La Fédération française du bâtiment (FFB) est inquiète pour ses entreprises. Plusieurs indicateurs la poussent au pessimisme.
La construction neuve en berne
Dans le logement
"En 2020, le nombre des mises en chantier est tombé à 351 000 logements, soit 10 000 de moins que la moyenne de long terme et un niveau équivalent à celui de l'entrée en crise du début des années 1990. Rapporté au nombre de ménages, c'est même au plus dur de cette crise qu'il faut se comparer ! " Et la tendance ne va pas en s'améliorant en ce début d'année 2021. En janvier dernier, le recul du nombre de délivrances de permis de construire a encore chuté de 9 points en glissement annuel sur trois mois.
Dans le non-résidentiel
-16 % de mises en chantier, -19 % de permis de construire délivrés... "Le choc s'avère encore plus violent pour le non-résidentiel neuf", alerte la FFB qui ne cache pas son pessimisme pour l'année 2021 qui "risque de se révéler la pire jamais observée depuis 1986 en termes de surfaces commencées".
L'emploi menacé
Si "seulement" 2 900 postes (soit 0,2 % uniquement dans l'intérim) ont été perdus en 2020, les mauvais chiffres de la construction neuve n'augurent rien de bon pour l'emploi dans le bâtiment. "100 000 emplois sont menacés à l'horizon 2022."
La hausse des coûts
Les prix des matériaux augmentent. Acier, cuivre, bois de construction, métaux non-ferreux... Cette hausse peut atteindre 30 % et s'ajoute, pour certains (polyuréthane, PVC...) à des difficultés d'approvisionnement. "Or, la plupart des marchés restent signés à prix ferme, non actualisable ni révisable et prévoient des pénalités de retard, constate la FFB. Ces chantiers risquent donc de se révéler systématiquement en perte."
L'amélioration-entretien va mieux mais ne suffira pas
Si à la fin de l'année 2020, le secteur connaissait encore une baisse de 2 %, "l'évolution de la rénovation énergétique ressort stable sur la même période". Les effets de "France relance" et de MaPrimeRénov' commencent à se faire sentir. "Évidemment bienvenus, ils ne suffiront pas à compenser la violente chute du neuf", ni à empêcher les pertes d'emploi. "Certains des métiers du gros œuvre peineront à trouver des passerelles vers ceux de la rénovation. La mise en œuvre de la RE2020 au 1er janvier 2022 risque de constituer pour eux une seconde lame de fond."
Les propositions de la FFB
La FFB a salué les "puissantes mesures de soutien public" débloquées pour le secteur. Elles ne seront néanmoins pas suffisantes et l'organisme a formulé plusieurs propositions pour poursuivre dans cette voie.
- Pour lever les blocages et accompagner les donneurs d'ordre, "la FFB en appelle aux collectivités locales, afin que la délivrance des permis s'accélère franchement. Elle réitère sa proposition de mettre en place un "permis déclaratif" pour toute opération réalisée sous permis d'aménager ou en zone d'aménagement concerté".
- Pour soutenir la demande, "le nouveau protocole d'engagement Action logement-Etat-USH en faveur du logement social s'avère de bon augure". Pour aller plus loin, notamment pour permettre une reprise de la primo-accession, l'organisme propose "la mise en place d'un crédit d'impôt sur les cinq premières annuités d'emprunts des primo-accédants."
- Pour ne pas entraver la réalisation des opérations, une solution pourrait être la mise en place rapide d'un accompagnement financier couvrant les surcoûts associés à la RE2020.
- Pour atténuer les effets des surcoûts liés aux matériaux, ils doivent être partagés, des industriels jusqu'au client final. Pour cela, la FFB "demande que soit réactivées pour quelques mois les ordonnances qui, au printemps 2020, avaient transitoirement gelé les pénalités de retard et que le gouvernement communique fortement en faveur de l'indexation des marchés".