Un immeuble HLM à Nantes accueillera sur son toit une serre couplée à une pompe à chaleur (PAC) qui produira l’eau du chauffage central et l’eau chaude sanitaire des habitations. La récupération de chaleur sera adaptée en fonction de prédictions de besoins en énergie du bâtiment et de la météo.

Et si l’effet de serre aidait à la transition énergétique ? À Nantes, le bureau d’études Ecotropy prévoit d’installer d’ici mars 2020 et pour la première fois en France, une serre de 400 m² sur le toit d’une résidence HLM existante, actuellement reliée au réseau de chaleur urbain. L’objectif : chauffer les 24 logements situés dans les étages inférieurs et moduler la récupération de chaleur en fonction des besoins énergétiques du bâtiment. Le projet, porté également par le bailleur social Nantes Métropole Habitat et l’Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux (Ifsttar), a été baptisé Symbiose pour marquer cette étroite union entre la serre et les habitations. Il est basé sur le principe même de l’effet de serre, à savoir le réchauffement de l’air de la serre par les rayons du soleil qui traversent la paroi translucide. Un système de récupération de chaleur, constitué d’une pompe à chaleur air/eau et d’un ballon de stockage d’eau, dont les études de dimensionnement sont en cours pour les deux équipements, puise les calories dans cet air réchauffé afin de chauffer l’eau utilisée ensuite pour le chauffage ou la préparation d’eau chaude sanitaire. S’il n’y a pas de stockage inter saisonnier, le système est doté d’une intelligence qui permet de maximiser la quantité d’énergie en fonction de la météo et des besoins du bâtiment.

Comme le solaire thermique, les légumes en plus

D’après Ecotropy, l’ensemble du système, soit serre + PAC, est capable de produire jusqu’à 250 kWh/m²/an de chaleur, ce qui permettrait de couvrir jusqu’à 80 % des besoins en eau chaude sanitaire, et 20 % des besoins de chauffage du bâtiment. « Cette capacité de production est comparable à celle d’une installation de panneaux solaires thermiques couvrant la même surface totale » affirme Alexandre Nassiopoulos. Bien évidemment, parce que le soleil aime jouer à cache-cache, en cas de mauvais ensoleillement ou de grand froid, le réseau de chaleur, toujours présent, prend le relais. Mais alors, pourquoi ne pas avoir tout simplement installé des panneaux solaires ? « Cette serre représente un double intérêt. Il y a d’abord le facteur social, explique Alexandre Nassiopoulos, puisqu’elle accueillera un potager et permettra aux habitants de se retrouver autour des plantations. L’autre aspect est plus architectural. Avec cette serre, la résidence se modernise visuellement et embellit le quartier. »

Selon les études réalisées sur un prototype à échelle 1 / 20è, le chantier ayant à peine débuté sur la résidence HLM en question, la serre, dont la moitié sera occupée par des installations techniques, pourrait permettre de réduire les factures de chauffage de 25 % et de réaliser 40 % d’économies sur la consommation d’eau chaude. La rentabilité devrait intervenir au bout de dix ans.