Pierre-Etienne Bindschedler, président du CSF IPC
Le Comité stratégique pour la filière industries pour la construction (CSF IPC) a présenté le 28 mai dernier son Livre blanc "Pour une filière de la rénovation globale et performante des bâtiments". L'objectif : proposer un changement de méthode pour permettre de remplir les 500 000 rénovations de logements par an inscrites dans la Stratégie nationale bas carbone (SNBC).

 
 

"Avec 50 000 logements rénovés chaque année, nous en sommes loin, rappelle Pierre-Etienne Bindschedler, président de CSF IPC. Et chaque année, nous prenons un peu plus de retard." Quand on regarde les chiffres de plus près, on réalise à quel point l'enjeu est crucial : "en 2019, le parc immobilier français a consommé 760 TWh, dont 600 TWh d'énergie fossiles et 160 TWh d'électricité. Rénover le parc au niveau BBC en 2050 (comme préconisé dans la SNBC) conduira à une économie d'énergie de 400 à 500 TWh, soit l'équivalent de 65 tranches nucléaires. Seule cette divison par trois des besoins du bâtiment nous permettra d'atteindre les objectifs de décarbonation."

Trois leviers

Comment aller plus vite ? Dans son Livre Blanc, le CSF IPC décrit "trois leviers d'innovation pour permettre de faire émerger une filière de la rénovation globale et performante." Le premier, c'est la garantie de performance, nécessaire pour déclencher le passage à l'acte du propriétaire. "Nous proposons d'assurer que les économies prévues seront effectives grâce à des mesures et le pilotage des consommations dans la durée, au commissionnement, c’est-à-dire, à un processus de management de la qualité, et à la mobilisation des assureurs."

Deuxième levier identifié : l'évolution des modes constructifs avec notamment la généralisation de l'usage du numérique en phase étude et de suivi de chantier, pour coordonner les acteurs en présence ou gérer le bâtiment rénové. "Cette évolution doit être conçue en associant les experts du financement pour notamment allonger la durée des prêts."

Dernier axe : la coordination des acteurs sur le territoire pour faire émerger des "champions de la rénovation globale et performante" dans les régions. Un programme d'expérimentation dans le Grand Est et en Occitanie sera mis en place pour permettre, grâce notamment aux collectivités et à l'émergence d'"une nouvelle culture de l'investissement public", de "favoriser les synergies entre les différentes typologies de bâtiment pour créer du volume et baisser les coûts."

"La création de la filière de la rénovation globale et performante ne sera rendue possible que grâce une évolution en profondeur de l'implication des assurances et des banques", conclut également l'ouvrage.

Le livre blanc peut être consulté ici.