Le 18 février dernier, le ministère délégué au logement a présenté les dernières évolutions relatives la future RE2020. Si les organisations professionnelles du bâtiment se félicitent notamment du report de son application au 1er janvier 2022, les industriels des matériaux de construction s'inquiètent du nouveau mode de calcul du poids carbone.

Le gouvernement a rendu sa copie sur les ajustements apportés au projet de texte de la future RE2020. Parmi les principales évolutions : le report de son application au 1er janvier 2022 et la mise en place d'un nouveau mode de calcul du poids carbone, dit "Analyse du cycle de vie dynamique simplifiée".

Le premier point a été salué par 8 organisations professionnelles (Union sociale de l'habitat, Fédération des promoteurs immobiliers, Pôle habitat FFB, FFB, Capeb, Unsfa, Untec et fédération Scop BTP). "La modification des échéances suivantes à 2025, 2028 et 2031 et la consolidation d'une clause de revoyure récurrente, tous de nature à faciliter une mise en oeuvre progressive et adaptée" des exigences ont également été accueillis favorablement, tout comme la création d'un observatoire national.

Cet optimisme n'est pas partagé par les industriels des matériaux de construction qui critiquent ouvertement le nouveau mode de calcul du poids carbone : l'analyse du cycle de ie dynamique simplifiée. Cette dernière attribue un poids plus important aux gaz à effet de serre émis dans l'atmosphère aujourd'hui qu'à ceux qui seront émis plus tard. "Ce décompte est cohérent avec la politique de lutte contre le changement climatique, car une molécule de CO2 émise aujourd'hui commence à réchauffer l'atmosphère dès aujourd'hui alors que la même molécule émise 50 ans plus tard ne commencera à avoir des effets sur le climat que 50 ans plus tard", justifie le gouvernement.

La filière des matériaux de construction s'alarme de cette décision qui, selon elle, "avantage artificiellement les produits biosourcés. Le seul levier valable pour réduire l'empreinte carbone des bâtiments sera donc une utilisation massive de ces produits, avec une logique de surconsommation du bois, au détriment d'une réflexion de fond relative à la conception des bâtiments, aux modes constructifs ou au mix matériau. Cette décision constitue un véritable frein aux engagements pris et aux nombreux projets d'investissement déjà en cours pour décarboner les secteurs industriels ".

L'appel à une normalisation de la méthode à l'échelle européenne fait quant à elle l'unanimité.