Une bonne connaissance de l’ouvrage permettra de définir quel système viendra étancher la terrasse parking. Résistance aux charges, intensité de la circulation, état du support… seront déterminants.

L’étanchéité des toitures-terrasses accessibles aux véhicules peut être assurée par cinq types de procédés différents : tout asphalte, associant membrane bitumineuse et protection dure en dalle béton, mixtes membrane bitumineuse et asphalte ou membrane bitumineuse et enrobé et étanchéité liquide. Si le premier n’est pratiquement plus utilisé aujourd’hui, tous seront bientôt couverts par des référentiels techniques (voir article p. XX) et la plupart dispose déjà d’Avis techniques ou de cahiers des charges. Mais selon la configuration de la toiture-terrasse, quelle sera la solution d’étanchéité la plus adaptée ?

Les premiers critères à prendre en compte sont la destination du parking et son usage. Les véhicules qui circuleront seront-ils lourds ou légers* ? Cette circulation sera-t-elle courante comme sur un parking résidentiel ou intensive comme sur le parking d’un centre commercial ? Une isolation sera-t-elle nécessaire ? Ces éléments détermineront le choix du procédé, notamment la nature et l’épaisseur de la couche de roulement. Ainsi, par exemple, une dalle béton coulée en place sur une couche de désolidarisation ou une épaisseur supplémentaire d’asphalte ou d’enrobé finaliseront systématiquement les complexes destinés aux véhicules lourds.

AVANTAGES ET INCONVENIENTS

Le choix est plus large dès lors qu’il s’agit de parkings destinés aux véhicules légers. Le maître d’œuvre s’appuiera sur son expérience et les références en la matière de l’entreprise titulaire du lot. Les contraintes spécifiques à chaque projet feront ensuite pencher la balance en faveur de tel ou tel procédé. Les durées de mise en œuvre joueront en faveur des systèmes mixtes et des SEL, plus rapides à réaliser que les complexes décrits dans le NF DTU. Le poids sera également déterminant afin d’éviter les surcharges sur la structure, notamment en rénovation.  A titre comparatif, « un système d’étanchéité liquide pèse environ 10 kg/m², un complexe mixte asphalte 60 kg/m² et mixte enrobé 120 kg/m² », souligne Ismaïl Cavagnol, responsable matériaux bitumineux et génie civil pour l’entreprise Smac. Si les travaux concernent des niveaux inférieurs, il faudra prendre en compte l’accessibilité au site. Sur les éléments porteurs de type D  tels que décrits dans le NF DTU 20.12** et non complétés par une dalle collaborante, le choix d’un procédé avec enrobé ne sera pas adapté. Les engins de compactage du matériau induisent en effet des efforts potentiellement dommageables pour la structure. Il est également plus épais. Un SEL affiche une épaisseur de 2,5 mm, les procédés mixtes asphalte 25 mm et les complexes tout asphalte et mixte avec enrobé 40 mm minimum. En revanche, les systèmes résine coûtent plus cher.

GERER LA LOGISTIQUE

Techniquement, chaque mode de pose nécessite des équipements et des savoir-faire spécifiques. « La logistique autour de l’acheminement de l’asphalte est complexe car il doit être maintenu à une température de 180 °C et ce dès sa sortie de la centrale », précise Mamadou Barry, responsable du service travaux de l’entreprise d’étanchéité Chapelec. La mise en œuvre reste encore majoritairement manuelle à l’aide d’une palette à bois et d’un seau. Les SEL, quant à eux, demandent des conditions d’application strictes notamment en matière de support. Sa reconnaissance (vérification de la planéité, des fissures…), sa préparation (cohésion superficielle, porosité à la goutte d’eau…) sont obligatoires. « Les Règles professionnelles relatives aux « travaux d’étanchéité à l’eau pour l’application de systèmes d’étanchéité liquide sur les dalles parking » décrivent l’ensemble des points à valider », rappelle Marc Maliszewicz, président de Résipoly. Tout comme les différents contrôles à réaliser tout au long de la mise en œuvre (délais entre l’application de deux couches, épaisseurs…), ainsi que le traitement des points singuliers. La pose se fait manuellement sur les petites surfaces. Pour les plus grandes, « le recours à un pistolet permet de projeter jusqu’à 100 m autour de l’unité, explique Tony Sichanh, directeur commercial du service génie civil d’Etandex. Nous avons également développé un robot applicateur de résine. Le primaire et l’étanchéité sont mis en œuvre de manière homogène par bande de deux mètres de large avec un rendement pouvant atteindre 1 000 m² par jour. La couche de roulement et la finition sont, quant à elles, appliquées à la raclette car elles contiennent un mélange de résine et de grains (pour la résistance à l’abrasion) qui demandent de la technicité ». En effet, ces systèmes s’adaptent aux différentes configurations de l’ouvrage comme par exemple les circulations, les rampes, les cheminements piétonniers qui doivent offrir des coefficients de rugosité adaptés à la sécurité des usagers, qu’ils soient véhicules ou piétons.

Depuis quelques années, la pose mécanisée se développe aussi pour les systèmes mixtes. « De plus en plus, les toitures-terrasses parking se positionnement entre le bâtiment et le génie civil avec l’adoption de technologies empruntées aux travaux publics, en termes de machines mais également de membranes d’étanchéité », souligne Claire Racapé, directrice du développement chez Siplast. Avec là aussi, des rendements importants et un confort de pose amélioré.

*Sont considérés comme légers les véhicules de moins de 3,5 t et dont la charge par essieu est inférieure à 2 t. Les véhicules lourds ont un poids supérieur à 3,5 t et la charge par essieu est comprise entre 2 et 13 t.

**Les éléments porteurs de type D tels que définis dans le NF DTU 20.12 sont réalisés à partir d’éléments préfabriqués en bétonarmé ou précontraint posés jointifs et solidarisés par des clés continues en béton.

                                                                                                                                                 

Un revêtement esthétique                                                                                  

« Les architectes demandent de plus en plus à diversifier les couleurs de revêtement de leurs toitures-terrasses parking, que ce soit pour l’esthétique ou pour marquer une signalétique comme les zones de circulation pour les piétons », constate Jean-Louis Juge, spécialiste des parkings chez Résipoly. Les Systèmes d’étanchéité liquide (SEL) offrent une gamme de teintes diversifiée. Les systèmes asphalte proposent également des produits colorés mais le choix est encore limité.

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