Les anciens Magasins généraux sont reconvertis en immeubles de bureaux largement ouverts sur l'extérieur par un jeu de terrasses et de coursives.
La ZAC du Port de Pantin (93) est en pleine reconversion. Pilotée par la Société d'économie mixte d'aménagement de Pantin (SEMIP) pour la communauté d'agglomération Est Ensemble, la réhabilitation de ce site, qui s'étend du sud du canal de l'Ourcq jusqu'au nord de l'avenue Jean Olive sur 6,5 ha, est prévue pour s'achever en 2020. Au programme : 600 nouveaux logements, un nouveau groupe scolaire, un port de plaisance et des activités nautiques, des espaces publics (parcs et jardins, voies piétonnes, etc.), des commerces variés… Au cœur du projet également, la transformation des bâtiments des anciens Magasins généraux de la Chambre de commerce et d'industrie de Paris (CCIP) en immeubles de bureaux. Cette opération a été confiée à l'agence d'architecture Jung Architectures qui présente l'ouvrage comme « une figure totémique qui devient la figure de proue d'un nouveau quartier, capable de lancer une réelle dynamique urbaine le long du canal ».
DU STOCKAGE AU STREET ART
Construits en 1931, ils avaient alors pour fonction de stocker les marchandises arrivées par bateaux grâce à l'ouverture de la voie d'eau aux grands chalands. Deux entrepôts à la structure poteaux-poutres en béton s'élevant sur six niveaux le composent. Ils sont reliés entre eux par des passerelles métalliques. L'activité bat son plein jusque dans les années 1960. Les bouleversements au sein de l'industrie agroalimentaire finissent par sonner le glas du site qui fermera ses portes en 2000. Les entrepôts sont alors investis par les amateurs de street art qui en feront, dès 2004, leur terrain de jeu. À l'intérieur comme à l'extérieur, les graffitis habillent les murs et offrent au lieu une nouvelle notoriété.
Pour sa reconversion, Frédéric Jung a choisi de conserver la structure des bâtiments, tout comme ses coursives et ses passerelles : « l'ensemble présente une architecture fonctionnelle impressionnante, extrêmement typée, mi-industrielle, mi-balnéaire, qui constitue le premier cadre conceptuel de l'intervention. Nous avons appuyé notre travail sur le maintien et la restauration de l'enveloppe existante. La pérennisation de la brutalité poétique des façades est le premier élément de la proposition architecturale. Ses qualités architectoniques, sa matérialité, son rythme des vides et pleins sont conservés ».
OUVERTURE SUR L'EXTÉRIEUR
Le rez-de-chaussée et le R+1 abritent commerces et restaurants tandis que les cinq niveaux supérieurs sont dédiés aux espaces de bureaux, occupés par l'agence de publicité et de communication BETC. Ils sont organisés autour de patios aménagés et plantés au deuxième étage. Au cinquième, « nous avons mis à nu le niveau pour y installer dans son épaisseur une terrasse jardin. Nous avons ainsi introduit le végétal dans cet environnement très minéral, pour le confort des collaborateurs en leur offrant des espaces extérieurs, mais aussi des espaces de travail différents. Ce parti pris nous permet également de répondre aux problématiques de rétention d'eau et de biodiversité, précise l'architecte . Nous avons prolongé cette démarche jusqu'aux toitures-terrasses qui combinent une zone végétalisée et une partie accessible, complétées par une surface gravillonnée dédiée aux équipements techniques. » Enfin, les coursives originelles ont été transformées en espaces extérieurs accessibles.
Environ 6 000 m² ont ainsi été étanchés, « parking et parvis compris », explique Michel Lamarque, chargé d'opérations chez SNA, en charge du lot. Ces deux ouvrages de respectivement 2 500 et 220 m² ont bénéficié d'un traitement spécifique en raison de leur accessibilité aux véhicules. « Le support en béton a préalablement été préparé à l'aide d'un vernis avant la pose d'une première membrane d'étanchéité bitumineuse. Une épaisseur de 25 mm d'asphalte a été rapportée dessus », poursuit le chargé d'opérations. Afin de conserver la planéité entre le parking et les pieds de façade des deux bâtiments, des dalles minérales sur plots ont été positionnées en périphérie après ajout d'une couche drainante. « Le plain-pied est assuré et les relevés sont dissimulés . » L'ensemble des terrasses intégrées au bâti a bénéficié d'un complexe d'étanchéité quasi identique.
Sur le support en béton a, tout d'abord, été rapporté un pare-vapeur avant la pose d'un isolant de 120 mm d'épaisseur en polyuréthane. L'étanchéité bicouche bitumineuse y a ensuite été posée en indépendance. Cette dernière est traitée anti-racine en cas de végétalisation (1 300 m²), elle-même composée de 8 cm de substrat et de tapis de sedum précultivés. Lorsque les terrasses sont accessibles (1 600 m²), la protection de l'étanchéité est un platelage bois rapporté sur des lambourdes fixées sur plots. Le niveau des chemins de circulation a été réglé pour être dans la continuité du jardin et ses 80 cm de terre. Le choix des plantes a été inspiré par la configuration de l'environnement du site. D'un côté, on retrouve le coteau avec ses arbustes et ses graminées et, de l'autre, la vue s'ouvre sur le canal. « L'espace dispose ainsi de plusieurs niveaux de lecture et peut répondre à l'imaginaire de chacun », explique Caroline Foïs, architecte paysagiste.
Six mois de travaux auront été nécessaires pour réaliser l'ensemble des travaux d'étanchéité. Les 750 salariés de BETC ont intégré leurs nouveaux locaux fin juin.
Les intervenants
Maître d'ouvrage : Nexity Immobilier d'entreprises
Maître d'œuvre : Jung Architectures
Entreprise d'étanchéité : SNA
Les produits
Étanchéité : Complexe asphalte : Duophalt (SNA)
Complexe sous végétalisation : Preflex + Graviflex (Siplast-Icopal)
Essence bois platelage : Padouk
Végétalisation : ID Végétal Le Prieuré
Isolant : Knauf Thane (Knauf)