"Le bâtiment a fait le job. L'activité s'est redressée, sans aide spécifique (autre que les reports de charge et le PGE) ni plan bâtiment précis. Certes le secteur déplore la perte de 39 000 intérimaires au premier semestre en glissement annuel mais aucun emploi permanent n'a été supprimé ". En ouvrant sa conférence de presse, Olivier Salleron, président de la FFB a tenu à rappeler les efforts réalisés par les entreprises du bâtiment pour relancer la machine. Une relance "quasi exponentielle" qui devrait permettre de limiter la baisse d'activités en volume à 15 % mais qui ne rattrape pas les chutes de marge. Résultat : "les trésoreries restent en berne."
La rénovation porte la relance
"Cette amélioration est uniquement due aux opérations d'amélioration-entretien et notamment depuis que les retards pris par MaPrimeRénov en raison du confinement et autres lenteurs au démarrage ont été résorbés. Depuis le mois de juin, les chantiers de rénovation ont enfin pu être lancés." L'ouverture "historique" du dispositif à l'ensemble des ménages, aux propriétaires bailleurs et aux copropriétés annoncée dans le plan de relance devrait accélérer encore le nombre d'opérations, tout comme le soutien aux bâtiments publics et les aides à la rénovation énergétique des bâtiments des PME, TPE et indépendants. "C'est une victoire pour nous. En effet, pour beaucoup, ces mesures sont directement inspirées de notre propre plan de relance présenté au mois de juin dernier. Seules manquent les résidences secondaires ", a tenu a rappelé Olivier Salleron. Si en plus, comme l'a annoncé la semaine dernière la ministre déléguée au logement, les travaux réalisés cet automne y sont également éligibles, les perspectives pourraient s'éclairer encore un peu plus, particulièrement au niveau de l'emploi en 2020. "Nous pourrions tendre vers une perte nulle", a avancé le président de la FFB.
Le neuf, grand absent
L'enthousiasme reste néanmoins plus que mesuré. Il reste en effet un gros point d'achoppement qui pourrait, à plus long terme, enrayer l"engrenage, d'autant qu'il coïncidera avec l'obligation de rembourser les charges aujourd'hui reportées et les PGE. Ce gros point d'achoppement, c'est le neuf. " La rénovation, ne représente que 50 % des activités du bâtiment, a souligné Olivier Salleron. L'autre moitié est consacrée à la construction neuve et là, le manque de propositions est criant. Les chiffres plongent et vont continuer à plonger en 2021 puis 2022 si on ne fait rien. " Et la FFB de rappeler ce qui, selon elle, pourrait améliorer la conjoncture :
- assouplir les préconisations du Haut conseil de stabilisation financière (HCSF) en revoyant les conditions de crédit en considérant "un reste à vivre" plutôt qu'un pourcentage de revenus et autoriser encore pendant deux ans les crédits d'une durée de 30 ans ;
- accélérer la délivrance des permis avec la mise en place du permis déclaratif, la dématérialisation des permis et la numérisation des services instructeurs. "Pendant le confinement, nous avons réalisé à quel point l'administration n'était pas prête sur ces sujets."
- Augmenter à 40 % du prix de la construction le PTZ, aujourd'hui limité à 20 %. "Les conditions d'emprunts pour les primo-accédants s'étant durcies, cette mesure permettrait aux primo-accédants de bénéficier d'un apport suffisant pour débloquer les crédits bancaires."
- Proroger le "Pinel" au-delà de 2021.
Olivier Salleron insiste : "Nous ne sommes pas sauvés ! Sans un coup de pouce en direction du neuf, nous ne serons pas capables de maintenir l'emploi de la sorte. Avec la mise en place de ces mesures, au contraire, nous pourrions embaucher en 2021 !" La FFB maintient d'ailleurs son objectif de recruter 150 000 talents, jeunes et adultes, d'ici 2023. Pour accompagner cet objectif, le 15 octobre prochain seront lancés les Etats généraux du bâtiment pour une durée de 7 mois. Une longue période de réflexion autour des questions de la numérisation, de la formation, de la jeunesse et plus largement, de l'évolution des métiers.
Covid-19 : intégrer les surcoûts au devis
Pour un chantier démarré avant la pandémie, l'acquisition des EPI sanitaires et la perte de rendement due à la mise en place des protocoles représentent un surcoût évalué aujourd'hui à 8 % du chiffre d'affaires du chantier. "Pour les nouvelles opérations, nous incitions les entreprises à les valoriser en les intégrant dans les appels d'offre et dans les devis", a insisté Olivier Salleron.