© Sertec La piscine a bénéficié du même procédé avec double étanchéité liquide.
Les travaux de rénovation du seul palace de la Rive gauche parisienne auront pris quatre ans. Confiés à l’architecte Jean-Michel Wilmotte et ses collaborateurs, ils ont redonné à l’hôtel Lutetia son faste Art déco (voir encadré). « Pour retrouver l’âme magnétique du lieu, nous avons travaillé sur une nouvelle circulation en repensant complètement les espaces du rez-de-chaussée. Le nombre des chambres a également été réduit de 233 à 184 afin de créer 47 suites dont 7 suites Signature pour répondre aux critères contemporains de l’hôtellerie de luxe », explique l’agence d’architecture.
Les travaux d’étanchéité ont concerné l’ensemble des salles de bain ainsi que l’espace spa-piscine. Le marbre y est omniprésent, que ce soit sur les murs, le sol ou même la baignoire de 750 kg, taillée dans un seul bloc. Comme souvent en intérieur, le choix du complexe s’est logiquement tourné vers un système d’étanchéité liquide dont la mise en œuvre a été confiée à l’entreprise Sertec, spécialisée dans ces solutions. « Le propriétaire des lieux a tout de suite exigé une double étanchéité, à laquelle nous avons également dû intégrer la gestion de la problématique acoustique. Nous n’avions encore jamais été confrontés à cette configuration, d’autant plus que nous n’avions pas de référentiel sur lequel nous baser », explique Patrick Juille, dirigeant de l’entreprise d’étanchéité. En effet, les Règles professionnelles relatives aux « travaux d’étanchéité à l’eau réalisés par application de Systèmes d’étanchéité liquide sur planchers intermédiaires et parois verticales et locaux intérieurs humides » ne visent pas ce type de conception, « tout comme elles excluent l’intégration au complexe d’une isolation phonique», ajoute le dirigeant. En effet, elles mentionnent que le SEL doit être appliqué soit directement sur l’élément porteur, soit sur une chape adhérente à cet élément porteur. Or, l’ajout d’une isolation phonique suppose son recouvrement par une chape béton flottante.
1. Le marbre est omniprésent dans les salles de bain ainsi que dansles espaces spa et piscine.
2. Le SEL a également été appliqué sur toute la hauteur des murs des douches.
3. Des raccordements d’étanchéité ont été réalisés entre la partie courante et la baignoire.
PROCEDE INNOVANT
L’entreprise d’étanchéité a donc réfléchi, avec le fabricant du système, à la définition d’une solution prenant en compte l’ensemble de ces contraintes et validée par le contrôleur technique. « Sur la dalle brute des salles de bain, nous avons appliqué, en deux couches, un premier SEL sur la surface courante ainsi que sur toute la hauteur des murs de la baignoire et de la douche », décrit Patrick Juille. Cette opération permet d’assurer ainsi l’étanchéité de l’ouvrage avant l’installation de la baignoire en marbre. « Vu son poids, nous avons protégé le complexe, au niveau de son emprise au sol, avec un enduit auto-lissant. ». Un caisson visitable permettant le contrôle de la bonne étanchéité des bondes a également été conçu.
Deuxième étape : la mise en œuvre d’une sous couche acoustique de 3,2 mm d’épaisseur composée d’une nappe de fibres de verre surfacée d’un liant bitumineux et d’un film plastique sur laquelle a ensuite été coulée la chape flottante de faible épaisseur. Cette dernière est donc, par définition, désolidarisée du support notamment en périphérie. En tant que support du deuxième SEL, cette dalle pouvait porter préjudice à l’intégrité de l’étanchéité en provoquant des fissures. « Nous avons donc réalisé un pontage souple sur toute la périphérie pour assurer la fiabilité de la résine liquide formant la deuxième étanchéité. » Avant la pose du revêtement en marbre, des relevés ont été réalisés notamment sur le marbre de la baignoire afin d’éviter la pénétration de l’eau entre les deux étanchéités. Sans oublier les autres multiples points singuliers tels que les portes à galandage, les caniveaux en inox ou le passage des câbles pour l’éclairage dans la douche.
En tout, 2 600 m² de chape flottante et d’isolation phonique ont ainsi été réalisés. Une surface multipliée par deux pour l’étanchéité en raison de l’application des deux SEL. Deux ans et demi de travaux, entre avril 2016 et novembre 2018, ont été nécessaires aux équipes de Sertec.
Le Lutetia : plus d’un siècle d’histoire
L’hôtel Lutetia a été construit en 1910, sous l’impulsion de la famille Boucicaut, propriétaire du Bon Marché situé… juste en face. L’objectif était notamment de permettre aux clients et fournisseurs du grand magasin de se loger. Conçu par les architectes Henri Tauzin et Louis-Hippolyte Boileau, l’ouvrage se veut résolument moderne tant du point de vue des matériaux utilisés (acier, béton, verre) qu’esthétiquement avec sa façade ondulante, ses balcons et ses fenêtres et balustres ornés d’anges et de grappes de raisin. « L’Art nouveau est la clé de voûte de ce bâtiment, explique l’architecte chargé de sa rénovation Jean-Michel Wilmotte. Il est également précurseur de l’Art déco. » Son nom, il le doit bien évidemment à l’appellation romaine de Paris, dont il adopte également la devise.
Rapidement, l’établissement devient le lieu de rendez-vous incontournable des personnalités de la littérature, de l’art, de la politique, de la musique. Il sera marqué par la seconde guerre mondiale en raison de sa réquisition par l’armée allemande. À la fin du conflit, il accueillera les déportés et leurs familles. Il retrouve son faste et sa renommée dès le début des années 1950 qui ne tariront plus depuis.
Les intervenants
Maître d'ouvrage : Alrov
Architecte : Wilmotte & Associés
Maître d'oeuvre : SFICA
Entreprise d'étanchéité : Sertec
Les produits
Etanchéité liquide : Trilatex et Kemperol 2K-Pur (Kemper System)
Isolant phonique : Assour Chape + (Siplast)
