Dans l’EcoQuartier Smartseille, le groupe Eiffage teste plusieurs solutions constructives notamment en toiture pour développer les usages partagés et la convivialité au sein du quartier : les terrasses proposent des parties accessibles et d'autres végétalisées. (c) Eiffage
Dans l’EcoQuartier Smartseille, le groupe Eiffage teste plusieurs solutions constructives notamment en toiture pour développer les usages partagés et la convivialité au sein du quartier : les terrasses proposent des parties accessibles et d'autres végétalisées.
La diversité d'exploitation des toits-terrasses est aujourd'hui un atout reconnu de ces ouvrages. Chacune d'elle n’est possible que si la technique évolue au même rythme. Passage en revue des solutions disponibles et des référentiels auxquels elles sont soumises.

Si la toiture-terrasse est capable d’accueillir panneaux photovoltaïques, potager urbain ou cour d’école, de retenir les eaux de pluie ou encore de participer à la préservation de la biodiversité, c’est aussi parce que les procédés techniques existent et fonctionnent. Normes, Règles professionnelles, Avis techniques… Les documents de référence couvrent une grande partie des usages dévolus aux toitures-terrasses. Côté produits mis en œuvre, les industriels ont développé différents systèmes permettant de privilégier tel ou tel usage et les entreprises des savoir-faire pour en assurer la pose. 

Les panneaux photovoltaïques : systèmes intégrés au bâti ou surimposés

Les procédés photovoltaïques pour toiture-terrasse se répartissent au sein de deux grandes familles : les systèmes intégrés au bâti ou surimposés. Les premiers sont constitutifs de la toiture et assurent la fonction d’étanchéité, contrairement aux seconds qui sont des ouvrages rapportés. Les systèmes surimposés sans percement de l’étanchéité sont les plus récents. Ils sont fixés sur une ossature métallique liaisonnée à l’étanchéité par des plots ou des bandes de pontage. La plupart sont sous Avis techniques ou ATEx. Sinon, ils peuvent être lestés, lorsque l’élément porteur est en béton et qu’il admet une forte surcharge.

Les référentiels

- En tant que terrasses inaccessibles, ces ouvrages relèvent, selon la nature de leur élément porteur, des NF DTU 43.1 (béton), 43.3 (tôles d’acier nervurées) et 43.4 (bois et panneaux à base de bois) en travaux neufs ;

- « Recommandations professionnelles pour la mise en œuvre de procédé d’étanchéité photovoltaïque avec modules souples » publié par Chambre syndicale française de l’étanchéité (CSFE) en juin 2009 ;

- Recommandations professionnelles sur « la mise en œuvre traditionnelle de capteurs solaires rapportés sur revêtement d’étanchéité en toiture-terrasse » publié par la CSFE en février 2011 ;

- Guide des systèmes photovoltaïques en toiture-terrasse, publié en 2015 par le GMPV-FFB.

La végétalisation : des systèmes maîtrisés

Les procédés de végétalisation sont désormais éprouvés. Toiture extensive, semi-intensive, intensive (jardin)… Toutes les épaisseurs de substrat sont concernées, les isolants thermiques et les revêtements d’étanchéité devant correspondre à l’usage. Ils peuvent également être associés à des systèmes de rétention de l’eau pour en améliorer encore les performances, à des chemins de circulation permettant d’accéder aux équipements… Afin d’encadrer des modes de mise en œuvre pratiqués de plus en plus couramment, les organisations professionnelles concernées* ont mis à jour en 2018 les Règles professionnelles sur la conception et la réalisation des toitures-terrasses végétalisées. En 2018, l’Adivet a également publié les premières Recommandations techniques de l’agriculture en toiture. Les toitures jardins sont, quant à elles, soumises au NF DTU 43.1.

* la Chambre syndicale française de l’étanchéité (CSFE), l’Association française des toitures et façades végétales (Adivet) et l’Enveloppe métallique du bâtiment (EMB, organisation professionnelle des fabricants de panneaux, profils et systèmes). Cinq autres organisations issues du monde du végétal et du bâtiment ont eu l’occasion d’apporter leurs contributions.

La gestion des eaux pluviales : capter l’eau au plus près de son point de chute

La gestion des eaux pluviales relève de la responsabilité des communes, avec chacune leurs particularités. Depuis la loi sur l’eau de 1992, elles doivent délimiter les zones où des mesures doivent être prises pour maîtriser l'imperméabilisation et les écoulements ainsi que pour assurer, en tant que de besoin, le traitement des eaux pluviales. Parmi ces mesures, le toit-terrasse propose plusieurs solutions :

- la protection gravillonnée (système de retenue temporaire avec systèmes d’évacuation à débit contrôlé);

- la toiture-terrasse végétalisée. « Plus l’épaisseur de substrat est importante, plus la toiture sera efficace en la matière », explique David Ramier, expert en hydrologie au sein du Cerema Île-de-France ;

- les réserves d’eau, sous la forme de bacs et/ou de nattes. Elles permettent notamment une réutilisation de l’eau collectée au plus près de son point de chute, soit pour un usage domestique, soit par les plantes lorsqu’elles sont associées à une toiture végétalisée.

Les référentiels

- En tant que terrasses inaccessibles, ces ouvrages relèvent, selon la nature de leur élément porteur, des NF DTU 43.1 (béton), 43.3 (tôles d’acier nervurées) et 43.4 (bois et panneaux à base de bois) en travaux neufs ;

- Règles professionnelles sur la conception et la réalisation des toitures-terrasses végétalisées ;

- Avis techniques des procédés.

Les îlots de chaleur urbains : réflectivité et émissivité ou absorption

Les îlots de chaleurs urbains correspondent à une élévation locale de la température de l’air et des surfaces (moyennes et extrêmes) en secteur urbain par rapport à la périphérie rurale. En cause : l’accumulation de l’énergie solaire dans les surfaces imperméables telles que les matériaux des bâtiments, des routes et des trottoirs. Ces surfaces s’échauffent et stockent l'énergie qu'elles ne peuvent pas dissiper. Par effet d’inertie, cette chaleur est restituée et limite alors le rafraîchissement nocturne de l’atmosphère. La mise en œuvre de différents procédés permet d’en réduire l’impact.

- Les membranes « Cool roof » associent réflectivité et émissivité, des qualités permettant de réfléchir le rayonnement solaire incident sans augmenter significativement la température de surface. Cette dernière se limite à moins de 40°C, contrairement aux feuilles d’étanchéité classiques dont la température de surface peut atteindre 70°C.

- La végétalisation des toitures constitue également une solution à la lutte contre les îlots de chaleur urbains. Une partie de l’énergie solaire est absorbée par le substrat et dissipée par évaporation et transpiration du végétal. Ce phénomène permet le rafraichissement de l’air ambiant. L’efficacité du système dépend donc particulièrement du taux d’humidité du substrat.

Les référentiels 

- En tant que terrasses inaccessibles, ces ouvrages relèvent, selon la nature de leur élément porteur, des NF DTU 43.1 (béton), 43.3 (tôles d’acier nervurées) et 43.4 (bois et panneaux à base de bois) en travaux neufs ;

- Règles professionnelles sur la conception et la réalisation des toitures-terrasses végétalisées.

Les terrasses accessibles : protéger l'étanchéité

Une toiture-terrasse ne peut être considérée comme accessible que si le procédé d’étanchéité dispose notamment d’une protection adaptée. Il peut s’agir d’une protection lourde dure, de dalles sur plots ou de platelage bois. Elle doit également présenter un accès et des garde-corps adaptés.

Les référentiels

-NF DTU 43.1.

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