Les terrasses de la tour Alto côtoient les sommets

En lieu et place de la tour Saisons à la Défense, c’est un nouvel Immeuble de grande hauteur (IGH) qui est en cours de construction. Baptisé Tour Alto, il s’élèvera à 150 m d’altitude, avec une particularité de taille : si sa surface au sol est de 700 m², celle du 40e et dernier étage est, elle, de 1 500 m² ! Une forme évasée qui permet d’exploiter au maximum à la fois l’espace disponible et les possibilités offertes par le PLU.

Cette configuration a surtout joué sur la conception de la structure et des façades en écailles dont les trames se décalent de niveau en niveau. Elle n’a pas eu d’impact sur les travaux de l’équipe Smac en charge de la réalisation des procédés d’étanchéité des différentes terrasses de l’ouvrage. Pour elle, la problématique a surtout consisté à acheminer les matériaux aux 36e, 37e, 38e et 40e étages. « Nous avons utilisé la grue à tour déjà installée sur le site », explique Clément Jahan, ingénieur travaux. Un moyen de levage qui a permis de monter chaque chargement de matériels et matériaux en 20 secondes. « Nous avons majoritairement eu recours à un procédé mixte membrane bitumineuse + asphalte en raison de sa pérennité. En effet, la grande hauteur du bâtiment complique les interventions en cas de défaut d’étanchéité. » La majorité des complexes est donc composée d’un pare-vapeur, d’une épaisseur de 140 mm d’isolant en polyuréthane et d’un complexe mixte avec feuille  bitumineuse associée à une couche d’asphalte de 25 mm d’épaisseur. Différents revêtements et équipements ont ensuite été rapportés en fonction de la destination de la terrasse.

Nous retrouvons ainsi, de bas en haut :

- les terrasses des 36e et 37e niveaux (350 m²) : accessibles, elles offrent une vue panoramique sur Paris. Elles constituent l’exception en matière de complexe d’étanchéité. « Le procédé mixte est ici remplacé par un système bicouche bitumineux », précise Clément Jahan. Il est revêtu d’une protection lourde en dalles céramiques 60 X 60 cm sur plots. « Au moment de leur mise en œuvre, les Règles professionnelles dédiées de la CSFE n’étaient pas encore parues. Pour les faire accepter, nous avons eu recours à des dalles certifiées par le CSTB avec un classement Upec* adapté. » En outre, afin de limiter les défauts acoustiques que peuvent présenter les dalles céramiques, des cales en mousse ont été rapportées en tête des plots ;

- la terrasse du 38e étage (1 200 m²) : elle accueille non seulement les équipements techniques mais également une zone végétalisée et des plots destinés à soutenir la nacelle de nettoyage. « Le choix d’un complexe mixte membrane bitumineuse + asphalte était particulièrement adapté pour cette configuration. Avec un système bicouche classique, il aurait fallu fixer 300 plots à la dalle béton et réaliser autant de relevés et donc de points singuliers. Nous avons pu, ici, couler les massifs sur l’asphalte. Nous avions néanmoins deux contraintes à respecter : interposer un désolidarisant en polystyrène extrudé très compact entre le plot et l’asphalte et limiter les éléments de charpente de la nacelle pour qu’ils ne dépassent pas 90 kg. »

En partie courante, le complexe d’étanchéité est protégé par des dallettes en béton 50 X 50 cm posées sur une natte de protection (couche drainante formée d’un enchevêtrement de filaments polyamide insérée entre deux couches filtrantes en non-tissé). « Elle permet de drainer les eaux de pluie vers les systèmes d’évacuation par effet siphoïde, obligatoire à ces grandes hauteurs. »

Les 300 m² de toiture réservé à de la végétalisation en sedum « ont un rôle de rétention d’eau. Etant donné sa surface réduite, les concepteurs ont joué sur l’épaisseur de substrat pour en augmenter les capacités. » Ce sont ainsi 30 cm d’épaisseur de substrat qui ont  été rapportés sur la couche drainante et filtrante ;

- la terrasse du 40e étage : si le complexe d’étanchéité est identique à celui du 38e étage, la toiture est ici dédiée à la production d’énergie avec près de 300 m² de panneaux photovoltaïques. Pour les fixer, des plots en acier galvanisé ont été rapportés sur des plots en béton eux-mêmes directement liaisonnés à la dalle béton. « Le complexe d’étanchéité a été réalisé dans un deuxième temps. »

A l’heure où nous écrivons ces lignes, le chantier est en cours. Les terrasses les plus hautes et accessibles ont été achevées. Reste le parvis au pied de la tour. « Il bénéficie également d’une étanchéité en asphalte car il abrite le parking. »

* Le classement Upec des revêtements de sol est un classement fonctionnel d’usage de l’ensemble des revêtements de sol utilisés dans les ouvrages du bâtiment. Les quatre lettres désignent respectivement l’usure, le poinçonnement, la résistance à l'eau et aux agents chimiques.