La Villa Cavroy de Robert Malley-Stevens (c) Pyc
La Villa Cavroy de Robert Malley-Stevens
Classés tardivement monuments historiques, les bâtiments du mouvement moderne ont été délaissés jusque dans les années 1980. Depuis, les mesures de sauvegarde sont lancées. La présence récurrente de toit plat implique les étancheurs dans la rénovation de ces ouvrages.

Il y a près d’un siècle, l’avant-garde du mouvement moderne fait de la toiture-terrasse le slogan d’une nouvelle architecture débarrassée des conventions du passé. De Tony Garnier à Le Corbusier en passant par Mallet-Stevens, les figures de ce courant architectural exploitent les possibilités techniques et formelles du toit plat dans des projets d’usines, d’immeubles collectifs, de maisons individuelles…

Patrimoine longtemps négligé, ses qualités artistiques et historiques n’ont été reconnues qu’à partir de la fin des années 1950 avec le classement au titre des Monuments historiques du théâtre des Champs Elysées d’Auguste Perret construit en 1913. En 1957, une première liste des édifices modernes est soumise à la commission supérieure des Monuments historiques mais elle ne concerne que Paris et le département de la Seine. « Il faut attendre 1963 pour que soit décidé de présenter une seconde liste des Monuments historiques édifiés de 1830 à nos jours, explique l’architecte en chef des monuments historiques Christiane Schmückle-Mollard*. Considérés comme des œuvres exceptionnelles, ils ne sont pourtant protégés le plus souvent que partiellement, avec inscription à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques de la façade uniquement. » Les conséquences sont importantes : de nombreux bâtiments ont été détruits, dégradés ou transformés. Par exemple, « dans les années 1980, des villas et immeubles des années 1900-1930 ont été démolis à Paris ou sur la Côte d’Azur en raison d’enjeux économiques puissants. Des œuvres exceptionnelles, comme la villa Cavroy à Croix de Robert Mallet-Stevens, ont vu leur environnement se transformer de manière tellement négative que la mesure de classement prise trop tardivement (1994) n’a pu mettre un terme à leur déchéance », rappelle l’architecte. Les défauts d’étanchéité des toitures-terrasses notamment sont sources de dommages.

Depuis les années 1980, l’intérêt du ministère de la culture pour ce patrimoine a évolué et l’intègre dans sa politique de protection et de conservation. Il représente aujourd’hui 2,5 % des 40 000 monuments classés en France et les opérations de rénovation se multiplient. L’intervention des étancheurs est souvent requise. Des chantiers aux contraintes particulières qui participent à la préservation du patrimoine architectural français.

*Source : article paru sur www.docomomo.fr (site dédié à la Documentation et la Conservation des édifices et sites du Mouvement Moderne)

Le maître d’ouvrage engage sa responsabilité

Un bâtiment est classé (arrêté ministériel ou décret du Conseil d’Etat) ou inscrit (arrêté du préfet de région ou du ministre chargé de la culture) au titre des Monuments historiques en raison de sa valeur patrimoniale, artistiques ou historique.

Le maître d’ouvrage est le propriétaire du bâtiment, qu’il soit privé ou public. Il est responsable du programme d’intervention, du choix de l’architecte et des entreprises et en assure le financement (il peut, pour cela, solliciter d’éventuelles aides de l’Etat et des collectivités).

Les conditions pour obtenir les autorisations de travaux sont fonction de la classification de l’ouvrage. Pour les édifices classés, le maître d’ouvrage transmettra son programme et le diagnostic de l’opération au préfet de région. Après approbation par ce dernier, l’autorisation définitive sera accordée après l’examen du dossier par le Service territorial de l’architecture et du patrimoine (STAP) et par la direction régionale des affaires culturelles (DRAC).

Les travaux sur les édifices inscrits feront, quant à eux, l’objet d’une demande de permis de construire déposée auprès du service instructeur, généralement de la commune concernée. Un contrôle scientifique et technique par les services du ministère de la culture sera également effectué. 

Le choix du maître d’œuvre est primordial. Le décret 2009-279 du 22 juin 2009 rappelle qu’il doit être compétent, c’est-à-dire soit être architecte en chef des monuments historiques, soit titulaire d’un diplôme de spécialisation et d’approfondissement en architecture mention « architecture et patrimoine » ou équivalent. Le maître d’ouvrage sollicitera l’accord du préfet de région.

La réalisation des travaux ainsi que leur réception seront vérifiées par le contrôle scientifique et technique des services de la DRAC.