Les membranes bitumineuses ne présentent pas de danger pour la santé. (c) Ignacio Haaser
Les membranes bitumineuses ne présentent pas de danger pour la santé.
Le terme « goudron de houille » est parfois utilisé à tort pour désigner les membranes bitumineuses. En effet, ces deux produits ne disposent pas des mêmes caractéristiques chimiques. Les membranes bitumineuses et les asphaltes utilisés en étanchéité, ne présentent pas de danger pour la santé contrairement au goudron de houille qui lui, est classé cancérogène. Il n’est plus mis en œuvre en étanchéité depuis les années 1980.

Les HAP, substances dangereuses

Les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) sont naturellement présents dans le charbon et le pétrole. Ils peuvent également provenir de la combustion incomplète de matières organiques (charbon, bois…). Ils sont très divers et leur identification se limite généralement au benzo(a)pyrène, molécule de référence qui se retrouve en proportion constante dans nombre de mélanges de HAP. Elle est classée comme cancérogène, mutagène et toxique pour la reproduction (CMR) (catégorie 1), dangereuse pour le milieu aquatique (catégorie 1) et persistante, bioaccumulable et toxique (PBT) par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Elle est également inscrite comme Substances of very high concern (SVHC) dans le règlement européen Reach avec des restrictions ne concernant néanmoins pas le bâtiment.

La dangerosité des HAP influe sur les modes de traitement des déchets en contenant. Ainsi, si leur teneur est supérieure à 1 000 mg/kg, ils doivent être stockés dans des installations spécifiques. En dessous de 50 mg/kg, ils peuvent être acheminés vers des centres de stockage de déchets inertes (ISDI) ou de déchets non dangereux.

Goudron et bitume : des différences notables

Le goudron provient de la pyrolyse du charbon en coke et de la distillation entre 800 et 1 100 °C du bois ou de la houille. Il a beaucoup été utilisé au début du 20e siècle notamment comme liant hydrocarbure dans les produits d’étanchéité. Il peut également être appelé brai de houille ou « enduit pâteux ». Il était commercialisé avec un format pâteux dans des seaux. Son caractère cancérogène, notamment en raison de sa forte concentration en HAP et son classement comme tel par le CIRC, a sonné la fin de son utilisation dans les années 1980. Depuis, il n’est plus mis en œuvre sur chantiers d’étanchéité.

Le bitume est, quant à lui, issu de la distillation du pétrole. Il affiche des qualités d’imperméabilité, de malléabilité et d’adhésivité particulièrement adaptées pour assurer l’étanchéité dont il constitue aujourd’hui le principal composant du liant bitumineux modifié par élastomère ou plastomère. Les membranes bitumineuses d’étanchéité sont conditionnées sous forme de rouleau. De faibles concentrations de HAP dans les fumées bitumineuses sont observées, uniquement lors des travaux de soudage. Celles-ci sont 1 000 à 10 000 fois inférieures aux concentrations dans les goudrons. Les études de l’INRS (1998) et de l’APST (2016) ont démontré que ces concentrations sont très basses et largement inférieures au seuil recommandé par la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) de 150 ng/m3*. Ces conclusions sont confirmées par la fiche toxicologique n° 91 de l’INRS qui rappelle bien que, pour ces raisons, goudron de houille et bitume ne doivent pas être confondus.

*Conditions de travail des étancheurs, 2016, OPPBTP, CSFE, APST

Dispositions pour la rénovation des toitures recouvertes de goudron

Une étude réalisée par la Chambre syndicale française de l’étanchéité (CSFE) auprès de ses adhérents en juillet 2024 révèle que les chantiers de déconstruction/rénovation de goudron de houille sont très rares. Ils ne représenteraient en effet que quelques chantiers annuels, principalement sur des toitures ou des voûtes béton de halles ferroviaires. Leur nombre ne devrait pas augmenter étant donné que ce matériau n’est plus utilisé depuis 45 ans.

Par conséquent, seuls quelques cas sont traités annuellement en respectant les Règles de l’art définies dans le tableau 2 de la norme NF DTU 43.5 « Réfection des ouvrages d’étanchéité des toitures-terrasses ou inclinés ». Pour des systèmes sous lestage, sont précisées les modalités de désolidarisation mécanique et chimique des goudrons. Dans ce tableau, la terminologie « enduits pâteux » est utilisée pour désigner le goudron.

Dispositions pour les cas très exceptionnels de déconstruction de toitures recouvertes de goudron

Deux cas de figure se présentent :

- Lorsque l’étanchéité à base de goudron de houille est adhérente au béton, elle devient difficilement séparable des matériaux inertes. La dépose éventuelle s’apparente alors à celle de l’amiante. La filière de traitement sera choisie en fonction du résultat des mesures de taux de HAP.

- Dans les cas où, à la pose, un écran entre le goudron de houille et la membrane bitumineuse a été mis en œuvre, empêchant ainsi les interactions entre les produits, leur séparation à la dépose est aisée. Les membranes bitumineuses sont donc non contaminées et facilement orientées vers la filière de gestion habituelle des déchets non dangereux.

Modalités de traitement des membranes d’étanchéité bitumineuses

Les déchets de membranes d’étanchéité bitumeuses sont traités comme des déchets « non dangereux » et acheminés vers des centres de stockage de déchets non dangereux. Dans le cadre de la REP PMCB, les membranes bitumineuses triées seront progressivement reprises sans frais sur l’ensemble du territoire national*.

* À ce jour, le service de reprise sur chantier et en entreprise est proposé par l’éco-organisme Valobat.