Etanchéité.Info Le guide de préconisations de sécurité sanitaire pour la continuité des activités de la construction a enfin été publié. Que peut-on en dire à ce jour ?
Philippe Meslage Il constitue la condition sine qua non à la reprise des chantiers et donc à l’activité des entreprises. Nous l’attendions donc avec impatience et fondions quelques espoirs dessus. Si nous approuvons totalement les mesures de prévention qu’il impose ou recommande, nous prévoyons déjà qu’il sera compliqué à appliquer sur le terrain.
E.I. C’est-à-dire ?
P.M. Les préconisations sont très contraignantes et à ce jour, parfois difficile à suivre. Prenons l’exemple des masques. Leur port est obligatoire si une distance d’au moins un mètre entre chaque intervenant ne peut être garantie. Autant dire que, dans les métiers du bâtiment, c’est pratiquement mission impossible, particulièrement dans les cas où il y a une forte coactivité. De plus, les entreprises qui en disposaient les ont donnés au corps médical dont les besoins sont urgentissimes. Elles n’en ont donc plus et on n’en trouve nulle part. Même chose pour le gel hydroalcoolique. Quant à la mise en place d’un point d’eau sur chantier pour permettre le lavage des mains, elle dépend de la configuration du site. Résultat, les redémarrages vont prendre du temps, ne serait-ce que parce que l’approvisionnement en masques n’est pas prévu avant la mi-avril.
« Ce guide est également une protection des entreprises face aux donneurs d’ordres peu regardants. »
E.I. La mise en place de ces pratiques revient pour beaucoup à la maîtrise d’ouvrage …
P.M. En effet, notamment en ce qui concerne les chantiers impliquant de la coactivité. Les exigences pour les maîtres d’ouvrage sont très nombreuses mais parce que la situation l’impose. Elles seront donc d’autant plus longues à mettre en place. Avec le risque qu’elles retardent encore un peu plus le redémarrage, même si ces projets sont souvent déjà structurés avec des coordonnateurs SPS, des CHSCT… Il se peut même que, dans certains cas, cela refroidisse l’idée d’une reprise en plein cœur de la crise, notamment s’il n’y a pas d’impératif stricte de planning.
De leur côté, les entreprises devront se plier à ces règles. L’une des obligations est notamment de désigner un référent Covid-19 qui aura été formé. Comment ? Pour l’instant, nous n’avons pas de réponse claire. Surtout elles auront le droit de refuser de reprendre si elles estiment que les mesures ne sont pas assez strictes et que la sécurité des compagnons n’est pas garantie. En ce sens, ce guide est également une protection des entreprises face aux donneurs d’ordres peu regardants.
E.I. Sur les petits chantiers d’étanchéité, cela ne va-t-il quand même pas être plus simple ?
P.M. Si effectivement. Sur les chantiers de rénovation de quelques dizaines ou centaines de mètre carrés, les intervenants travaillent généralement par deux ou par trois. Si la maîtrise d’ouvrage garantit qu’ils ne seront pas à proximité de quiconque et qu’ils pourront se laver les mains par exemple, les travaux pourront se dérouler en sécurité.
Un aspect reste difficile à résoudre : le transport. Comment être à deux et à moins d’un mètre l’un de l’autre dans une camionnette ? En zone urbaine, le recours aux transports en commun n’est pas souhaitable car ils exposent fortement. En zone moins dense, l’utilisation des véhicules personnels est une contrainte supplémentaire.
E.I. Quels conseils allez-vous transmettre à vos adhérents ?
P.M. Le premier sera évidemment de garantir avant tout la sécurité de leurs équipes. Si les conditions telles que décrites dans le guide sont réunies, une reprise du chantier peut être envisagée. Ces décisions se feront au cas par cas et relèvent de la responsabilité du chef d'entreprise. Nous restons évidemment à leur écoute.
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