Diplômé de l’école d’architecture de Paris-Belleville en 1989, Bruno Rollet fonde son agence Bruno Rollet architecte en 1991. Il a enseigné à l’école d’architecture de Paris-Tolbiac de 1996 à 1998 puis à l’école d’architecture de la ville et des territoires de Marne-la-Vallée de 1999 à 2000.
L'architecte Bruno Rollet est notamment le concepteur de l'immeuble le Candide à Vitry-sur-Seine et de son jardin partagé sur le toit ou encore d'une crèche dans le 19e arrondissement de Paris avec des cours de récréation en terrasse. Il explique à Étanchéité.Info pourquoi les toitures-terrasses tiennent une place importante dans son travail et par extension dans la ville.
ÉTANCHÉITÉ.INFO L'exploitation des toits plats est très présente dans votre travail. Pourquoi ce parti-pris ?
BRUNO ROLLET Les toits sont une priorité dans les projets de l'agence depuis 20 ans. Pour nous, ils représentent un nouveau sol sur lequel il est possible de développer des constructions, des annexes, des cabanons, des surélévations, des jardins… Mais nous n'avons rien inventé. Monter sur les toits-terrasses pour y pratiquer des activités très diverses se fait depuis des siècles.
É.I. Quand vous parlez de « nouveaux sols », cela sous-entend que la toiture-terrasse représente une solution à la densification urbaine.
B.R. Le toit prend en effet de plus en plus de place car il représente du foncier disponible qu'il faut savoir utiliser. Son rôle dans la densification des espaces urbains est évident. Mais sa valeur va au-delà, tant en termes économiques qu'écologiques, d'usage ou de lien social. En outre, il ne faut pas non plus sous-estimer les atouts d'une toiture inaccessible. En effet, même une végétalisation extensive simple à base de sedum présente des intérêts notamment pour les personnes habitant autour de l'ouvrage. Elles ont ainsi une vue sur un jardin plutôt que sur une dalle gravillonnée. L'exploitation d'un toit-terrasse peut prendre de multiples formes et chacune participe au dessin de la ville.
É. I. Certaines contraintes techniques restent à intégrer…
B. R. Les problématiques sont différentes en rénovation et dans le neuf. Il faut les comprendre et les adapter à chacun des projets. PLU, Bâtiments de France, réglementation incendie sont évidemment à prendre en compte selon les cas de figure. En rénovation, nous considérons également, par exemple, les capacités d'un ouvrage à recevoir des charges supplémentaires. Mais au final, il s'agit principalement d'une question de coût car installer un jardin en terrasse est évidemment plus onéreux que de réaliser une toiture technique. Tout dépend alors de la volonté des maîtres d'ouvrage et de leurs priorités.
É.I. Et sont-ils motivés ?
B.R. Ils connaissent notre intérêt pour les toits. Quand ils s'adressent à nous, ils sont conscients que nous allons leur proposer de valoriser la toiture de leur projet. Par exemple, nous travaillons actuellement sur un bâtiment de logements près de Bordeaux pour lequel le maître d'ouvrage nous a demandé de réitérer l'expérience réalisée sur l'immeuble le Candide à Vitry-sur-Seine (94), à savoir la création d'un jardin partagé en toiture-terrasse. Dans le 20e arrondissement de Paris, nous avons conçu un centre social sur la dalle Vitruve sur lequel la végétalisation des toitures prédomine. L'espace n'est pas accessible mais reste un lieu traité comme un jardin. Les préoccupations des maîtres d'ouvrage se focalisent surtout sur les contraintes post-livraison, notamment en termes d'exploitation et de maintenance, surtout en cas de toitures accessibles avec usage partagé.
É.I. C'est-à-dire ?
B.R. Le maître d'ouvrage doit prendre conscience que l'exploitation de ce toit ne fonctionnera que si certaines règles sont écrites et qu'une discipline est imposée. Le bien est commun et par conséquent se partage. L'entretien de ces lieux de vie est primordial. Ils doivent être vécus sans dégradation. C'est peut-être là l'aspect le plus compliqué à gérer. Il n'est pas propre aux toits-terrasses. Il existe aussi dans les jardins familiaux en pleine terre.
É.I. Avez-vous des retours en la matière sur les toitures à usage collectif que vous avez conçues ?
B.R. Le jardin partagé de l'immeuble le Candide de Vitry-sur-Seine est un succès. Non seulement les habitants s'y retrouvent pour jardiner mais le lieu est également devenu une forme de belvédère avec son point de vue sur la Seine et le Val-de-Marne. Prendre de la hauteur est peut-être même la première fonction que l'on peut attribuer aux toits plats.
É.I. Le toit joue ici également un rôle social…
B. R. Oui. De manière générale, les habitants des immeubles concernés ont tout à fait conscience que l'aménagement de leur toit est un vrai plus. C'est pourquoi nous souhaitons développer ces espaces dans les quartiers où les espaces extérieurs sont rares dans les logements. Ces derniers ne doivent pas être réservés à une catégorie de logements. C'est ce que nous avons fait à Vitry et nous le referons.