Toitures-terrasses inaccessibles et techniques  comment les différencier.jpg (c) Pyc
Une toiture technique reçoit une circulation due à la présence d'appareils ou d'installations nécessitant des interventions fréquentes.
Connaître la destination d'une toiture est indispensable pour définir l'ensemble du procédé d'étanchéité. Le choix n'est pas toujours évident, notamment entre toiture inaccessible ou technique. Explications.

Dans le domaine de l'étanchéité des toitures, la définition de la destination de la toiture par le maître d'ouvrage lors des phases de conception des ouvrages est essentielle. C'est elle qui va conditionner tous les choix techniques tels que les caractéristiques de l'isolant thermique, du complexe d'étanchéité, la nature de la protection d'étanchéité, le type de protection contre la chute des personnes, voire même la nature de l'élément porteur. S'il n'existe pas d'ambiguïté entre une toiture inaccessible et une toiture-terrasse accessible piétons ou véhicules, la nuance est plus subtile entre une toiture inaccessible et une toiture technique.

 

Les NF DTU de la série 43 proposent des définitions de la toiture inaccessible et de la toiture technique selon la nature de l'élément porteur. On retiendra les définitions données dans les NF DTU 43.1 et 43.11 qui introduisent une notion de périodicité limitée de l'entretien liée aux équipements installés, alors que la définition donnée dans les NF DTU 43.3 et NF DTU 43.4, « toiture ne recevant qu'une circulation réduite à l'entretien normal du revêtement d'étanchéité et de ses accessoires », est moins précise.

01. DEFINITIONS

Comment différencie-t-on une toiture inaccessible d'une toiture technique ? 

Toiture inaccessible : toiture ne recevant qu'une circulation réduite à l'entretien normal des ouvrages d'étanchéité et d'appareils ou installations nécessitant des interventions peu fréquentes (de l'ordre de une à deux fois par an) tels que :

- lanterneaux ;

- exutoires de fumées ;

- dispositifs de ventilation mécanique contrôlée relevant du NF DTU 68.3 ;

- antennes, enseignes.

La toiture peut comporter des chemins ou aires de circulation définis par les Documents particuliers du marché (DPM).

Toiture technique : toiture-terrasse recevant une circulation due à la présence d'appareils ou d'installations nécessitant des interventions fréquentes (entretien, etc.) tels que :

- aéro-réfrigérants (conditionnement d'air) ;

- dispositifs permettant le nettoyage des façades ;

- capteurs solaires ;

- locaux de machineries d'ascenseurs ou monte-charges, accessibles exclusivement de la terrasse ;

- jardinières.

Pour définir si une toiture est à classer comme inaccessible ou technique, il faut lister les équipements techniques à installer, évaluer la périodicité d'entretien de ces équipements et le nombre d'interventions potentielles pour définir la fréquence des passages. C'est cette fréquence complétée éventuellement par la connaissance du type d'outillage et de son mode de transport sur la toiture qui permettra au maître d'ouvrage de choisir un classement en toiture technique, impliquant un complexe d'étanchéité (isolant thermique éventuel + revêtement d'étanchéité + protection) plus performant que celui exigé pour une toiture inaccessible.

02. EXIGENCES

Quelles sont les principales différences de conception entre une toiture inaccessible et une toiture technique ? 

Elles sont répertoriées dans le tableau ci-après.

Pour les modalités de mise en œuvre, se reporter aux DTA (Documents techniques d'application) des isolants supports d'étanchéité ou pour pose inversée et des revêtements d'étanchéité.

03. DESTINATIONS MULTIPLES

Si les installations techniques nécessitant des interventions fréquentes sont circonscrites dans un zone de toiture, elle seule peut-elle être considérée comme technique, le reste étant traité comme inaccessible ? 

Il est tout à fait possible de définir sur une toiture inaccessible, une ou plusieurs zones techniques. Il faut toutefois définir des chemins d'accès à ces zones techniques. Les zones techniques et les cheminements doivent être clairement délimités. Le maître d'ouvrage spécifie si les chemins d'accès sont à considérer comme des zones techniques ou non. À défaut d'information dans les DPM, ils sont traités comme zones techniques.

À noter que si pour une toiture isolée, il est envisagé deux isolants de même nature mais de classe de compressibilité différente, l'un pour la zone inaccessible et l'autre pour la zone technique (voire pour les cheminements), les deux isolants n'ayant pas la même résistance thermique, la gestion des problèmes de hauteur ne sera pas toujours aisée. De même, les charges d'exploitation minimales étant différentes, il peut s'avérer difficile de faire cette différenciation, au stade du dimensionnement de l'élément porteur et de la structure porteuse sans risquer de compliquer les interventions sur chantier. Ce choix aura par ailleurs un impact sur la possibilité d'évolution de la toiture dans le temps telle qu'un déplacement ou un ajout d'installations techniques. La création dès la conception, d'un accès dédié à la zone technique, indépendant de la zone inaccessible, constitue une solution intéressante permettant de mieux gérer la cohabitation entre ces zones, d'accessibilité différente.

04. MISE EN SECURITE

Pour une toiture technique, faut-il prévoir une protection contre les chute différente de celle prévue pour une toiture inaccessible ? 

Règlementairement, aucune différence n'est faite par le législateur (voir FAQ « Prévention des chutes de hauteur - Quelles obligations pour le maître d'ouvrage ? ») qui privilégie la mise en place de protections collectives, soit clairement la mise en œuvre d'un garde-corps conforme à la norme NF E85-015.

Dans la pratique, sur une toiture inaccessible intervient surtout l'entreprise d'étanchéité pour les travaux d'entretien courant de la toiture. Les risques liés aux travaux en hauteur lui sont quotidiens. Si des garde-corps conformes à la norme NF E85-015 sont de préférence requis, ils le sont d'autant plus sur une toiture technique où sont installés tous types d'équipements et où les intervenants sont multiples et pas toujours formés et équipés pour les travaux en hauteurs : ascensoristes, électriciens, plombiers, chauffagistes, antennistes, etc.