Le désenfumage est essentiel contre les ravages d'un incendie. Actionné rapidement, il permet de maintenir praticables les cheminements d'évacuation des personnes, de limiter la propagation de l'incendie et de faciliter l'intervention des secours.

01 - RÉFÉRENTIELS
Quelles sont les exigences réglementaires relatives au désenfumage naturel des locaux ?
L'exigence de désenfumage d'un local est liée à la réglementation qui lui est applicable, selon sa destination et/ou le type d'établissement dans lequel il est installé (sont exclus les cages d'escaliers, les circulations horizontales, les halls et les atriums, les parcs de stationnement et les compartiments* qui font l'objet de dispositions spécifiques) :

- pour les bâtiments d'habitation, assujettis à l'arrêté du 31 janvier 1986 modifié, aucune exigence de désenfumage des locaux n'est requise. Seul est visé le désenfumage des cages d'escaliers (les locaux collectifs de plus de 50 m² sont assimilés à des Établissements recevant du public (ERP) et doivent respecter la règlementation qui leur est applicable) ;

- pour les établissements recevant du public (ERP), il faut distinguer les petits établissements de 5e catégorie et les autres, de 4e à 1re catégorie. Ainsi, pour les ERP de 5e catégorie, se référer à l'arrêté du 22 juin 1990 modifié. Pour les ERP des autres catégories, se référer à l'arrêté du 25 juin 1980 modifié, qui comporte des spécifications générales et des dispositions particulières liées au type d'exploitation J, L, M, P, etc.

- pour les locaux de bureaux, assujettis au Code du travail, se référer à l'article R4216-13 qui précise : « Les locaux de plus de 300 m² situés en rez-de-chaussée et en étage, les locaux de plus de 100 m² aveugles et ceux situés en sous-sol comportent un désenfumage naturel ou mécanique » ;

- pour les immeubles de grande hauteur (IGH), se référer à l'arrêté du 31 décembre 2011- article GH 28 - § 3. Désenfumage des locaux qui précise que « les locaux collectifs visés à l'article GH 71 (locaux et établissements recevant du public ou autres, non indépendants, situés dans un immeuble de grande hauteur) d'une superficie supérieure à 300 m² sont désenfumés dans les conditions prévues dans l'instruction technique n° 246, comme les ERP de 4e à 1re catégorie » ;

- pour les installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE), se référer à l'arrêté applicable, selon que l'installation est soumise à déclaration, enregistrement ou autorisation et selon la rubrique liée au type d'activité ou au type de substances stockées ou utilisées.

* Un compartiment est un volume à l'intérieur duquel aucune résistance au feu des parois verticales n'est imposée. Il est défini à l'article CO25 de l'arrêté du 25 juin 1980 relatif aux ERP.

02 - CHOIX DU PROCÉDÉ
Désenfumage naturel ou mécanique, dans quel cas ?
C'est le texte réglementaire qui définit si le désenfumage d'un local est naturel, mécanique ou si les deux possibilités sont offertes. Le désenfumage mécanique consiste en un tirage mécanique par des bouches d'extraction mécaniques raccordées à un ventilateur d'extraction de fumées. Le désenfumage naturel est réalisé grâce à un tirage naturel par des évacuations de fumée communiquant directement ou par l'intermédiaire de conduits à l'extérieur. Dans les deux cas, il faut que des amenées d'air soient prévues et disposées de manière à assurer un balayage satisfaisant du volume concerné.

03 - EXUTOIRES ET AMENÉES D'AIR
Comment réaliser le désenfumage naturel d'un local ?
Les évacuations de fumée sont réalisées soit par :
- des ouvrants en façade (angle par rapport à la verticale inférieur à 30°) ;
- des exutoires (angle par rapport à la verticale supérieur ou égal à 30°) ;
- des bouches.
Elles doivent être implantées de manière à ce que l'écoulement des fumées ne soit pas gêné par un élément de construction ou un aménagement. Les exutoires et les ouvrants sont des dispositifs d'évacuation naturelle de fumées et de chaleur (DENFC) au sens de la norme NF EN 12101-2 et doivent faire l'objet d'un marquage CE.
Les amenées d'air sont réalisées soit par :
- des ouvrants en façade ;
- les portes des locaux à désenfumer donnant sur l'extérieur ou sur des volumes pouvant être largement aérés ;
- des escaliers encloisonnés ;
- des bouches.

Aucune ouverture (évacuation de fumée ou amenée d'air) ne doit avoir une de ses dimensions inférieure à 20 cm. Des amenées d'air mécaniques peuvent être utilisées exceptionnellement, avec des évacuations de fumée par exutoires. Les prises d'air neuf ne doivent pas être situées dans une zone susceptible d'être enfumée.

