Jeudi 14 mai, la publication de l'ordonnance annonçant la fin des mesures compensatoires en deux temps pour les entreprises du bâtiment a provoqué la colère de la FFB qui en dénonce "l'injustice". En cause notamment, le retour des pénalités de retard dans ce contexte très particulier de pandémie et la question des surcoûts liés à la mise en place des mesures de sécurité sanitaire.

L'état d'urgence sanitaire est prolongé jusqu'au 10 juillet prochain pour tout sauf pour... les travaux du bâtiment. Une ordonnance publiée jeudi 14 mai précise que les mesures dérogatoires destinées à aider les entreprises prendront fin le 23 juin inclus pour les marchés privés et le 23 juillet inclus pour les marchés publics. Pour la Fédération française du bâtiment (FFB), cette décision ne sera pas tenable pour les entreprises car elle redonne plein effet aux pénalités de retard. Or, "la reprise des chantiers ne se fera pas comme avant, en raison de l’application des préconisations sanitaires publiées par l’OPPBTP, dont le respect, indispensable, entraîne un allongement des délais et d’importants surcoûts d’exécution (mise en sécurité du chantier et du matériel, gardiennage, perte de rendement du fait des nouvelles conditions de travail, mobilisations supplémentaires de personnel et de matériels, variations du coût des matières premières ou de produits manufacturés, etc.)", explique l'organisme dans un communiqué de presse. Il rappelle que les principaux acteurs et employeurs du secteur n'ont pas été consultés et n'hésite pas à dénoncer "une grande injustice".

La question des surcoûts liés à la crise sanitaire et aux mesures à appliquer est encore une fois au cœur de la polémique. "Nous interpellons le gouvernement sur la nécessité de les prendre en compte. Ils ne peuvent être supportés par les artisans et entrepreneurs, tant en marchés publics qu’en marchés privés ", insiste la FFB qui rappelle que des solutions existent. Elle propose par exemple "la compensation des surcoûts de la Covid-19 par l’application systématique au prix des marchés d’un coefficient d’imprévision et l’annulation pendant quelques mois des charges sociales patronales".

Et Jacques Chanut, son président de conclure: " Le bâtiment avait été entendu sur le fait de décorréler l'instruction des permis de construire de la fin de l'état d'urgence sanitaire, mais les pouvoirs publics ont profité de cela pour décorréler également les délais de chantiers, sans donner de message clair à ce stade sur la nécessaire répartition des surcoûts de la Covid-19. Ce sujet important est aujourd’hui d’une grande priorité pour prévenir les dépôts de bilan des artisans et entrepreneurs du bâtiment, leur permettre de surmonter cette crise et participer, sur tous nos territoires, à la nécessaire reconstruction économique et sociale de notre pays."

Les échanges entre le gouvernement et les représentants des professionnels du secteur connaissent des hauts mais surtout des bas depuis le début de la crise sanitaire.