Mise en sécurité, accessibilité, limitation des apports de charge, localisation des issues de secours, isolation acoustique… Transformer un toit-terrasse en rooftop nécessite des adaptations qui peuvent freiner certains projets.

Bar, hôtel… Vu le succès grandissant des rooftop, les exploitants de ces lieux sont nombreux à vouloir aménager leur toiture-terrasse pour accueillir du public. Mais créer ce type de toiture-terrasse modifie son statut et lui impose le respect de nouvelles exigences réglementaires strictes car elle devient assimilable à un Etablissement recevant du public (ERP). Un ERP d’autant plus spécifique qu’il est à ciel ouvert et situé en hauteur. En revanche, du point de vue de la définition du complexe d’étanchéité, il n’y a pas de difficulté particulière. Les systèmes du marché sont performants pour ce type d’usage.

Trois grandes problématiques sont à respecter : garantir un niveau sonore raisonnable pour le voisinage, prévoir des issues de secours et des accès pompier suffisants par rapport au nombre de personnes potentiellement présentes et la sécurité des visiteurs, notamment en termes de prévention des chutes de hauteur. Des obligations que la maîtrise d’ouvrage anticipe dès la phase conception du bâtiment.

A Lyon, lors de la première visite d’évaluation des travaux de réhabilitation d’un entrepôt désaffecté de stockage de sucre en 2001, les équipes de maîtrise d’ouvrage et de maîtrise d’œuvre montent sur le toit-terrasse. « Nous avons été instantanément séduits par la vue à 360 ° », se rappelle William Vassal, architecte au sein de l’agence Z Architecture. Le manque de budget ne permet pas d’aller au bout du projet mais l’idée est née. « Nos premières ébauches comprenaient déjà un restaurant sur le toit. »

Dix ans plus tard, la deuxième tranche de transformation est lancée. La décision est prise : une terrasse pouvant accueillir 800 personnes et un club couvert seront mis en œuvre en toiture à 18 mètres du sol, et face à la Confluence. En dessous : un musée et des bureaux. « Cette typologie de lieu n’existait pas encore à Lyon. Pourtant, la ville se prête très bien à l’exploitation de la cinquième façade car elle dispose de nombreuses vues plongeantes. »

Gestion de la propagation du son

Baptisé le Sucre, l’établissement est constitué d’un bâtiment neuf en surélévation de l’ancien. Sa structure est métallique, désolidarisée du reste de l’ouvrage par des joints acoustiques spécifiques. La problématique de la diffusion du son doit à la fois être gérée à l’intérieur et à l’extérieur du bâtiment. « Nous avons effectué des études d’impact avant travaux afin d’évaluer les nuisances sonores potentielles pour les voisins », explique l’architecte. La sonorisation a été cantonnée à l’intérieur du club. Pour isoler le dernier étage, un épais complexe acoustique a été mis en œuvre en sous-face de son plancher haut, avec notamment une épaisseur de 40 cm d’isolant. En surface, le complexe d’étanchéité classique est protégé par une couche de gravillons. Un maillage de potelets béton émerge de l’étanchéité, sur lequel sont posées des poutrelles métalliques support d’un platelage en bois.

Garde-corps

La mise en sécurité de la terrasse a nécessité plus d’ajustements. L’accessibilité de l’établissement est autonome par rapport au reste du bâtiment. Des issues de secours spécifiques ont été créées, de même que des accès pompiers. Les garde-corps ont été surélevés de 30 cm par rapport à la hauteur minimum réglementaire et leur forme permet d’éloigner les clients de la périphérie.

Pour faire face à ces contraintes, les concepteurs de la terrasse du cinéma Etoile les Lilas ont fait le choix de limiter la surface de la zone ouverte au visiteur. En amont du projet, une étude de sureté et de sécurité publique a été réalisée afin de révéler les points les plus délicats à prendre en compte. La terrasse surplombant une place publique, il fallait particulièrement rendre impossible la chute d’objets. Résultat, sur les 800 m² disponibles, seuls 450 m² sont accessibles au public. « Nous avons ainsi eu l’espace nécessaire pour créer les issues de secours nécessaires pour se mettre en confirmité, avec la réglementation applicables aux ERP », souligne Sixtine De Poix, architecte en charge de l’agencement du lieu pour l’agence Namur. Pas question pour autant d’en faire une banale terrasse technique. Des bacs végétalisés aménagent la partie inaccessible. « Pour éviter de surcharger la structure, nous avons sélectionné un substrat relativement léger, permettant de ne pas dépasser les 500 kg/m². L’idée était de faire en sorte que l’espace inaccessible participe pleinement à l’ambiance de la terrasse ouverte au public. » Les jardinières sont toutes éclairées et sonorisées. Le complexe d’étanchéité, et notamment l’épaisseur de l’isolant a été conçu pour camoufler les systèmes d’alimentation électrique de ces installations. Mis en œuvre selon le principe de l’isolation inversée, il est composé d’une étanchéité bicouche bitumineuse et d’un isolant dont l’épaisseur varie entre 100 et 120 mm. Le calepinage de l’isolant a été défini en fonction du passage des fourreaux électriques. « Ces derniers ont été intégralement posés avant la mise en œuvre de la chape en béton protégeant le complexe. »

L’établissement a ouvert ses portes en octobre 2012. Depuis, il accueille, entre autres, les opérations spéciales et les soirées organisées en marge du cinéma.

Mise en oeuvre des procédés d'étanchéité : SIE. 

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