
L’énergie issue du photovoltaïque est-elle vraiment plus chère que l’énergie issue du nucléaire ?
Le coût d'un réacteur nucléaire type Evolutionary Power Reactor (EPR) est de 100 €/MWh. Dans le cadre des appels d’offres solaires, sur 310 dossiers lauréats, classés par rapport au prix demandé par le candidat et au bilan carbone, le coût moyen d'une installation se monte à 98,5 €/MWh pour les petites installations de 100 à 500 kWc et à 88,4 €/MWh pour les installations de 500 kWc à 8 MWc.
De plus, la compétitivité de l'énergie solaire photovoltaïque se renforce à chaque appel d'offres.
Les panneaux photovoltaïques que nous utilisons en France sont-ils tous chinois ?
David Callegari, cofondateur et directeur général d’In Sun We Trust, précise que « la Chine a fait très tôt le choix du solaire et est en avance en matière de technique de production. Elle dispose d’un vrai savoir-faire. En 2019, selon le classement annuel de référence du secteur (PV Evolution Labs (PVEL) et DNV GL), 9 des 15 meilleures marques de fabrication de panneaux en termes de qualité sont chinoises. D’ailleurs beaucoup de marques européennes renommées utilisent aujourd’hui des cellules photovoltaïques de fabrication chinoise dans l’assemblage de leurs propres panneaux solaires ».
En effet, si les cellules sont souvent fabriquées en Chine, « les systèmes de fixation sont souvent des procédés développés par des entreprises françaises et les entreprises d’installation viendront le plus souvent du département où se situe le chantier , explique Nicolas Randria, délégué général du Groupement des métiers du photovoltaïque de la Fédération française du bâtiment. D’ailleurs, la filière photovoltaïque française a créé un label de qualité AQPV (Alliance Qualité Photovoltaïque) qui permet de certifier l’origine des panneaux et de délivrer un « Made in France ». Les panneaux photovoltaïques ont donc moins d’éléments construits en Asie que les téléphones portables, les jouets ou les téléviseurs.
La fabrication des panneaux photovoltaïques est-elle aussi peu écologique que le veut la rumeur ?
La mauvaise réputation du mode de fabrication des panneaux photovoltaïques est alimentée par deux idées reçues. La première, c’est qu’il nécessite le recours à des « terres rares » (voir encadré). Or « en chimie, le groupe des terres rares est constitué de 17 éléments bien définis. Aucun d’eux n’entre dans la liste des ingrédients permettant la fabrication des panneaux photovoltaïques cristallins, qui représentent 94 % des panneaux solaires vendus dans le monde », explique David Callegari.
Pour Nicolas Randria aussi, « c'est largement exagéré. On parle de quelques milligrammes d'argent, de bore ou de phosphore par centaine de kilos de panneaux. Ces éléments sont utilisés pour doper le silicium ou améliorer sa conductivité, Or, ce ne sont pas des terres rares. Peut-être que certaines de ces ressources seront un jour en tension, mais nous en sommes loin. Le silicium est après tout le deuxième élément le plus abondant de la croute terrestre après l'oxygène. Et il y a chaque mois de nouvelles découvertes scientifiques dans le domaine du photovoltaïque qui réduisent la quantité de silicium nécessaire. »
L’autre préjugé affirme que la fabrication des cellules photovoltaïques consomme plus d'énergie que les cellules en produisent. C’est vrai jusqu’à un certain point. Certes, la fabrication des cellules photovoltaïques est consommatrice d’énergie. Pour mieux l’analyser, les fabricants mettent en place des études d’analyse de cycle de vie qui permettent d’évaluer les impacts environnementaux des panneaux depuis leur fabrication jusqu’à leur démantèlement. Mais ces études montrent aussi que le temps de retour énergétique d’un panneau photovoltaïque (production compensant la consommation nécessaire pour sa fabrication) s’échelonne entre 2 et 4 ans en fonction des lieux de fabrication de ses éléments.
Qu’en est-il de leur durée de vie et de leurs capacités de recyclage ?
Là encore, les a priori sont nombreux. « L’étude que nous avons fait réaliser en octobre dernier sur « les Français et l’énergie solaire photovoltaïque » a montré que 50 % de nos compatriotes étaient persuadés que la durée de vie des panneaux photovoltaïques ne dépasse pas 10 ans. C’est faux. En moyenne, les panneaux solaires sont garantis 25 ans mais leur durée de vie effective dépasse largement leur durée de garantie. Aujourd’hui, on estime que les panneaux solaires ont une durée de vie minimum de 35 ans. Cependant, la productivité d'un panneau diminue en effet avec les années. Mais c'est assez retreint puisqu'une étude de l'association Hespul montre qu'après 20 ans de fonctionnement, le rendement d'une installation diminue de 8,2 % », insiste David Gallegari.
Quant à la fin de vie, il faut rappeler que les panneaux photovoltaïques sont recyclables à 95 %. « Ils sont en effet composés de verre et d’aluminium, des matérieux que l’on sait parfaitement recycler », souligne le directeur général d’In Sun We Trust. « À l'intérieur, on retrouve un film plastique en EVA qui peut être transformé en granules pour être refondu ou brûlé pour générer de l'électricité », ajoute Nicolas Randria. Restent les cellules en silicium et les conducteurs électriques qui peuvent être en aluminium, en argent ou en cuivre. Ces éléments sont séparés mécaniquement et chimiquement avant d'être fondus, puis réutilisés.
