Afin de pallier l’absence de préconisations du NF DTU 43.4 sur ces types d’ouvrages, la CSFE et le FCBA ont rédigé des Recommandations professionnelles dédiées dans le cadre du programme Pacte. Elles sont consultables depuis le mois de mai dernier.

OBJECTIF
Répondre à une absence de référentiel
La Chambre syndicale française de l’étanchéité (CSFE) a rédigé, en collaboration avec l’Institut technologique Forêt Cellulose Bois-construction Ameublement (FCBA), de nouvelles Recommandations professionnelles. Publiées dans le cadre du programme Pacte, elles sont dédiées aux « toitures-terrasses accessibles aux piétons avec élément porteur en bois et panneaux à base de bois avec revêtement d’étanchéité ». Le document est disponible depuis le mois de mai et consultable sur le site internet du programme Pacte https://www.programmepacte.fr/catalogue.
« Le NF DTU 43.4, relatif aux toitures en éléments porteurs en bois et panneaux dérivés du bois avec revêtement d'étanchéité, ne vise pas ces configurations d’ouvrages, aujourd’hui de plus en plus fréquentes », explique Lise Boussert, déléguée technique de la CSFE. Les Recommandations professionnelles répondent donc à une absence de référentiel et permettent de considérer les solutions décrites comme relevant de techniques courantes et donc reconnues par les assureurs. « Elles devraient être intégrées au NF DTU 43.4 lors de sa prochaine révision. »
À noter que les terrasses étanchées accessibles aux piétons sont déjà visées dans des Documents techniques d’application (DTA) relatifs à des panneaux bois à usage structurel. Pour les travaux d’étanchéité de ces terrasses, les Recommandations professionnelles reprennent les dispositions techniques spécifiques définies dans ces DTA.

PRODUITS
Des matériaux maintenant visés
Les Recommandations professionnelles Pacte admettent l’ensemble des éléments porteurs décrits dans le NF DTU 43.4, avec pour le bois massif, une pose uniquement dite bouvetée (pas de pose jointive). Elles visent également les panneaux OSB et le lamibois (LVL), « car les retours d’expérience avec ces matériaux pour ce type d’usage ou en tant que planchers intermédiaires sont positifs », explique Lise Boussert. La surface de la terrasse accessible conçue selon ces Recommandations ne dépassera pas les 300 m².
Les membranes PVC-P et les membranes bitumineuses monocouches sont également acceptées, au même titre que les procédés bicouches bitumineux dès lors que leur DTA vise favorablement leur utilisation sur terrasses accessibles avec protection par dalles sur plots. Les complexes bitumineux peuvent être posés en indépendance, semi-indépendance ou en adhérence totale et les membranes PVC-P en indépendance. L’accessibilité de la terrasse sera rendue possible grâce à la mise en œuvre d’une protection par dalles sur plots ou platelage bois conformément, pour les premières, au NF DTU 43.1 et pour les seconds aux Règles professionnelles pour « la conception et la réalisation des toitures-terrasses et balcons étanchés avec protection par platelage en bois ».

GESTION DE L'HUMIDITE
Introduction d’une couche de protection de l’élément porteur
L’élément porteur en bois ou en panneaux à base de bois est sensible à l’humidité. Pour le protéger en cas de fuite d’eau accidentelle, les Recommandations professionnelles imposent l’intégration d’une couche de protection de cet élément porteur. Elle sera composée d’un revêtement bitumineux, monocouche ou bicouche, mis en œuvre en indépendance ou en adhérence totale. Cette couche de protection fait également office de pare-vapeur. Cette conception induit que ces toitures-terrasses sont obligatoirement isolées avec un isolant support d’étanchéité. Ce qui n’empêche pas de disposer une partie de l’isolant en sous-face de l’élément porteur, en respectant la règle des 2/3-1/3.

ALLOTISSEMENT DES TRAVAUX
Pose de l’élément porteur
Le chapitre 10 des Recommandations professionnelles décrit la répartition des lots. La pose de l’élément porteur notamment est attribuée selon qu’il participe au contreventement de la structure ou pas. Dans le premier cas, « la fourniture et la mise en œuvre des éléments porteurs en bois et panneaux à base de bois sont prévues au lot « charpente-ossature bois » », souligne le référentiel. Le charpentier devra alors prévoir la mise en place d’une protection temporaire jusqu’à l’intervention de l’étancheur qui posera la protection définitive de l’élément porteur. Dans le deuxième cas, elles reviennent au lot « étanchéité ».
De manière générale, il conviendra de bien s’assurer du respect du taux d’humidité des bois à la pose. Pour cela, les conditions de stockage sur chantier devront notamment être adaptées.

CALCUL
Dimensionnement des éléments porteurs
Deux cas à distinguer :
-l’élément porteur assure le contreventement, il faut alors se reporter au NF DTU 31.1 ou au NF DTU 31.2 ;
- l’élément porteur n’assure pas le contreventement : les Recommandations professionnelles définissent en annexe B, les hypothèses à prendre en compte pour les matériaux et la méthode de calcul permettant un dimensionnement aux Eurocodes.

Dans le cas où l’élément porteur ne participe pas au contreventement, les Recommandations professionnelles proposent des tableaux de cas précalculés pour son dimensionnement, donnant pour chaque type d’élément porteur, la portée maximale selon son épaisseur et selon la catégorie d’usage. Trois catégories d’usage sont identifiées :
- habitation, résidentiel-balcons privés ou collectif (catégorie A) ;
- lieux de réunion, espaces équipés de tables tels que par exemple les terrasses d’école, les cafés ou les restaurants (catégorie C1) ;
- commerces de détails courant tels que les terrasses d’accès aux magasins (catégorie D1).

Pour ces cas précalculés, il faut bien noter qu’en plus des hypothèses générales de l’annexe B, les considérations suivantes ont été prises en compte :
- distance maximale entre plots de 50 cm dans les deux directions et épaisseur d’isolant support d’étanchéité au moins égale à 8 cm. Ces dispositions permettent de considérer les charges réparties (permanentes, d’exploitation et climatiques) comme uniformément réparties au droit de l’élément porteur ;
- phénomènes d’accumulation de neige d’un coefficient de forme de 2,8 (domaine d’application visant l’ensemble des acrotères ainsi que les bâtiments accolés en surélévation avec toiture de pente inférieure à 15°) ;
- charge permanente du complexe d’étanchéité ne dépassant pas 180 daN/m².

DISPOSITIONS SPECIFIQUES
Points singuliers et EEP
Les reliefs sont solidaires de l’élément porteur, soit directement, soit par l’intermédiaire de la structure porteuse. Les costières sont en contreplaqué, en lamibois ou métalliques. Les exigences du NF DTU 43.1 pour les terrasses avec protection par dalles sur plots sont reprises pour la hauteur minimale des relevés ainsi que pour les seuils.

L’implantation des Évacuations d’eaux pluviales (EEP) est définie dans l’annexe E du NF DTU 43.3. Néanmoins, les Recommandations professionnelles ajoutent plusieurs spécifications et notamment que « chaque EEP, avec platine insérée dans le revêtement d’étanchéité bicouche bitumineux selon les dispositions du NF DTU 43.4, ou sous revêtement d’étanchéité monocouche selon les dispositions de son DTA, et raccordée à la Descente d’eaux pluviales (DEP), est doublée par une EEP non raccordée, avec platine insérée entre l’élément porteur et sa couche de protection » (voir schéma). L’évacuation des eaux pluviales est ainsi réalisée à deux niveaux.

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