04 - TYPES D'OUVRAGES
Quelles sont les surfaces de désenfumage à prévoir ?
Pour les ERP de 5e catégorie : la surface utile d'évacuation de fumées (SUE) doit être au moins égale au 1/200e de la superficie au sol du local. La surface libre totale des amenées d'air d'un local doit être au moins égale à la surface géométrique des évacuations de fumées de ce local.
Pour les ERP des autres catégories et les locaux collectifs des IGH, c'est l'Instruction technique N° 246 qui définit les sections de désenfumage :

- locaux de superficie ≤ 1000 m² :
La SUE doit correspondre au 1/200e de la superficie du local mesurée en projection horizontale. La surface libre totale des amenées d'air du local doit être au moins égale à la surface géométrique des évacuations de fumée de ce local.

- locaux de surface > 1000 m² :
Les locaux de plus de 2000 m² ou de plus de 60 m de long sont divisés en cantons de surface maximale de 1600 m², délimités par des écrans de cantonnement ou la configuration du local et de la toiture.

La SUE est déterminée par type d'exploitation (dont dépend la surface du feu) en fonction de la hauteur de référence (H) et de l'épaisseur de la couche de fumée (Ef), avec :

  • (H) = moyenne arithmétique des hauteurs du point le plus haut et du point le plus bas de la couverture, du plancher haut ou du plafond suspendu, mesurée à partir de la face supérieure du plancher. Il n'est pas tenu compte du plafond suspendu s'il comporte plus de 50 % de passage libre et si le volume compris entre la couverture et le plafond suspendu n'est pas occupé à plus de 50 %. La plus petite dimension des orifices du plafond suspendu est de 5 mm ;
  • (Ef) = (H) - (H l) ;
  • (H l) = hauteur de la zone située au-dessous des écrans de cantonnement ou, à défaut d'écran, au-dessous de la couche de fumée et compatible avec l'utilisation du local.

La SUE est obtenue en multipliant la superficie de chaque canton par un taux α (en pourcentage). Elle ne doit jamais être inférieure à celle calculée pour un canton de 1 000 m². L'annexe de l'IT 246 donne un tableau des valeurs de α et les deux formules qui permettent de le calculer. Dans le cas d'exutoires, une correction de la SUE doit être faite selon que le débouché des exutoires se situe au-dessous ou au-dessus du niveau de la hauteur de référence.
Pour les locaux de bureaux, selon l'article R4216-14 du code du travail, la surface totale des sections d'évacuation des fumées est supérieure au 1/100e de la superficie du local desservi avec un minimum d'un mètre carré. Il en est de même pour celle des amenées d'air.
Pour les ICPE, se reporter aux exigences de chaque arrêté relatif à la rubrique et au classement de l'ICPE. Selon l'arrêté, l'exigence peut être exprimée en surface utile ou en surface géométrique d'évacuation de fumée (SGE).

05 - SURFACES
Comment relie-t-on par local ou canton, la surface géométrique d'un exutoire en toiture ou la surface libre d'un ouvrant de façade, à la SUE exigée ?
- Cas de l'exutoire en toiture : la surface géométrique d'ouverture de l'exutoire SGO est liée à la SUE par la relation suivante : SUE = SGO X Cv. Cv est un coefficient aéraulique qui tient compte des entraves dans l'exutoire telles que les commandes, les lamelles, les traverses, etc., ainsi que de l'effet des vents latéraux. Les fiches techniques des fabricants fournissent généralement la SUE et la SGO.

- Cas de l'ouvrant en façade : c'est la surface libre de l'ouvrant qui est liée à la SUE par la relation : SUE = 0,5 X surface libre (ou surface libre calculée), avec :

  • surface libre = surface réelle de passage de l'air, inférieure ou égale à la surface géométrique d'ouverture, tenant compte des obstacles éventuels (mécanismes d'ouverture, grilles...) à condition que le degré d'ouverture de l'ouvrant soit de 60° au moins, lorsqu'il s'agit d'ouvrants basculants (relevant ou abattant vers l'intérieur ou l'extérieur, horizontalement ou verticalement) ou pivotants (horizontalement ou verticalement). Lorsqu'il s'agit d'ouvrants coulissants, la surface libre est la surface dégagée par la partie coulissante ;
  • surface libre calculée = plus petite valeur obtenue entre la surface géométrique intérieure de l'ouvrant et la surface tendue qui s'appuie d'une part sur le cadre dormant et d'autre part sur les parties les plus proches de l'ouvrant quand celui-ci est en position ouverte. Cette surface est limitée à la surface géométrique de l'ouvrant qui est la surface libérée par l'ouvrant, au niveau du cadre dormant, lorsqu'il est en position ouverte (voir schéma ci-dessous ).

">