Face aux difficultés, notamment financières, des bailleurs sociaux pour construire de nouveaux logements, les acteurs du secteur ont alerté la semaine dernière le gouvernement.

"Nous avons besoin d'un retour de la puissance publique dans la politique du logement, nous ne voulons pas choisir entre production nouvelle et rénovations", a assuré Emmanuelle Cosse, présidente de l'Union sociale pour l'habitat (USH à Nancy lors d'une "journée du logement social".

En 2023, un peu plus de 70 000 logements sociaux ont été créés et loués, soit 20 000 de moins qu'en 2015, tandis que le nombre de ménages en attente d'un logement ne cesse de croître. D'après l'USH, ils seraient 6 % de plus chaque année depuis 2021. Le seuil de 3 millions pourrait être dépassé l'année prochaine.

Pour Christophe Bellégo, directeur des études de l'USH, "les moyens financiers des organismes baissent, notamment à cause de toutes les augmentations de coûts de production et des ponctions mises en place sur le secteur". Sans oublier la hausse du taux d'intérêt des emprunts des bailleurs sociaux à partir de 2022 qui complique encore plus le lancement de nouveaux projets. Entre inflation et hausse des taux d'intérêt, la part des subventions publiques est passée de 14 % en 2000 à 7 % en 2023.

La crainte d'un désengagement se fait sentir : pour le moment, en 2026, aucun financement n'est prévu pour le fonds national d'aides à la pierre (Fnap), principal outil de pilotage de la création de logements sociaux. En outre, d'après l'association des intercommunalités de France "le gouvernement a choisi de rendre un avis défavorable sur la résolution portant à 700 millions d'euros le financement de la rénovation et de la construction de logements sociaux pour 2026", évoqué par le groupe de travail dédié à la question.

Les organismes appellent donc aux discussions avec les pouvoirs publics notamment, comme le souhaite l'USH, pour défendre le Fnap et "définir les montants des subventions, le nombre de logements à construire dont des PLAI avec ces subventions, au-delà du débat sur le budget 2026".

En attendant, un arrêté a été publié la semaine dernière a inscrit dans le budget 2025 une baisse de 200 millions d'euros sur les ponctions de "réduction de loyer de solidarité" (RLS). La nouvelle baisse en août du taux du livret A prévue en août et sur lequel leurs taux d'intérêt d'emprunt sont indexés pourrait également leur donner un peu d'air.