En conférence de presse ce mercredi 13 septembre, Olivier Salleron, président de la FFB, n'a pas mâché ses mots pour rappeler à quel point la situation devenait compliquée pour le secteur du bâtiment. En cause particulièrement, la chute des permis de construire et des mises en chantier dans le neuf*. Résultat, l'organisme revoit ses projections à la baisse et prévoit un repli de 0,2 % de l'activité en 2023.

"Si rien n’est fait dans le PLF 2024 pour enrayer la chute, chacun sait ce qu’il adviendra en 2024 et 2025, a alerté le président de la FFB, rappelant les effets de cette tendance fortement baissière dans les années 1990. D’autant que la situation à l’amont de la filière reste très mauvaise, les ventes s’effondrant d’environ 35 % entre les premiers semestres 2022 et 2023, dans l’individuel diffus comme dans la promotion immobilière " et que le non-résidentiel déçoit. Seule l'amélioration-entretien résiste encore avec une croissance de 2,4 % de chiffres d'affaires (2,3 % pour les rénovations énergétiques).

Cette tendance défavorable impacte évidemment l'emploi salarié et le taux de défaillances d'entreprises. "L’emploi salarié commence à se replier, de -1 800 postes précisément, alors que l’emploi intérimaire affiche 1 000 postes ETP de plus. L’emploi global s’infléchit donc et semble s’accompagner d’un basculement vers l’intérim, sans doute du fait d’une prudence accrue des entrepreneurs face à des perspectives qui s’assombrissent."

Le pessimisme s'installe… "En synthèse et pour mémoire, à l’horizon 2025, si rien n’est fait, donc si l’on laisse la crise du neuf s’enclencher, l’activité bâtiment reculera d’environ 8 % hors effet prix, soit 14 milliards d’euros en moins. S’ensuivra une réelle montée des défaillances et une chute de l’emploi, avec près de 150 000 destructions de postes, salariés et intérimaires ETP confondus."

Pour sauver la filière, le projet de loi de finances 2024 sera déterminant selon la FFB, qui a rappelé les mesures qui, selon elle, pourraient inverser la tendance : le redéploiement du PTZ à 40 % sur tout le territoire et la revalorisation de ses barèmes, qui datent de 2016, le retour au Pinel de 2022 dans l’attente de la mise en place du statut du bailleur privé ainsi que, plus généralement, "tout ce qui peut permettre le retour des grands investisseurs ou des foncières sur le marché du logement".

Le seul point de satisfaction pour la fédération touche la rénovation. Il s'agit de l’annonce du quasi-doublement de MaPrimeRénov’ qui ne compense pourtant pas d'autres sujets d'inquiétude sur ce segment : "la suppression du taux TVA à 10 %, pour basculer tous les travaux non énergétiques, soit les deux-tiers de l’amélioration-entretien du logement, à 20 %, constituerait un choc très favorable au retour du travail non déclaré."

 

*respectivement -30 % et -15 % en glissement annuel sur sept mois à la fin juillet 2023).