Les métiers du bâtiment évoluent. Comme beaucoup d’autres, le secteur prend le train du numérique et des nouvelles technologies. On pense au BIM bien sûr mais les start-up qui imaginent de nouveaux outils pour faire mieux, plus vite et plus écologique se comptent également par centaines. Nous avons sélectionné pour vous quelques exemples.

Tout le monde a entendu parler des voitures autonomes, de systèmes de retranscription ou de traduction simultanée ou s’est vu proposer des publicités sur internet en lien avec ses habitudes de consultation. Tout le monde a entendu parler de cette Intelligence artificielle qui fascine autant qu’elle effraie. Aucun secteur n’est aujourd’hui épargné par les algorithmes, la collecte et l’exploitation des données, les fameuses data. La filière construction s’y met aussi. « Le démarrage est peut-être un peu plus lent que pour d’autres en raison notamment d’une structuration du marché éclatée, comprenant beaucoup de petites entreprises aux moyens limités et ne disposant pas toujours en interne des compétences adaptées à l’utilisation de ces innovations », explique Quentin Panissod, CEO de The Swarm Initiative et coordinateur du projet RenovAIte pour Leonard (groupe Vinci).

L’urgence climatique, la transition énergétique, le développement des services au sein des bâtiments font évoluer les métiers. De nouvelles fonctions émergent, de nouvelles compétences sont acquises. Le train est déjà en marche, comme le montre par exemple le déploiement du BIM. Hier apanage des grands groupes, « ils ne sont pourtant plus aujourd’hui les seuls moteurs de l’innovation, souligne Antoine Thuillier, associé d’Impulse Partner, incubateur de start-up. Elle est désormais le fait d’un grand nombre d’acteurs dispersés et aux compétences nouvelles : les start-up avec leur approche résolument tournée vers les besoins du marché, leurs offres novatrices, leur recours à la technologie, en particulier digitale et leurs nouveaux modèles économiques en rupture. »

Quels types de solutions mettent-elles à disposition de la filière bâtiment ? Pour le savoir, Impulse Partner, l’OPPBTP et le CCCA-BTP ont analysé les propositions de 222 start-up issues de l’écosystème d’Impulse Partner. Cette étude a fait l’objet de la publication d’un « Observatoire des tendances d’innovations du BTP ». « Chacune sur leur domaine transforme le BTP dès aujourd’hui. Leur vivacité et leur dynamisme mais aussi les terrains sur lesquels s’appliquent leurs offres innovantes constituent un précieux révélateur des transformations en cours dans la construction », explique le document dans sa préface. Trois objectifs majeurs ont été identifiés : l’amélioration de la productivité des entreprises, de la qualité et la performance des ouvrages et de la sécurité sur chantier.

Pour y voir un peu plus clair, Étanchéité.Info a sélectionné quelques exemples de solutions aujourd’hui disponibles et qui peuvent, au quotidien, accompagner l’ensemble des acteurs de l’acte de construire. l

Yellowscan

La toiture-terrasse vue du ciel

Cartographier 10 ha à 100 m d’altitude en 5 minutes, c’est possible. En déduire les dimensions, les reliefs, l’état de la surface aussi. Comment ? La société Yellowscan, créée en 2015, propose d’embarquer sur un drone un système de détection et de télémétrie par la lumière (LiDAR). Similaire au radar, cette technologie utilise un laser au lieu d’ondes radio. Elle émet une impulsion laser qui se réfléchit sur les surfaces rencontrées. Elle est captée et renvoyée à la source d’impulsion LiDAR. Le temps de parcours du laser est mesuré et la distance calculée. « Ce processus est répété des millions de fois et finit par produire une carte complexe de la zone étudiée, connue sous le nom de nuage de points 3D », explique Fayssal Tiriaki, commercial chez YellowScan.

Pour les étancheurs, avoir recours à cette solution, c’est par exemple s’affranchir de la prise de métré ou constater l’état de toitures-terrasses parfois difficiles d’accès ou mal sécurisées. L’opération est également plus rapide, tout comme la transmission et le traitement des informations. À noter que ces dernières peuvent être intégrées à une maquette BIM.

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Ma toiture connectée

Détecter et localiser rapidement des fuites en toiture-terrasse

L’objectif de la solution Ma Toiture connectée est de détecter rapidement la présence d’eau sous les complexes d’étanchéité de toiture-terrasse. Développée depuis 6 ans par des professionnels du secteur (son fondateur, Guillaume Oyer est également gérant de l’entreprise Enerpur Étanchéité) en partenariat avec l’entreprise Seribase spécialisé dans les capteurs, le projet est né du constat que « les fuites sont généralement détectées trop tard, quand les dégâts sont importants et nécessitent la réfection de l’ensemble du procédé d’étanchéité », explique Guillaume Oyer.

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Le principe : lors de la mise en œuvre du complexe, dans le neuf comme en rénovation, une série de capteurs très fins et résistants à l’eau sont installés entre le pare-vapeur et l’isolant, à raison d’une dizaine pour 75 m2 principalement au niveau des relevés et des points singuliers. Ils sont raccordés à un émetteur et un portail de supervision. Si de l’eau pénètre dans le système, ces capteurs détectent immédiatement l’infiltration et une alarme se met en route. Le maître d’ouvrage ou l’entreprise d’étanchéité en est immédiatement alerté par SMS ou e-mail. « Les données sont horodatées permettant ainsi d’identifier immédiatement quel capteur s’est mis en route en premier pour une intervention rapide et ciblée, sans sondage destructif et intrusif. »

Subclic

Maîtriser le risque juridique lié à la sous-traitance

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Le développement de Sublic, créée en 2014 par et pour les acteurs du BTP, est parti du constat que le traitement des contraintes liées à la sous-traitance s’avérait à la fois complexe et chronophage. Entre la rédaction des contrats, la collecte des documents légaux, le nombre de versions se multiplient, les informations se croisent et la paperasse s’entasse. « La réglementation relative à la sous-traitance est stricte. Les maîtres d’ouvrage doivent maîtriser ce risque juridique. Pour les entreprises principales, la contrainte est également opérationnelle tandis que les sous-traitants sont dans l’obligation de fournir une longue liste de justifications et autres documents administratifs », explique Vincent Massoulié, ingénieur d’affaires.

La solution proposée est ici une plateforme de dématérialisation des transactions de chantier qui permet à chaque partie, selon ses obligations, de rédiger, valider et signer électroniquement tous les contrats, documents, ordres de services et agréments, mais aussi de fournir les justificatifs administratifs. Le tout centralisé par opération et mutualisé avec l’ensemble des partenaires. Seules les dernières versions sont disponibles, prévenant ainsi les erreurs. Les pièces sont générées automatiquement. Les parties ne mentionnent leurs données propres qu’à l’ouverture du compte. Elles s’intègrent ensuite directement à chaque nouvelle ouverture de dossier. « On estime que, pour une entreprise principale, le recours à Subclic permet de réduire de 80 % le temps passé à ces tâches. Le sous-traitant, quant à lui, peut s’en acquitter directement de son téléphone. » Un système de notification permet également à chacun d’être alerté de tout changement effectué par les uns et les autres.

Techniquement, l’investissement est limité. Pas de logiciel spécifique à installer ni de compétences informatiques particulières à acquérir et une hotline est disponible si besoin. L’outil est gratuit pour les sous-traitants. « À ce jour, 10 000 entreprises utilisent cette solution. »