
L’architecte du bâtiment de la Poste du Louvre Julien Guadet disait de son ouvrage en 1886 : « Il durera tant qu’il correspondra aux besoins industriels à satisfaire. Un hôtel des Postes, si important qu’il soit, est par définition, un édifice provisoire, en tout cas transformable. » Dominique Perrault, architecte en charge de la reconversion du site, a interprété ce parti pris au pied de la lettre : « L’histoire que nous racontons est celle de la transformation d’un îlot à vocation unique, industrielle, en un îlot urbain, opération rendue possible grâce aux qualités patrimoniales intrinsèques de l’immeuble de Guadet et à son insertion au cœur d’une séquence urbaine remarquable donnant tout son sens au projet de restructuration. »
L’enveloppe en pierre monumentale et la structure métallique ont été conservées préservant ainsi la dimension historique de l’ouvrage. Le reste des 32 000 m² de surface de plancher a été totalement repensé. Outre une ouverture sur la ville et les passants, la priorité a été donnée à la mixité des usages. Le bureau des Postes historique ne sera plus le seul service à occuper les lieux. A l’achèvement des travaux prévu pour l’hiver prochain, ce sont également des commerces, des restaurants, un hôtel 5 étoiles, des bureaux, un espace de coworking, un commissariat de police, une halte-garderie, un immeuble de logements, un hub de logistique… qui ouvriront leurs portes. Un nouveau quartier en somme qui culmine à 28 m d’altitude, avec, tout en haut, une vue ouverte sur tout Paris : l’église Saint-Eustache d’un côté, un point de vue panoramique de l’autre et la tour Eiffel, la Défense et le Sacré-Cœur à l’horizon.
Toiture neuve
Pour ne rien rater de cette situation exceptionnelle, 2 900 m² de terrasses jardins et 360 m² de bar occupent le R+4. « La toiture-terrasse, ouverte aux usagers du bar, du restaurant et de l’hôtel (et nous espérons plus) constitue un ouvrage neuf construit sur le bâtiment historique profondément réhabilité et restructuré », explique Matthieu Neufville, architecte responsable du clos et couvert du projet. Elle repose sur la structure de la toiture d’origine complété. « A la fin des années 1970, un incendie a détruit le toit. Il a été reconstruit peu de temps après à la va-vite, délaissant l’architecture d’origine. » Cette dernière a donc repris du service et supporte désormais une double dalle béton porteuse avec vérins en interposition pour épouser les mouvements de l’ouvrage et assurer l’isolement acoustique de l’hôtel.
« Nous avons conçu cette toiture comme un lieu hybride au sein duquel la végétation cohabite avec les édicules techniques. C’est pourquoi nous l’avons souhaitée abondante : pour ne pas qu’elle joue un simple rôle de remplissage mais assure pleinement sa qualité de jardin suspendu. » Elle se décline par rue, de l’extérieur vers l’intérieur avec des jardinières en périphérie (700 m²), un promenoir (1 100 m² avec une zone bar de 360 m²) et le jardin arboré (1 100 m²) côté cours. « Une soixantaine d’arbres ont été plantés. »
Organisation complexe
Sa mise en œuvre est actuellement en cours. A la manœuvre : les équipes d’Arnaud Boisseau pour Bouygues Construction et de Grégory Guillo, responsable d’exploitation pour l’agence Île-de-France de l’entreprise Smac. Un phasage contraignant, une forte coactivité, des besoins importants en matière de stockage et des espaces encombrés ont influé sur plusieurs dispositions constructives. Le responsable d’exploitation souligne d’ailleurs que cette configuration a constitué la principale difficulté de ce projet : « Nous avons, dès le début, pris le parti, avec l’entreprise générale, de mettre en place l’ensemble des pare-vapeur et relevés d’étanchéité pour assurer une sorte de hors d’eau avant de finaliser l’ensemble des complexes. Cette précaution était indispensable pour que les autres corps d’état puissent travailler sans qu’il y ait d’entrées d’eau dans le bâtiment. »
Sous les 35 cm de complexe de sol végétal des jardins arborés, le procédé présente une isolation inversée avec, en interposition, une nappe drainante de désolidarisation. « Avec ce mode de pose, l’isolant de 16 cm d’épaisseur de polystyrène extrudé protège l’étanchéité bicouche bitumineuse et garantit son intégrité», explique Grégory Guillo. Des gravillons de Bretagne de qualité supérieure sont rapportés sur les zones stériles.
Les chemins de circulation sont matérialisés par un platelage bois sur plots qui, lui, protège un complexe d’étanchéité plus classique (pare-vapeur, isolant polyuréthane de 110 mm d’épaisseur et système bicouche bitumineux). « Nous n’avons pas pu prolonger l’isolation inversée sur ces parties pour plusieurs raison : le platelage ne permettait pas un lestage suffisant et nous avons ainsi rattrapé les différences d’altimétrie entre les zones. »
Toiture végétalisée
A l’étage en dessous, la toiture (d’origine) végétalisée du bâtiment Pont permet de prolonger cet environnement planté. « Nous n’avons pas pu y installer un jardin en raison d’un risque de surcharge. La végétalisation semi-intensive est visible des balcons et loggias de l’hôtel qui l’entourent et agrémente ainsi la vue », précise l’architecte. Son étanchéité est évidemment adaptée à cet usage avec un procédé bicouche bitumineux à la deuxième couche renforcée d’une armature polyester et traité anti-racine. A noter que les balcons ont bénéficié d’un système d’étanchéité liquide.
Début 2021, c’est tout un quartier qui s’ouvrira peu à peu en plein cœur de Paris, soit avec plusieurs mois de retard par rapport à ce qui était prévu. Un délai supplémentaire dû, comme pour beaucoup, à la crise sanitaire.
Etanchéité de dalles
En rez-de-chaussée, la dalle du patio a été étanchée par l’entreprise Smac qui a mis en œuvre un procédé mixte membrane bitumineuse + asphalte avec une isolation inversée en polystyrène extrudé de 40 mm d’épaisseur. Une protection par chape béton a ensuite été coulée, après interposition d’une couche de désolidarisation.
Les intervenants
Maître d’ouvrage : Poste Immo
Maître d’œuvre mandataire: Dominique Perrault Architecture
Entreprise générale : Bouygues bâtiment Île de France
Entreprise d’étanchéité : Smac (agence d’Île de France)
Les produits
Etanchéité sous isolant : Hyrene 25/25 TS + Force 3000 Trafic (Axter)
Etanchéité sous platelage : Hyrene TS PY Grésé puis Hyrene 25/25 TS (Axter)
Végétalisation : Cityflor (Axter)
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