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Lors d'une conférence de presse tenue le 12 décembre, l'organisme professionnel a fait le point sur les résultats de la construction cette année et les perspectives pour 2020. Les activités vont tenir mais les marges, elles, suscitent plus d'inquiétudes.

"Hors effet de prix, après +1,3 % en 2018, l'activité 2019 se soldera sur une hausse de 1,2 % en 2019, avant de ralentir à + 0,8 % en 2020", a annoncé le président de la FFB Jacques Chanut devant la presse jeudi 12 décembre. Les niveaux de croissance diffèrent selon les typologies de bâtiment.

Le logement

En effet, dans le logement neuf, individuel et collectif ne vont pas être logés à la même enseigne. "L'individuel, suite au rebond des ventes à +5 % en 2019, bénéficiera encore de deux belles années. De fait, les permis progresseront de 1,9 % et 2,6 % en 2019 et 2020. Côté mises en chantier, les tendances ressortiront respectivement à +0,3 % et +2,8 %. En revanche, le collectif souffrira du plongeon de près de 20 % des mises en vente en 2019. Les permis reculeront de 10,4 % en 2019, puis de 5,3 % en 2020 et les mises en chantier de 4,1 % puis de 5,7 %.

Le non-résidentiel

"La FFB retient un tassement sensible des évolutions", a souligné Jacques Chanut. Le nombre de surfaces autorisées augmentera encore de 5,9 % cette année mais la croissance ralentira en 2020 pour atteindre 0,8 %. "Quant aux surfaces commencées, compte tenu des délais de transformation habituels, elles ressortiront en hausse de 6,9 % et 3 %."

L'amélioration-entretien

Le marché va particulièrement être impacté par les évolutions législatives à venir et, en premier lieu, la transformation du CITE en prime, "peu lisible et moins solvabilitrice" pour l'organsation professionnelle. Le président de la FFB rappelle néanmoins que le tableau n'est pas si sombre et que "le marché global bénéficiera des niveaux historiques de transactions enregistrées dans l'ancien depuis 2017". Résultat, "dans son ensemble, le marché de la rénovation connaîtra une quasi-stabilisation en 2019, à +0,2 % en volume du fait d'un très mauvais premier trimestre, puis une légère progression de 0,9 % en 2020". 

L'emploi

Près de 35 000 postes ont été créés en 2019 dont une majorité de CDI. "2020 affichera encore la création nette de 10 000 postes a minima." A noter également que le nombre de créations d'entreprises (hors micro-entrepreneurs) est également encourageant. Il progresse en effet de 16 % en glissement annuel sur 10 mois à fin octobre 2019. Les défaillances, quant à elles, reculent de 5,6 % sur les trois premiers trimestres 2019 par rapport à la même période un an auparavant. 

Inquiétude sur les marges

Les chiffres sont donc tous dans le vert. Pourtant, des zones d'ombre persistent : "reste la grande question des prix et des coûtsn donc des marges", rappelle Jacques Chanut. Et sur ce point, "on peine toujours à lire une véritable amélioration dans le domaine". Les prix peinent à rattraper les coûts qui, eux, ne cessent de croître (hausse des niveaux de salaire, suppression de l'accès au gasoil non routier, réductiond de l'avantage Fillon...). "À plus long terme, plusieurs sujets méritent l'attention parce qu'ils pourraient accentuer le retournement du cycle des affaires anticipé courant / fin 2021", s'inquiète le président de la FFB. Avec en premier lieu la menace qui pèse sur le PTZ neuf, le Pinel et les aides à la rénovation énergétique. 

Retrouver les déclarations de Jacques Chanut sur la réforme du CITE en cliquant ici

Grève : "On ne peut pas faire de télétravail sur un chantier !"

Jacques Chanut, le président de la FFB, a tenu à réagir sur l'actualité politique qui anime les Français depuis une semaine. Il s'est montré globalement satisfait de la réforme des retraites, notamment concernant la bonification des points de retraite pour tous ceux qui ont commencé à travailler avant 20 ans, leur permettant donc de partir en retraite plus tôt.

Autre bon point soulevé, la considération des métiers "usants", permettant de partir deux ans plus tôt à la retraite. Cette fameuse pénibilité évoquée par Edouard Philippe la veille faisait surtout référence, dans le discours du Premier ministre, aux métiers du secteur hospitalier, mais Jacques Chanut espère que les salariés du bâtiment seront tout autant concernés.

Le chef de la fédération du bâtiment a tout de même émis un doute, ne sachant pas si des deux bonnes nouvelles pourront être cumulées, argant "travailler sur un chantier jusqu'à 64 ans est compliqué. Je ne vois pas pourquoi un maçon partirait à la retraite dix ans après un conducteur de train." Jacques Chanut a cependant reconnu qu'un comptable travaillant dans le BTP n'avait aucune raison de partir plus tôt en retraite qu'un comptable exerçant dans un autre secteur. Des échanges avec le ministère du Travail pour éclaircir ces différents points sont programmés.

Enfin, sur la situation actuelle de la grève, conséquence de cette réforme des retraites paralysant Paris et d'autres grandes villes de France, Jacques Chanut a confié les difficultés que rencontrent les artisans depuis le 5 décembre. "Si certains mettent deux heures en voiture pour aller travailler, sachez que les ouvriers mettent deux heures en camionnette pour aller sur le chantier. On ne peut pas faire de télétravail sur le chantier !" a conclu le président de la FFB. Reste à voir les incidences qu'aura cette grève sur le bâtiment...