Le parvis du palais de Chaillot offre une vue imprenable sur la tour Eiffel.
Depuis près de deux ans, face à la tour Eiffel, le parvis bas du palais de Chaillot est amputé de moitié. Les touristes ne prêtent que peu d'attention aux palissades de bois qui abritent des regards le chantier de rénovation du site. Pourtant, cette discrétion dissimule des travaux de grande ampleur qui ne devraient pas s'achever avant 2018. Au programme, la réfection du parvis bas et la rénovation et l'extension du Théâtre National de Chaillot, situé sous l'esplanade. Ces ouvrages, construits en 1937 dans le cadre de l'exposition universelle, présentaient des signes de vétusté avec une étanchéité déficiente et des pierres de parement brisées. Le théâtre, quant à lui, devait être remis aux normes et manquait d'un grand espace de répétition.
Pour le moment, le chantier se divise en deux parties, amenées à se rejoindre et à se raccorder pour recréer l'unité du parvis. En raison de son classement au titre des monuments historiques, son aspect sera identique à ce qu'il était à l'origine, respectant ainsi les exigences des Architectes des bâtiments de France. Sur 4 000 m², il s'agit principalement de remplacer le complexe d'étanchéité existant. Pour la seconde zone de 1 200 m², le travail de gros œuvre a nécessité la dépose de la dalle pour la réalisation des aménagements dans le théâtre. Il faudra donc attendre le coulage de la nouvelle chape pour entreprendre les travaux d'étanchéité. Cette opération ne devrait pas commencer avant cet été, contrairement à la réhabilitation de l'existant qui, elle, est en passe d'être achevée.
DÉSAMIANTAGE
En cours depuis la fin de l'année 2015, elle a débuté par la dépose du complexe d'étanchéité d'origine. « La présence d'amiante dans ce système a nécessité la mise en place d'une structure métallique couverte de bâches afin de confiner la zone », explique Hassan Bitach, président de l'entreprise Chapelec en charge du lot étanchéité. Ce « parapluie », fixé au sol d'octobre 2014 à février 2016, a constitué une contrainte logistique mais également technique. Il a aussi joué un rôle dans le choix du nouveau revêtement d'étanchéité. « Le cahier des charges nous imposait une protection de procédé en asphalte. En raison de la présence des pieds d'échafaudage métalliques, nous avons privilégié le recours à une membrane monocouche soudée en plein nous permettant d'assurer un hors d'eau des parties courantes avant l'application des 25 mm d'épaisseur d'asphalte porphyré basse température. Une pose en indépendance aurait impliqué une réalisation simultanée de ces deux opérations mais la présence du parapluie rendait cette tâche impossible. » Le complexe est ensuite recouvert d'une dalle béton, après interposition d'une couche de désolidarisation en non-tissé. Un revêtement en pierres naturelles vient achever l'esthétique de l'ensemble.
JOINTS PLATS
Dans les années 1930, les exigences constructives étaient naturellement moins sévères qu'au-jourd'hui. Rénover à l'identique un ouvrage datant de cette époque nécessite quelques adaptations techniques pour garantir à la fois sa pérennité et son rendu visuel. Ainsi, certains points singuliers n'ont pu être traités de manière traditionnelle. Les cent mètres linéaires de joints de dilatation ont été réalisés à plat « pour préserver la planéité de la surface , précise Thomas Piacentino, conducteur de travaux. Il nous était impossible de mettre en œuvre les 5 cm de remontée prévus par le NF DTU. » Même problématique pour les relevés sur acrotère : « Afin de conserver l'épaisseur requise, les remontées sont protégées par un grillage sans ciment de finition. Un mortier a ensuite été appliqué pour pouvoir y rapporter les pierres de parement. »
La prochaine étape du chantier sera constituée par la réalisation de la partie neuve au-dessus du théâtre. La surface sera traitée avec une épaisseur de 60 mm d'isolant et étanchée avec une membrane monocouche soudée en plein protégée par 25 mm d'épaisseur d'asphalte. Le procédé sera complété par une petite épaisseur d'un isolant acoustique en fibres de caoutchouc enrobées de polyuréthane avant la mise en place de la dalle béton et des parements en pierre naturelle. Les travaux devraient être lancés pendant l'été.
Raccordement avec l'existant
La dépose de l'existant n'a pas toujours été nécessaire ou possible. L'entreprise Chapelec a donc effectué des raccordements avec l'étanchéité d'origine a plusieurs reprises. Ainsi, en partie courante, une zone ayant pu être conservée, la jonction entre l'ancien et le neuf a été réalisée grâce a des recouvrements sur 30 cm minimum.
Autre cas de figure : celui de la parcelle dédiée au bassin (320 m2 de complexe bicouche bitumineux collé sur la dalle). « Elle encadre une statue dont on ne pouvait déposer/es pierres du socle, souligne le conducteur de travaux de l'opération. Nous n'avons pas pu effectuer de relevés. Un raccordement a donc été réalisé avec le talon de partie courante du relevé d'origine. »
La parvis du palais de Chaillot en bref
Exposition universelle de 1848 : l'architecte Davioud conçoit le palais du Trocadéro. Il n'était pas destiné à survivre à l'événement. Pourtant, malgré de nombreux détracteurs, il sera conservé jusqu'en 1935. Son démantèlement épargnera ses structures métalliques sur lesquelles vient s'ériger deux ans plus tard le palais de Chaillot, à l'occasion… de l'exposition universelle de 1937. La rotonde est remplacée par un parvis et un ensemble de terrasses et d'escaliers monumentaux qui descendent jusqu'à la Seine. C'est le parvis bas que l'on connaît aujourd'hui.
Les intervenants
Maître d'ouvrage : Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la culture (Oppic)
Maître d'œuvre : Lionel Dubois, architecte en chef des Monuments historiques
Entreprise d'étanchéité : Chapelec
Les produits
Procédé d'étanchéité : Terasphalte (membrane Sparene A90 + asphalte) Joints de dilatation Néodyl (Siplast-Icopal)
Etanchéité des bassins : Paradiene 35 (Siplast-Icopal)