Le Plan transition numérique du bâtiment (PTNB) a été créé en 2015 par les pouvoirs publics en réponse aux attentes des professionnels du secteur, afin d’accélérer le déploiement des outils numériques (maquette numérique et BIM) à l’échelle de l’ensemble du secteur du bâtiment. Son mandat se termine à la fin de l’année. Son président, Bertrand Delcambre, revient pour Etanchéité.Info sur ces quatre années de travaux, les chantiers encore en cours et les perspectives à venir.

ÉTANCHÉITÉ.INFO Les travaux du Plan transition numérique du bâtiment (PTNB) que vous présidez s’achèvent au 31 décembre 2018. Le 15 novembre, le ministre en charge du logement a présenté son successeur, le Plan BIM 2022. Qu’en pensez-vous ?

BERTRAND DELCAMBRE Lancé en 2015, le PTNB devait s’achever à la fin 2017. Afin de lui permettre de finaliser un maximum de projets en cours, il a été prolongé d’un an. Son dernier comité de pilotage s’est tenu le 13 décembre dernier. Mais la transition numérique dans le bâtiment, elle, ne s’achève évidemment pas. Après plusieurs semaines d’attente, nous connaissons enfin notre successeur : le Plan BIM 2022. Nous nous réjouissons que l’annonce de sa mise en place se soit tenue avant la fin de l’année. Elle prouve la mobilisation des pouvoirs publics et des professionnels pour poursuivre la transition numérique. Nous sommes d’autant plus satisfaits que ses orientations vont permettre de poursuivre les actions que le PTNB a initiées telles que la mise à disposition d’un outil de mise au point de convention BIM, la poursuite des travaux de normalisation ou encore le développement de la plateforme Kroqi. 

E.I. Quel bilan faites-vous des quatre années de travaux du PTNB ?

B.D. La feuille de route qui nous a été confiée en 2015 fixait trois priorités pour accélérer la transition numérique dans le bâtiment : motiver les acteurs de l’acte de construire, se donner les moyens d’y parvenir et installer des bases pérennes à partir notamment de la normalisation des processus. À ce jour, le PTNB a lancé une vingtaine d’actions avec un mot d’ordre : ne laisser personne sur le bord de la route. C’est pourquoi nous avons volontairement orienté nos travaux en direction des TPE/PME car elles sont les plus fragiles face à la transition numérique. Un rapport rédigé en 2014 montrait que lorsqu’on évoquait la maquette numérique et le BIM, elles étaient très loin d’en percevoir l’intérêt. Aujourd’hui, elles ont intégré le fait que ces concepts n’étaient pas réservés aux grosses structures et aux projets d’ampleur et qu’elles pouvaient, elles aussi, se les approprier. En revanche, au sein de ces petites entreprises, il existe encore des écarts importants selon les corps de métier. Parmi les maîtres d’oeuvre, par exemple, ceux qui ignorent le BIM seront bientôt minoritaires. La conscience des maîtres d’ouvrage s’éveille également peu à peu car ils ont compris les avantages qu’ils pouvaient en tirer, particulièrement lorsqu’ils sont aussi gestionnaires de l’ouvrage. Pour les entreprises de construction, en revanche, le chemin est encore long.

E.I. Pourquoi ?

B.D. Les TPE/PME peuvent avoir le sentiment que le BIM n’est pas pour elles, qu’il est réservé aux grosses structures qui disposent de moyens bien supérieurs aux leurs. C’est pour lutter contre ce complexe que nous avons notamment lancé des appels à projets de taille courante impliquant des entreprises représentatives de ces TPE/PME. L’objectif était de faire comprendre que le BIM était bien à la portée de tous. Nous avons ainsi soutenu, notamment financièrement, plusieurs dizaines de projets dans toute la France. Les acteurs concernés ont pu se former, acquérir les outils et appliquer très concrètement la démarche BIM. Reste que les opérations de construction étant longues, l’analyse des retours d’expérience ne pourra être réalisée avant 2019. Pour ne pas attendre cette échéance et tirer les enseignements de ces pratiques rapidement, nous avons, en parallèle, lancé l’Atelier BIM virtuel (ABV). Le principe : reprendre un projet courant (un petit immeuble de logements collectifs) conçu et réalisé de manière traditionnelle et « refaire le film » avec les outils numériques. Tous les corps de métier étaient ainsi mobilisés et plus de 130 professionnels ont participé à cette simulation. De la définition du programme à la phase travaux, neuf mois ont été nécessaires, comme annoncé au départ. Forts de ce succès, nous avons ensuite décidé d’aller plus loin dans la démarche avec l’ABV+ dont l’objectif était d’analyser, toujours sur ce projet, le coût global, le cycle de vie… à partir d’une maquette numérique.