Étanchéité.Info se lance dans un tour de France pour aller à la rencontre des entreprises d'étanchéité et faire le point sur leur situation région par région. Sixième étape, à Villeneuve-la-Garenne près de Paris avec Hassan Bitach de la Chambre régional de l'étanchéité (CSRE) Île-de-France et de l'entreprise d'étanchéité Chapelec.

Etanchéité.Info Comment se déroule le redémarrage des chantiers en Île-de-France ?

Hassan Bitach La reprise se fait vraiment sentir depuis le déconfinement. Avant cette date, l'attentisme était de mise, même après la parution du guide de l'OPPBTP. Parmi les éléments bloquants, il y avait en premier lieu, les maîtres d'ouvrage. La mise en place des procédures a également ralenti l'évolution de la situation car il a fallu s'approprier et mettre en place les protocoles de sécurité sanitaire. Résultat, jusqu'au 11 mai, chez Chapelec, nous étions à 20 % d'activité. Aujourd'hui, nous sommes à 60 %. On sent une vraie progression. 

E.I. Tous les types de chantiers sont-ils concernés de la même manière ? 

H.B. Lorsque les étancheurs sont le seul corps d'état présent, ils ne rencontrent pas trop de difficultés particulières. En revanche, dès qu'il y a coactivité, ça se corse. Tant dans le neuf qu'en réhabilitation, très peu de chantiers en coactivité ont repris. Les contraintes sont fortes. Il faut, par exemple, attendre les avenants aux Plans généraux de coordination (PGC) pour nous permettre de mettre à jour nos Plans particuliers de sécurité et de protection de la santé (PPSPS). Sur place, les bases vie doivent être aménagées et souvent agrandies pour assurer la distanciation et le lavage des mains. Si sur des terrains de grande taille, cette problématique peut être facilement réglée (encore que nous devons, en plus, faire face à une pénurie de bungalows en raison de la forte demande ce qui provoque une augmentation de leurs tarifs), en milieu dense, il n'y a pas toujours assez de place. Enfin, en raison du retard pris sur les élections, dans les communes où les maires n'ont encore été élus, plus aucune décision n'est prise. Pour toutes ces raisons, nombre de chantiers ne peuvent pas repartir. 

E.I. Les surcoûts liés à la mise en place des mesures de sécurité participent-ils également à cette poussivité de la reprise ? 

H.B. Ils peuvent effectivement constituer un point d'achoppement. En étanchéité, on estime qu'ils s'élèvent à 5-7 % lorsque nous sommes seuls sur un chantier mais ils peuvent monter à 10 % en cas de coactivité. Pour ma part je considère qu'ils devraient être assumés par les maîtrises d'ouvrage mais aujourd'hui, nous ne sommes pas en mesure de rentrer dans un tel rapport de force. 

E.I. C'est-à-dire ? 

H.B. L'urgence pour nous est de faire repartir la machine. Si ces questions bloquent la reprise du chantier, des entreprises risquent de ne pas s'en remettre. D'autant plus que les possibilités de prise en charge totale d'activité partielle semble s'arrêter le 2 juin : il va falloir reconstituer l'ensemble des équipes et les faire travailler. Résultat, pour le moment, nous prenons les surcoûts à notre charge pour ne pas risquer d'entraver les redémarrages. Mais nous comptons bien ouvrir les négociations d'ici quelques semaines. 

E.I. Comment envisagez-vous les mois à venir pour le secteur en Île-de-France ?

H. B. La reprise devrait être globalement effective courant juin voire en juillet. Néanmoins, on risque de ne pas atteindre les 100 % d'activité, ni avant, ni après l'été. La crise économique est inévitable. 

Je souhaite un bon courage à la profession et en profite pour remercier nos organisations, CSFE et FFB Grand Paris pour l’accompagnement qu’ils nous ont apporté durant cette crise sanitaire