Pour transformer des hôtels particuliers classés en centre commercial, leurs concepteurs ont créé trois extensions à l’architecture contemporaine. L’harmonie entre les époques est entre autres assurée par la couleur. Le doré domine, notamment en toiture, habillée d’une surcouverture en cassettes métalliques. Sa mise en œuvre a demandé une précision de tous les instants.

Le centre-ville de Dijon est classé au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2015. La cour Bareuzai, encadrée de deux hôtels particuliers des 16e (hôtel Godrans) et 18e siècle (hôtel Jacqueron), est située en son cœur, à deux pas du Palais des ducs de Bourgogne. Dans le cadre de son projet de dynamisation du centre historique, la mairie de la ville a souhaité convertir ces espaces de bureaux en activités commerciales à destination du grand public. La consultation a été remportée par le duo Fortuna Saint-Jean (promoteur) / Chapman Taylor (architecte). « Nous avons avant tout souhaité préserver la qualité patrimoniale des deux monuments historiques en conservant la totalité du bâti existant ponctuellement adapté pour les nouveaux usages », explique l’architecte Nicolas Guillot. Seule modification notable : un passage y a été creusé, créant ainsi une promenade entre la cour Bareuzai et la rue Godrans.

Pointes de diamant

Trois extensions complètent le projet. « Leurs façades sont entièrement vitrées afin de refléter celles des hôtels particuliers et créer un lien entre l’ancien et le contemporain. Côté couleur, nous avons privilégié le recours à une teinte chaude qui s’accorde avec les tons dominants de la ville, notamment la pierre de Bourgogne beige et les toits en tuiles vernissées vertes, jaunes et rouges. » Le choix s’est porté sur le doré, que l’on retrouve en reflets des parois vitrées, en sous-faces et en toitures. « Ces dernières sont visibles depuis de nombreux logements alentours. C’est pourquoi nous les avons traitées à la manière d’une cinquième façade. » Mises en œuvre sur une charpente métallique, elles présentent des reliefs en forme de pointes de diamant « pour rappeler les toitures traditionnelles à pans » et sont habillées d’une surtoiture en cassettes métalliques dorées.

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c) Stéphane Rouillard - Chapman Taylor architecte
L’effet miroir des parois vitrées reflète les bâtiments anciens et font le lien entre les époques.

Couvertines de grandes largeurs

La réalisation de ces ouvrages a été confiée l’agence Dijon Bourgogne de Soprema Entreprises. « Si la surface est plutôt restreinte (deux fois 250 m²), le travail d’ingénierie en amont et sur site a été très important », précise Arnaud Bouilloux, directeur de l’agence de l’entreprise d’étanchéité. Les compagnons ont en effet été soumis à plusieurs contraintes : la gestion des pentes, les raccordements avec l’existant et la mise en place des couvertines en pied de toiture. « Ces dernières jouent un rôle clé dans la conception de l’ensemble car elles en constituent son point de départ. De leur altimétrie découle le positionnement de toutes les cassettes formant la surtoiture. De plus, afin de permettre l’entretien des caniveaux en pied de pente, un vide suffisant devait être prévu pour permettre leur accès. Nous avons donc eu recours à des couvertines de grandes largeurs que nous avons posées en reprenant la pente imposée pour ne pas créer de rupture visuelle. » Leur positionnement a été défini au laser permettant ensuite de calepiner la surtoiture.

La mise en œuvre de celle-ci s’apparente aux pratiques d’intégration de panneaux photovoltaïques. « Nous avons préalablement réalisé le complexe d’étanchéité. Sur l’élément porteur en bacs acier, nous avons rapporté une isolation en deux lits avec une première épaisseur de 50 mm de perlite et une seconde de 100 mm de polyuréthane. » Ce choix de matériaux limite la hauteur du système pour permettre le raccordement et la continuité avec l’existant tout en garantissant une forte résistance thermique. L’étanchéité est assurée par un procédé bicouche bitumineux.

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c) Stéphane Rouillard - Chapman Taylor architecte
La couleur dorée se retrouve également en sous face des extensions.

Haut et bas de pente

Les cassettes métalliques y sont liaisonnées via un système de potelets équipés de pastilles soudées à l’étanchéité, évitant ainsi son percement. « En raison de la pente, cette solution n’a pu être utilisée qu’en partie courante. Afin d’éviter tout risque de déversement, les plots en tête et pied de toiture ont été réalisés par le charpentier créant ainsi des points d’ancrage à la charpente. Ils traversent donc l’étanchéité et ont été traités en relevés. » Ils soutiennent un réseau d’ossatures secondaires sur lesquelles viennent se coulisser les cassettes. « Chacune avait un emplacement bien précis car elles sont toutes différentes et ont été fabriquées sur mesure. »

Six mois de travaux ont été nécessaires pour mettre en œuvre ces ouvrages. Si les travaux ont été interrompus lors du premier confinement en raison de la crise sanitaire, la réouverture du chantier quelques semaines plus tard a permis de poursuivre l’intervention alors même que le public n’était pas autorisé à fréquenter le site. l

Cassettes perforées sur terrasse technique

Une terrasse en béton a également été créée. Elle accueille l’ensemble des équipements techniques nécessaires au fonctionnement du site, notamment son désenfumage. Elle bénéficie d’un système d’étanchéité composé d’un pare-vapeur, d’une isolation en polyuréthane de 130 mm d’épaisseur et d’une étanchéité bicouche bitumineuse. Pour dissimuler les machineries, les équipes de Soprema Entreprises ont également mis en œuvre une surtoiture en cassettes métalliques dorées pour conserver l’harmonie de l’ensemble. « Elle est rapportée sur une charpente métallique spécialement conçue à cet effet », décrit Arnaud Bouilloux, directeur de l’agence Dijon Bourgogne de l’entreprise d’étanchéité. Pas de système de plots ici mais des ossatures supports de cassettes directement liaisonnées à la charpente. « Cette terrasse devait impérativement être ventilée pour assurer le bon fonctionnement des équipements. Les cassettes sont donc ici perforées selon des calculs précis pour garantir une circulation de l’air suffisante. »

Sous-faces dorées

L’ensemble des sous-faces des nouveaux bâtiments a été habillé de parements dorés, de même teinte que les toitures. Elles ont été traitées avec des lames métalliques. En effet, le recours aux cassettes laissant des jours au niveau des joints aurait pu porter préjudice à l’esthétique de l’ensemble.

Les intervenants

Maître d’ouvrage : SCI Cour Bareuzai

Architecte : Chapman Taylor

Entreprise d’étanchéité : agence Dijon Bourgogne de Soprema Entreprises

Façonneur : Acodi

Les produits

Isolant perlite : Fesco

Isolant PU : Efigreen Acier

Membranes d’étanchéité : Soprema

Système de surtoiture : plots Soprasolar

Cassettes métalliques : Acodi

Lames : Acodi

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