La chute du gouvernement et, avec elle, l'abandon du projet de loi de finances risque de plonger le secteur dans une crise jamais vue depuis les années 1950. Déjà estimée à -15,6 % dans le neuf pour 2024, elle se poursuivrait fortement en 2025 avec - 14,6 % en fin d'année prochaine si rien n'est fait.

"Plus aucune amélioration en vue". L'heure est grave pour le bâtiment. Le neuf dévisse encore, dans le résidentiel comme dans le non résidentiel, et les activités d'amélioration-entretien n’arrivent pas à dépasser le 1 % de croissance en raison de la réforme ratée de MaPrimeRénov en début d'année. "Au global, la production bâtiment abandonne 6,6 % en 2024 et la FFB prévoit à ce jour un nouveau recul de 5,6 % en 2025", a déploré Olivier Salleron, président de la FFB, ce mardi 17 novembre en conférence de presse.

Les conséquences sur l'emploi apparaissent moins fortes que prévues. "Les entreprises du bâtiment maintiennent leur masse salariale même si c'est parfois au détriment de leur productivité." Mais la baisse contenue à -30 000 postes cette année ne devrait pas durer dans les conditions actuelles. "La FFB ne peut que reporter mécaniquement l'effondrement de l'emploi sur l'année prochaine. Elle anticipe donc la disparition de 100 000 postes si rien ne change."

Loi fiscale en urgence

Une lueur d'espoir existe cependant suite au courrier adressé au premier ministre par les députés Éric Coquerel, président de la commission des Finances et Charles de Courson, rapporteur général du budget proposant de débattre d'une loi fiscale en urgence dès le 13 janvier prochain. La réouverture de Prêt à taux zéro, demandée depuis des mois par les professionnels du bâtiment, pourrait y être intégrée et sauver les meubles, en tout cas en partie.

"Nous retournons au combat", a déclaré Olivier Salleron, rappelant également les principales mesures qui, selon la FFB, pourraient améliorer une conjoncture jamais vu depuis 1953-1954 :

- la réouverture du Prêt à taux zéro (PTZ) à tous les territoires et tous les types de logements (individuel et collectif) ;

- l’exonération pour un an des droits de succession/donation jusqu’à 100 000 euros au moins pour l’acquisition d’une résidence principale en neuf, tout en engageant un travail sur le statut du bailleur privé ;

- la baisse de la Réduction de loyer de solidarité (RLS) et le dégel de l’enveloppe d’aides à la rénovation énergétique du parc social.

- en complément, la FFB demande que soit sanctuarisé le budget de MaPrimeRénov’ au niveau d’aujourd’hui, soit 4,2 milliards d’euros.