La réalisation de l'étanchéité du dôme a nécessité la mise en oeubre de dispositions spécifiques pour limiter le facettage des courbes. (c) Smac
La réalisation de l'étanchéité du dôme a nécessité la mise en oeubre de dispositions spécifiques pour limiter le facettage des courbes.
Le nouveau planétarium de Douai se divise en trois éléments étanchés : deux toitures-terrasses et une demi-sphère. Tous présentent des courbes dont le traitement a constitué le principal défi technique pour les équipes de mise en œuvre. La demi-sphère, notamment, a nécessité une approche particulière tant en termes de procédés que de mode de pose.

Dans la mythologie grecque, Orion dispose d’une sulfureuse réputation qui lui valut de se faire crever les yeux et il finira par être transformé en une constellation qui porte son nom, reconnaissable aux trois étoiles alignées représentant sa ceinture. La légende se poursuit encore aujourd’hui à Douai qui a baptisé son nouveau planétarium Orionis. L’architecture du site s’en inspire également : « Le concept de notre projet s’inspire du mouvement elliptique des étoiles, expliquent les architectes de l’agence Snøhetta. La continuité, la fluidité et la perpétuité sont des notions que nous avons réinterprétées dans le projet, non seulement en termes d’évocation formelle mais aussi dans l’expérience que les visiteurs auront du planétarium. » Avec en point d’orgue : une demi-sphère qui domine l’ensemble.

L’intégration du bâtiment à son environnement, à la terre donc par opposition aux étoiles, constitue l’autre fil conducteur de sa conception, avec, parmi d’autres parti pris, la végétalisation de la toiture : « Le toit du niveau inférieur près des parcelles voisines est végétalisé, ajoutant un élément naturel. Le dôme de la salle de projection est recouvert d’une membrane synthétique gris clair, ce qui réduit son impact visuel et met en valeur la trajectoire de la rampe autour de la façade. »

Toitures-terrasses

Pour les équipes de l’agence Hauts-de-France de l’entreprise Smac en charge du lot étanchéité, il a fallu avant tout jongler avec les courbes ! « Les toitures-terrasses ont des périphéries arrondies. Les couvertines ont été préfabriquées en usine pour leur faire prendre la forme requise », décrit Nicolas Babol, directeur de travaux. Les procédés d’étanchéité ont été définis en fonction de l’usage des toitures, dont les éléments porteurs sont en béton. Ils se composent ainsi d’un pare-vapeur sur lequel est collé un isolant en polystyrène expansé de 240 mm d’épaisseur. « Sur les 630 m² de terrasse inaccessible, le système d’étanchéité bicouche auto-adhésif dispose d’une autoprotection par paillettes sur la deuxième couche, tandis que sur les 250 m² de toiture végétalisée, il est traité anti-racine, poursuit le directeur travaux. Le complexe de végétalisation est quant à lui composé de micromottes plantées dans les 10 cm d’épaisseur de substrat et de fragments de sedum projetés. »

Découpes et ponçage

On l’imagine aisément : le gros du morceau, c’était la demi-sphère. Comment obtenir un arrondi sans arrête apparente ? Une préoccupation prise en compte dès la structure en béton, à base de « pétales préfabriqués ». « Nous avons appliqué l’isolant en verre cellulaire au bitume chaud directement sur ce support avec une pose en deux lits. Cette disposition constructive, ajoutée à la découpe des panneaux lorsque nécessaire, a également permis de limiter le nombre d’arêtes. Lorsque ces dernières ne pouvaient être évitées par ces méthodes, nous les avons poncées. » Du bitume chaud a de nouveau été coulé dans les interstices pour assurer une fermeture optimale de l’ensemble avant la mise en œuvre d’une membrane bitumineuse renforcée faisant office de sous-couche d’égalisation. « Les feuilles sont soudées bord à bord pour éviter les surépaisseurs dues aux recouvrements. » Cette précaution n’a pas été nécessaire pour appliquer la membrane synthétique de finition gris clair qui a néanmoins été découpée sur site pour s’adapter au plus juste aux courbes de la demi-sphère. Munie d’une feutrine en sous-face, elle est liaisonnée à la sous-couche bitumineuse par réactivation du bitume.

Une mise en œuvre complexe et technique donc d’autant plus que les compagnons intervenaient jusqu’à 24 m de hauteur. « La pose s’est donc intégralement faite à la nacelle. Elle ne pouvait en effet pas être réalisée à partir d'un échafaudage compte tenu de la forme du dôme. En raison de la manipulation de bitume à 170°C, les compagnons étaient munis d’équipements individuels de sécurité spécifiques : visière contre les projections, gants et manchettes longues… » Pour faire monter les rouleaux d’étanchéité au sommet (la pose était réalisée de haut en bas), un ancrage y a été fixé accueillant une poulie. « Les rouleaux étaient insérés dans des tubes accrochés à des câbles passant dans la poulie. Nous pouvions ainsi les faire descendre lentement au fur et à mesure de l’avancement. »

Les intervenants

Maître d’ouvrage : Agglomération du Douaisis

Architecte : Agence Snøhetta

Entreprise d’étanchéité : Smac (agence Hauts-de-France)

Entreprise de gros œuvre : Demathieu & Bard

Les produits

Isolant : Foamglas

Sous couche bitumineuse : Iko

Étanchéité synthétique : Evalon (Alwitra)