Le moustique-tigre est apparu en 2004 en France métropolitaine. Depuis, il ne cesse de proliférer un peu partout, en milieux urbains notamment. Il est désormais considéré comme un enjeu de santé publique. Les toitures-terrasses sont pointées du doigt car l’eau, en stagnant en surface, devient alors gîte larvaire. La Chambre syndicale française de l’étanchéité (CSFE) s’organise pour étudier cette problématique et proposer des solutions.

Développement du moustique-tigre en toiture-terrasse : quelles solutions ?

 

 

Qu’est-ce que le moustique-tigre ?

 

Le moustique-tigre, de son nom scientifique « Aedes albopictus » est un moustique noir originaire d’Asie du Sud. Anthropophile opportuniste, le moustique tigre aime se nourrir sur l’homme. Il est aujourd’hui implanté dans plus de cent pays sur les cinq continents. Cette expansion lui vaut d’être classé parmi les espèces les plus invasives au monde grâce à son adaptabilité aux régions ayant des hivers froids. Vecteur de maladies telles que le virus de la dengue, du chikungunya et du zika, sa prolifération devient dès lors un enjeu de santé publique, entraînant les pouvoirs publics à renforcer sa surveillance.

 

Comment se reproduit et se développe-t-il ?

 

Le moustique-tigre se développe généralement en milieu urbain dans des gîtes larvaires pouvant être aussi petits qu’un bouchon de bouteille. Le cycle de vie du moustique comprend une phase aquatique avec quatre stades d’évolution de la larve avant la phase aérienne. La femelle du moustique tigre, qui se nourrit de sang pour la production d’œufs, en pond entre 40 et 80 par ponte sur des surfaces solides à quelques millimètres des gîtes.

Les œufs des moustiques tigres sont très résistants et peuvent survivre plusieurs mois en l’absence d’eau. Cette résistance à la sécheresse fait partie des raisons qui leur permettent de « voyager » et de coloniser plus rapidement des terres.

 

Qu’est ce qui favorise la prolifération du moustique-tigre dans les milieux urbains ?

 

Leur développement en milieux urbains s’explique par la présence de zones de rétention d’eau : coffrets techniques, terrasses avec dalles sur plots… Les systèmes de récupération de l’eau de pluie (gouttières, descentes d’eau pluviale, avaloirs, …) sont aussi pointés comme responsables en raison de leur obstruction possible par des déchets verts et de la qualité de l’eau qu’il draine.

 

Quelle est l’approche des pouvoirs publics ?

 

Depuis son arrivée en France métropolitaine en 2004, le moustique tigre n’a cessé de se répandre. Chaque année, le gouvernement actualise l’arrêté du 26 août 2008 listant les départements où il constitue une menace pour la santé de la population. Aujourd’hui, il est actif dans presque tous les départements métropolitains ainsi que les départements ultramarins (51 depuis 2019). Au fil des années, les préfets ont pris des arrêtés préfectoraux sur cette problématique.

La note d’information n° DGS/VSS1/2019/50 du 28 février 2019 de la Direction générale de la santé propose aux préfets et agences régionales de santé une rédaction type d’arrêté préfectoral. Ces arrêtés mentionnent que les maîtres d’ouvrage, les maîtres d’œuvre, les entrepreneurs du BTP doivent prendre, pour la conception des ouvrages, la conduite et la finition des chantiers, toutes les mesures pour éviter la création de gîtes larvaires et de les supprimer le cas échéant. Cette mention est retrouvée dans 30 arrêtés départementaux pris en 2019.

 

En quoi la prolifération du moustique tigre impacte la filière étanchéité ?

 

Pour la filière étanchéité, sont concernées les toitures-terrasses à pentes nulles en particulier celles avec protection par dalles sur plots ainsi que les entrées d’eaux pluviales (EEP).

Les entreprises d’étanchéité sont donc de plus en plus confrontées à des maîtres d’ouvrage qui s’inquiètent des dangers potentiels de la prolifération des moustiques tigres sur leur bâtiment. Le mode constructif choisi par le maître d’ouvrage et la solution d’étanchéité retenue avec l’entreprise de travaux devront permettre de limiter la création de gîtes larvaires.

Un groupe de travail dédié à ce sujet a été créé au sein de la CSFE avec pour mission de lister les situations à risque et d’y proposer des solutions adaptées.

 

Des solutions existent déjà ?

 

Quelques solutions sont déjà envisageables. On peut citer, entre autres :

- les protections lourdes par gravillons ;

- les isolants pentés ;

- les toitures-terrasses végétalisées ;

- les systèmes de plaques à structure en nid d’abeille associés à la protection d’étanchéité.

Le groupe de travail souhaite vérifier par une étude spécifique dans un laboratoire spécialisé l’efficacité de la protection par gravillons contre le développement des gîtes larvaires. Cette solution fera l’objet d’un essai sur plusieurs épaisseurs de recouvrement. L’objectif : connaître l’épaisseur minimale nécessaire pour prévenir la création de gîtes larvaires. Cette étude sera complétée par d’autres situations à risques (rétention d’eau au niveau des évacuations d’eaux pluviales, …)

À leur issue, la CSFE produira un « Guide de bonnes pratiques pour la prévention contre la création de gîtes larvaires » à l’attention des maîtres d’ouvrage et des maîtres d’œuvre.