre avec Sandra Julien, dirigeante de la société J2C Etanchéité à Bourg-les-Valence dans la Drôme

1. Votre entrée dans le métier ?

Au début de ma carrière, je ne me destinais pas du tout aux métiers du bâtiment mais plutôt à la pratique des langues étrangères. J’ai donc passé un BTS secrétaire trilingue mais une opportunité s’est présentée et je l’ai saisie ! Il y a 20 ans je suis entrée dans une société d’étanchéité par le biais de mon père. J’ai commencé en tant que secrétaire. J’ai évolué vers le poste d’assistante travaux puis de technicienne études de prix. Au bout de 10 ans, je me suis lancée dans la création de ma propre société d’étanchéité et ce fut chose faite le 1er février 2011.

2. Des contacts avec le terrain ?

À mes débuts, j’ai demandé à mon employeur de me familiariser avec les pratiques du métier. Pendant une semaine, je suis montée sur les toits avec les compagnons. J’y ai découvert un métier assez physique, exposé aux aléas climatiques et qui demande de porter des rouleaux, des graviers...

3. Un terrain de prédilection en matière d’étanchéité ?

Au sein de J2C Etanchéité, notre spécialité, c’est l’étanchéité bitumineuse sur tout type de bâtiments avec une majorité de villas mais aussi des logements collectifs, des bâtiments de bureaux et industriels. Le tout dans la Drôme et l’Ardèche.

4. Étancheur ou étancheuse ?

Je n’ai jamais entendu dire « étancheuse ». Je ne pense pas que le terme existe. Peut être cela va-t-il venir car de plus en plus de femmes intègrent des métiers réputés comme masculins. Alors pourquoi pas dans l’étanchéité ? On l’espère en tous cas, même si la route sera surement longue. Encore aujourd’hui, les clients me considèrent comme la secrétaire de l’entreprise. Je dois leur expliquer que je suis la gérante et que ce n’est pas à moi qu’il faut s’adresser pour effectuer par exemple les démarches administratives.

5. Combien de salariés aujourd’hui ?

Nous sommes sept : trois ouvriers, un ingénieur bureau d’études, deux conducteurs de travaux et moi.

6. Le métier d’étancheur en quelques mots ?

Première chose : c’est éviter d’avoir de l’eau dans les bâtiments ! C’est également un métier technique qui demande une bonne connaissance des normes mais aussi de l’évolution des réglementations. Les enjeux de rénovation énergétique par exemple font que nous isolons beaucoup plus qu’avant les toitures-terrasses. À nous également de définir les systèmes les plus intelligents à mettre en œuvre pour répondre efficacement à ces problématiques. On note aussi l’arrivée des produits biosourcés avec lesquels il va falloir se familiariser… Nous devons suivre de près ces évolutions pour rester compétitifs.

7. Des évolutions dans les pratiques ?

Oui, nous allons vers de meilleures conditions de travail pour les compagnons. Les rouleaux sont plus légers, les produits plus adaptés, comme les vernis d’imprégnation désormais intégrés directement dans les membranes. Les équipes en sont d’ailleurs satisfaites même si, comme souvent, il faut un temps d’adaptation pour changer les habitudes.

8. Le métier d’étancheur dans 10 ans ?

J’espère qu’il y aura encore de nouvelles évolutions, notamment en matière de composition des matériaux. Nous allons dans le bon sens : les industriels investissent pour développer des produits moins impactant pour l’environnement.