Lors de sa première conférence de presse ce matin, le nouveau président de la FFB Olivier Salleron a dévoilé les mesures qui, pour son organisation, doivent être adoptées le plus rapidement possible pour sauver un secteur du bâtiment en grande difficulté économique. L'objectif : limiter la casse à court mais aussi à moyen et long terme.

Ce mardi 30 juin, Olivier Salleron a présenté à la presse le plan de relance qui "ne peut attendre l'automne pour être mis en place. Il faut agir maintenant pour éviter le pire ". Le pire, étant, si rien n'est fait, au moins 120 000 emplois supprimés et plus de 30 000 entreprises en redressement judiciaire ou en faillite d'ici la fin de l'année. Pour sauver le secteur du bâtiment, la FFB milite pour une action en deux temps. Une "relance flash" qui porterait notamment sur le partage des surcoûts dus à l'application des mesures de sécurité sanitaire. "Aujourd'hui, 95 % des chantiers sont repartis et près de 80 % présentent même une activité normale. Néanmoins, nombreuses sont les entreprises qui travaillent à perte car elles assument seules les frais supplémentaires liés à la lutte contre l'épidémie. Frais que nous évaluons à environ 10 %", a souligné Olivier Salleron. Certes des chartes régionales ont été signées mais la FFB attend surtout une aide de l'Etat qui, malgré les déclarations d'intention, se fait encore attendre. "Nous sommes inquiets car certes nous avons été entendus mais pas écoutés. C'est pourquoi nous avons bien l'intention de faire pression." Se félicitant d'être soutenu par plusieurs députés (les entreprises du bâtiment sont présentes dans 91 % des communes de France), le président de la FFB a réitéré la demande de suppression des charges patronales jusqu'à la fin de l'année. 

En parallèle, Olivier Salleron a rappelé la nécessaire reprise urgente des délivrances de permis de construire stoppée pendant ces trois derniers mois en raison de la mise à l'arrêt de services instructeurs et le report du deuxième tour des élections municipales. Sans compter que la période n'a pas, non plus, été favorable à l'investissement et aux transactions immobilières. 

La rénovation en première ligne

Mais ces mesures ne pourront, à elles seules, relancer le secteur et le faire bien, c’est-à-dire dans un objectif de développement durable. C'est pourquoi la FFB a identifié plusieurs axes de reprise. Avec un crédo : "nous ne croyons pas aux vertus de l'obligation. Nous militons pour l'incitation" , un calendrier : "Il faut adopter ces mesures dès le mois de juillet pour les enclencher dès le moins d'août" et une disposition phare : "dynamiser très fortement les travaux de performance énergétique globale en portant le CITE/MaPrimeRénov' à 400 euros /m² pour tous les ménages". De plus, "il faut diminuer au maximum le reste à charge pour les ménages modestes et très modestes qui, sans quoi, n'engageront pas de travaux car ils n'en ont tout simplement pas les moyens". De la même manière, la fédération professionnelle en appelle à la réintégration des déciles 9 et 10 dans le dispositif : "Ces ménages représentent 50 % de nos clients et en les excluant du système, nous les perdons. En effet, il ne faut pas croire qu'ils sont richissimes, 50 000 euros par an à deux avec deux enfants, ce n'est pas énorme non plus." 

La FFB milite également pour relever l'aide "coup de pouce" pour la rénovation globale des maisons individuelles de 50 euros/m² à 200 euros/m² et pour la mise en place d'un nouveau contrat : le contrat d'accompagnement énergétique (CAE) pour suivre et conseiller le client après rénovation énergétique. "On pourrait l'apparenter à un contrat de maintenance énergétique du logement." Sans oublier une TVA à 5,5 % pour tous les travaux. "C'est également un moyen de lutter contre le travail au noir."

Pour le neuf aussi

La relance de la construction passera, pour la FFB, par l'amélioration du PTZ (40 % du montant de l'opération) sur tout le territoire et en portant la quotité à 60 % toutes zones si une performance énergétique importante est atteinte. L'investissement locatif doit également être soutenu notamment en simplifiant les dispositifs existants.

Mesures d'accompagnement

Pour réussir ces évolutions, la FFB demande des mesures d'accompagnement :

- autoriser les prêts immobiliers au-delà d'un effort de 33 % pour une durée supérieure à 25 ans. Il s'agirait donc d'assouplir les deux recommandations du Haut conseil de stabilité financière ;

- définir clairement ce que visent les termes d'artificialisation de sols (imperméabilisation ? grignotage sur les terres agricoles ? ...)

- simplifier les démarches administratives avec la diminution des délais de permis de construire, l'accélération de la dématérialisation des permis, la création d'un permis déclaratif et le relèvement à  100 000 euros le seuil des appels d'offres de marchés publics simplifiés. 

Au final, le coût de l'ensemble de ces mesures a été évalué à 5 milliards d'euros annuels. "Ce n'est pas si cher quand on analyse tous les bénéfices qui vont en découler. Il faut savoir ce que l'on veut !", a rappelé Olivier Salleron. La FFB prévoit en effet que leur mise en place permettrait de remplir (enfin) les objectifs de construction et de rénovation d'un million de logements (2 fois 500 000) mais également de recruter 150 000 personnes d'ici à 2023.