Comment évolue la situation au sein des entreprises d'étanchéité ? Nous les avions interrogées il y a trois semaines pour en savoir plus sur ce qu'il se passait alors sur le terrain. Depuis le guide de préconisations de l'OPPBTP est paru. L'activité a-t-elle repris ? Nous sommes retournés les voir pour leur poser la question. Aujourd'hui Florent Guilabert, dirigeant de l'entreprise Etphobat à Rognac (13).

"Dès la parution du guide de l'OPPBTP, j'ai demandé à l'ensemble de mes équipes d'en prendre connaissance de manière approfondie. En parallèle, nous avons convenu d'un rendez-vous téléphonique tous ensemble pour en parler. Il s'est tenu mardi dernier. L'objectif était de définir les conditions d'une reprise. Notre postulat de base a été que nous allions fonctionner sur la base du volontariat. Et il s'avère que tout le monde est volontaire, exceptées les personnes à risques qui sont, elles, arrêtées. Pour le moment néanmoins, nous restons limités dans nos actions en raison du manque de masques. Ils sont commandés mais pas encore arrivés. En attendant, nous avons décidé de scinder les équipes a minima pendant les trajets afin de respecter les mesures de sécurité imposés pendant les temps de transport. 

Prospection clients

En matière de reprise effective des activités, j'ai prospecté auprès de mes clients afin de repérer, avec eux, quels étaient les sites dont la configuration permettait d'y retourner. Nous avons la chance d'avoir des typologies de prescripteurs et donc de chantiers très variées A ce jour, j'en ai repéré quatre. Parmi eux par exemple, celui d'un maître d'ouvrage qui vient de me signer un devis pour une recherche de fuite. Nous allons intervenir dans les jours qui viennent. Ce type de commande est assez simple à honorer car elle permet de n'envoyer qu'un collaborateur sur site. 

Sur d'autres chantiers en revanche, c'est plus compliqué. La coactivité est un frein important à la reprise et personnellement, je ne souhaite pas envoyer mes équipes dans ces conditions car la sécurité dépend alors de trop de paramètres que l'on ne contrôle pas. Certaines configurations laissent en revanche la place à quelques adaptations. C'est le cas sur l'un de nos projets actuellement à l'arrêt et sur lequel nous avions achevé la mise en oeuvre de l'étanchéité avant le confinement. Il reste à poser les dalles sur plots, indispensables à la protection de l'étanchéité avant l'intervention d'autres corps d'état. Pourquoi ne pas réaliser cette étape aujourd'hui pour permettre au chantier d'avancer ensuite plus rapidement ? Nous allons solliciter le maître d'ouvrage dans ce sens. 

Ce dernier peut également être à l'initiative d'une reprise. Ainsi, un particulier qui fait construire sa maison nous a demandé de réaliser une étanchéité enterrée. Pour ce type de travaux, il faut être au moins deux pour des questions de sécurité inhérentes à notre métier. Avant de lui répondre, je me suis référé au guide : les collaborateurs se déplaceront chacun dans une voiture différente et s'équiperont d'EPI. Ils seront présents sur site pour une durée de 4 à 5 jours maximum

Pied à l'étrier

Certes ces projets ne constituent pas de grosses commandes mais elles permettent de remettre la machine tranquillement en route. D'autant plus que nous ne devons pas encore faire face à de grosses difficultés financières. Tout le monde est conscient qu'on ne pourra pas reprendre d'un coup sec. Ce palier est important et le fait de l'avoir anticipé et de l'avoir pensé nous aide à nous relancer plus rapidement. C'est là l'un des gros avantages du guide. L'autre c'est aussi qu'il met le maître d'ouvrage au centre des responsabilités, ce qui est, pour nous très important."

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