Il est également nécessaire de rappeler que la filière française est structurée et financée (PV CYCLE, voir encadré) et que le pays dispose de la première ligne en Europe de recyclage de panneaux photovoltaïques en fin de vie.
Le photovoltaïque ne fonctionne-t-il que dans les régions ensoleillées comme le sud de la France ?
« S'il est vrai qu'une installation solaire produira plus dans le midi que dans les Hauts-de-France (1200 à 1600 kWh par kWc par an contre 800 à 1100 kWh par kWc par an), elle sera rentable dans les deux cas », rappelle David Gallegari. A une condition néanmoins : que les panneaux soient bien orientés, c’est-à-dire, dans l’idéal vers le sud (doublée d'une inclinaison de 30 degrés) et dans tous les cas, jamais vers le nord.
A noter qu’ « avec l’autoconsommation, l’objectif n’est plus de produire un maximum mais de trouver une concordance entre production et consommation », précise Nicolas Randria.
Est-il vrai que les pompiers refusent d’intervenir sur les bâtiments équipés de panneaux photovoltaïques ?
Encore une idée reçue qu’il convient de combattre. « Les pompiers savent intervenir sur les bâtiments équipés d'installations photovoltaïques et sont formés à cet exercice » précise Nicolas Randria. Un guide ADEME de 2013 précise entre autres les bonnes pratiques en intervention. Plusieurs Serviced départementaux d'incendie et de secours (SDIS) diffusent également leurs propres procédures, en s’appuyant sur ce guide.
Quelles sont aujourd'hui les mesures visant à développer le marché de l'énergie solaire photovoltaïque?
Ces mesures sont tout d'abord des évolutions réglementaires. Elles sont nombreuses et émanent toutes de la loi de Transition énergétique pour la croissance verte d’août 2015 :
a. Loi biodiversité 2016-1087 du 8 août 2016 qui prévoit que tout permis de construire d’une surface de vente d’articles de détail de plus de 1000 m², déposé depuis le 1er mars 2017 intègre sur tout ou partie de la toiture, une source de production d’énergie renouvelable ou de la végétalisation (article 86);
b. Loi énergie et climat n° 2019-1147 du 8 novembre 2019 qui apporte des précisions complémentaires quant aux locaux concernés par la loi biodiversité (les entrepôts ou hangars faisant l'objet d'une exploitation commerciale sont concernés) ou le minimum de surface traitée, fixé à 30 % de la toiture (article 47);
c. E+ C- et la future réglementation environnementale : elle est encore en construction mais elle valorisera l’électricité autoconsommée.
Viennent ensuite les appels d’offres de production d’électricité solaire sur grandes toitures permettant de rémunérer l’injection au réseau de l’électricité produite par des grandes centrales solaires sur bâtiment lancés par l'Etat et instruits par la CRE (Commission de régulation de l’énergie).
Au final, ces mesures portent leurs fruits. Associées à une appétence de la société civile dans son ensemble à préserver l'environnement, elles conduisent à un développement du marché du solaire photovoltaïque en construction neuve.
Quels sont les bénéfices qu'un maître d'ouvrage peut retirer d'une installation photovoltaïque en toiture?
Ils sont divers:
– une baisse des charges électriques (produire localement un kWh est plus compétitif sur 20 ans que celui acheté à un fournisseur tiers) ;
- rendre « actif « et « rentable » un équipement passif (garde-corps, ombrière, brise-soleil)
– la création d’un complément de revenu (vente de l’électricité produite au réseau via un tarif d’achat sur 20 ans) ;
– une baisse de l’empreinte carbone : la production électrique via le solaire est peu carbonée, « malgré ce qu’indiquent les calculs actuels réalisés dans le cadre de la préparation de la RE 2020. Ils n’intègrent pas les bonnes données de départ », insiste Nicolas Randria ;
– une participation au confort d’été : la présence des panneaux solaires fait de l’ombre sur la toiture, limitant son échauffement en période de chaleur. Elle permet également de participer à la lutte contre les îlots de chaleur urbains.
Les terres rares, qu’est-ce que c’est ?
Les terres rares sont des matières minérales aux propriétés exceptionnelles utilisées dans la fabrication de produits de haute technologie. Elles regroupent 17 métaux : le scandium, l'yttrium, et les quinze lanthanides (lanthane, cérium, praséodyme, néodyme, prométhium, samarium, europium, gadolinium, terbium, dysprosium, holmium, erbium, thulium, ytterbium et lutécium). Contrairement à leur nom, ces métaux ne sont pas si rares; certains, comme le cérium, sont aussi répandus dans l'écorce terrestre que d'autres métaux plus usuels comme le cuivre.
L’organisation PV Cycle
PC Cycle est une organisation à but non lucratif qui propose des services de gestion des déchets collectifs et adaptés ainsi que des services de conformité réglementaire aux entreprises et aux détenteurs de déchets dans le monde entier.
Fondée en 2007 par et pour le secteur de l’énergie photovoltaïque, elle offre aujourd’hui une vaste gamme de produits en rapport avec les déchets. En France, cette organisation est agréée par les pouvoirs publics pour la collecte et le traitement des panneaux solaires photovoltaïques usagés. Pour les détenteurs de tels panneaux, quelle que soit la technologie, la marque ou l’année de mise sur le marché, la collecte s'effectue sans frais.
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