Certaines réglementations imposent des exigences de résistance au feu des toitures exposées à un feu extérieur provenant d'un bâtiment voisin. Pour éviter qu'elles participent à la propagation de cet incendie, ces toitures doivent avoir été évaluées et classées selon des méthodes d'essai et de classement normées.

L'arrêté du 14 février 2003 relatif à la performance des toitures et couvertures de toiture exposées à un incendie extérieur fixe :
- les conditions de l'évaluation des performances des toitures exposées à un feu extérieur, en renvoyant à la méthode d'essai n° 3 de la norme XP CEN/TS 1187 « Méthodes d'essai pour l'exposition des toitures à un feu extérieur »;
- les conditions de la classification de la performance des toitures exposées à un feu extérieur telles que définies dans la norme NF EN 13501-5 « Classement au feu des produits et éléments de construction - Partie 5 : classement utilisant des données d'essais au feu des toitures exposées à un feu extérieur ».

MÉTHODOLOGIE
L'évaluation des performances d'une toiture exposée à un feu extérieur par l'essai n°3 de la norme XP CEN/TS 1187

La norme comprend quatre méthodes d'essais distinctes correspondant à quatre scénarios d'incendie différents. Il n'y a pas de corrélation directe entre les méthodes d'essai. Par conséquent, il n'existe aucune hiérarchie de classement généralement acceptable entre elles. Si la norme comprend quatre méthodes d'essais, c'est parce que, lors de la rédaction de celle-ci, il n'y a pas eu consensus européen sur une méthode d'essai commune.
La méthode d'essai n° 3 utilisée en France prend en compte les effets d'un brandon enflammé combiné avec le vent et une chaleur rayonnante supplémentaire. Elle se base sur un essai évaluant :
- la propagation du feu sur la surface extérieure de la toiture ;
- la propagation du feu à l'intérieur de la toiture ;
- la pénétration du feu ;
- la production de flammèches ou de débris enflammés tombant de la face inférieure de la toiture ou de la surface exposée de la toiture.

L'élément d'essai doit être représentatif de l'application pratique concernant le support (élément porteur) de toiture, le type et le nombre de couches des matériaux composant le complexe d'étanchéité (pare-vapeur et isolant thermique éventuels, revêtement d'étanchéité…). Lorsque le système d'étanchéité est appelé à être utilisé sur différents supports, le support d'essai est choisi parmi les supports normalisés suivants définis précisément dans la norme :
- panneaux de particules (ou planches de bois), pour une application sur un support non profilé ;
- panneaux de silicate de calcium pour une application sur un support non combustible d'épaisseur 10 mm mini ;
- tôles d'acier à profil trapézoïdal pour pose sur un support en acier profilé.

Pour justifier d'une application d'un système d'étanchéité sur une toiture de pente inférieure à 10°, l'essai doit être réalisé avec une pente de 5°. Pour justifier d'une application d'un système d'étanchéité sur une toiture de pente comprise entre 10° et 70°, valeurs comprises, l'essai doit être réalisé avec une pente de 30°.

LES DIFFÉRENTS CLASSEMENTS
La classification de la performance des toitures exposées à un feu extérieur telle que définie dans la norme NF EN 13501-5

La norme NF EN 13501-5 définit pour l'essai n°3 de la norme XP CEN/ TS 1187 pratiqué en France, un classement X ROOF (t3), fonction des valeurs suivantes déduites des essais :
- temps de propagation extérieure du feu (TE) ;
- temps jusqu'à la pénétration du feu (Tp).

Il en résulte les quatre classes suivantes, avec les critères de classement correspondants :
- B ROOF (t3) : TE ≥ 30 min et Tp > 30 min ;
- C ROOF (t3) : TE ≥ 10 min et Tp ≥ 15 min ;
- D ROOF (t3) : Tp > 5 min ;
- F ROOF (t3) : aucune performance déterminée.

ANCIEN ET NOUVEAU CLASSEMENT
La formulation actuelle des exigences de résistance au feu extérieur des toitures dans la réglementation française

Les exigences de résistance à un feu extérieur d'une toiture doivent être formulées par une exigence minimale d'une classe du type X ROOF (t3) telles que définies ci-avant. C'est ce que l'on va trouver pour les Immeubles de grande Hauteur (IGH) dans l'arrêté du 30 décembre 2011 qui demande à l'article GH 14, un classement B ROOF (t3) (+ une interdiction d'emploi de matériaux susceptibles de s'arracher enflammés en cas d'incendie).
L’exigence de classement B ROOF (t3) se retrouve également pour certaines Installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE), par exemple pour la rubrique 1510 concernant les entrepôts couverts dans l’arrêté du 11 avril 2017, ou pour la rubrique 1530 concernant les dépôts de papier et cartons relevant du régime de la déclaration, dans l’arrêté du 30/09/2008.
Aujourd'hui, cette classification européenne, fixée par l'arrêté du 14 février 2003, n'est toujours pas reprise dans certaines règlementations nationales telles que l'arrêté du 25 juin 1980 Règlement de sécurité contre l'incendie relatif aux Etablissements Recevant du Public (ERP) ou l'arrêté du 31 janvier 1986 relatif à la sécurité contre l'incendie dans les bâtiments d'habitation.
Ces règlementations font toujours référence à l'ancien classement français issu de l'arrêté du 10 septembre 1970 abrogé par l'arrêté du 14 février 2003, rappelé dans le tableau 1.

EN PRATIQUE
L'importance des systèmes testés

L’exigence de performance vis-à-vis d’un feu extérieur de la toiture doit être indiquée dans les Documents particuliers du marché (DPM). Elle résulte au minimum des exigences réglementaires liées à la destination du bâtiment et aux éventuels bâtiments tiers situés à proximité.
Le système d’étanchéité doit faire l’objet d’un P.V. d’essai justifiant cette exigence (certains systèmes sont considérés répondre à l’ensemble des exigences de performances vis-à-vis d’un feu extérieur, sans essai. Ils sont répertoriés dans le protocole feu CSTB/CSFE*). La plupart des systèmes d’étanchéité qui font l’objet de P.V. d’essais, obtiennent un classement B ROOF (t3), certains obtiennent un classement C ROOF (t3).
Il est important de prendre connaissance du P.V. d'essai pour connaître la constitution du système ayant permis d'obtenir le classement. Si l'essai a été fait avec un isolant thermique en laine minérale, le résultat ne peut être extrapolé à un système composé de la même membrane d'étanchéité et d'un isolant en polystyrène expansé ou en polyisocyanurate. De même, un résultat obtenu avec un isolant en polystyrène expansé ou en polyisocyanurate ne peut être étendu à un système composé d'un isolant de même nature mais provenant d'un autre fabricant.

DOMAINE DE VALIDITÉ
Le protocole CSTB / CSFE

Certains P.V. d'essais de toiture justifiant d'un classement B ROOF (t3), lors d'un essai avec un isolant en laine minérale, peuvent justifier d'une extension automatique du domaine de validité grâce au protocole feu CSTB/CSFE.