<p></p>

Animé par le Pôle de compétitivité Fibres-Energivie, le GTQE avait publié en 2018 un livre blanc intitulé "Pas de neutralité carbone sans une isolation globale et performante des bâtiments". Un titre qui parle de lui-même qui méritait, cinq ans après, de faire le point sur les avancées réalisées et les pistes à explorer pour aller plus loin.

En France, rappelle le livre blanc les émissions du bâtiment représenteraient désormais 18 % des émissions territoriales. Une baisse notable donc depuis 2015 mais encore insuffisante. D'autant plus que " la situation internationale actuelle a mis en exergue les limites de nos modèles dépendant de l’énergie étrangère et amplifié la précarité énergétique. La hausse des prix de l’énergie couplée à une forte inflation, forcent les Européens à faire des choix pour chauffer leur logement, en particulier ceux qui ont recours aux énergies fossiles", rappelle Philippe Boussemart, membre du Groupe de travail.

Des mesures jusque-là insuffisantes

Les réponses proposées jusque là, telles que la loi Climat et Résilience et la Réglementation environnementale 2020, ont certes fait avancer les choses mais "les mesures adoptées demeurent insuffisantes pour endiguer la crise climatique, énergétique et sociale". En cause notamment, selon les auteurs du livre blanc : "86 % des travaux engagés ne concernent que de simples gestes de rénovation et ne sont pas encadrés par une méthodologie compatible avec la performance finale recherchée".

Rénovation globale et performances réelles

La promotion de la rénovation globale est donc toujours d'actualité pour le GTQE. Tout comme la réduction du décalage entre performances théoriques et réelles. David Corgier, lui aussi membre du Groupe de travail explique : "Durant ces derniers mois, nous avons mené des études afin de mesurer les éventuelles divergences entre les performances énergétiques simulées lors des phases de conception et les performances réelles. Cet exercice a mis en lumière des écarts importants entre les performances estimées en amont par la simulation et les résultats réels en exploitation. Ceci est notamment observé pour les besoins de chauffage de logements collectifs qui peuvent être jusqu’à deux fois plus mauvais que celles obtenues lors des simulations ! " Il milite en faveur d'une "rupture avec les pratiques actuelles. Cette nécessaire mutation des métiers peut être accélérée grâce à l’usage de solutions numériques pour mutualiser les outils et les ressources, en neuf comme en rénovation." Le GTQE milite ainsi activement pour introduire une garantie de résultats grâce au commissionnement se traduisant par une vérification systématique et complète de la performance thermique de la réalisation (enveloppe et équipements).

La gestion clé des ponts thermiques

Une attention particulière sera portée au traitement des ponts thermiques : "Malgré la mobilisation de nombreux acteurs du secteur, la nouvelle réglementation souffre d’une stagnation des niveaux d’exigences sur les ponts thermiques. Elle permet, par exemple, de continuer à construire des bâtiments isolés par l’extérieur en négligeant de traiter la plus grosse déperdition énergétique qui est celle au droit des balcons/loggias et acrotères", souligne Raphaël Kieffer, membre du Groupe de travail qui ajoute : "Les membres du Groupe de travail confirment prôner un cadre de référence incitant à faire encore plus que la RE2020". Un enjeu pour la performance du bâti mais également pour la qualité de l'air intérieur. En effet, une mauvaise gestion des ponts thermiques peut créer une température de surface inférieure au point de rosée de l’air et produire de l’humidité, engendrant le développement de moisissures.

Axes de réflexion

Le Livre blanc propose plusieurs pistes pour répondre aux objectifs européens de neutralité carbone d'ici 2050. Il recommande :

- d'"adopter un plan choc d’éradication définitive des passoires thermiques avant 2034" par l'arrêt du saupoudrage des aides ou encore la mise en place de zones expérimentales prioritaires (ZEP) pour valider la performance énergétique et économique.

- de créer une Prime travaux combinés (PTC) instaurant les étapes et l’ordre à respecter pour atteindre le niveau de performance BBC en résidentiel privé (individuel ou, collectif). Progressive au fil des travaux et proportionnelle en fonction des revenus des ménages, elle intégrerait par exemple la mise en œuvre des travaux en 3 à 4 étapes sur une durée maximale de 10 ans

- de mettre en œuvre un plan de développement et de formation d’une filière « Rénovation Énergétique Performante » associant industriels, applicateurs, opérateurs de formation, collectivités et l’État garantissant la qualité des travaux et la performance des ouvrages.

- de rendre la construction neuve compatible avec la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) en renforçant les exigences de l’indicateur Bbio de 10 % à chaque étape de la RE2020 (2025, 2028 et 2031) pour éviter une stagnation de la performance des bâtiments neufs, en améliorant le traitement des ponts thermiques et en faire un objectif de résultat : abaisser le psi de 0,6W/ml-°K à 0,4 W/ml-°K sans attendre, en faisant évoluer les méthodes de calcul théorique…