Un nouvel immeuble de logements sociaux à Montreuil (c) Pyc
Le recours à une membrane d'étanchéité de couleur blanche permet à l'ouvrage de participer à la limitation des îlots de chaleur urbain et au confort d'été au dernier ouvrage du bâtiment.
Un nouvel immeuble de logements sociaux à Montreuil présente des performances énergétiques certifiées Passivhaus. Parmi les dispositions constructives mises en œuvre, une membrane d'étanchéité PVC réfléchissante pour lutter, entre autres, contre les îlots de chaleur urbains.

Un bâtiment « manifeste » : c'est l'ambition de l'architecte Stéphane Cochet pour le nouvel immeuble de logements sociaux du bailleur-constructeur Osica Grand Paris Habitat situé à Montreuil (93). Composé de 17 logements, il est tout en bois et présente des performances énergétiques reconnues par la certification Passivhaus ( voir encadré ). « Nous avons travaillé sur l'optimisation des plans et mis en œuvre des systèmes constructifs qui permettent d'atteindre un Cep* égal à 50 kWh. ep/ m².an sans multiplier les équipements, ni avoir recours aux énergies renouvelables », explique l'architecte. Par exemple, les logements sont traversants, la façade nord est végétalisée et les vitrages sont triples. L'enveloppe de l'ouvrage a bénéficié d'un traitement spécifique avec une isolation thermique par l'extérieur associée à un bardage rapporté en bois. En toiture-terrasse, le choix s'est porté sur une membrane d'étanchéité en PVC de couleur blanche capable de réfléchir 80 % de l'énergie solaire (albédo de 0,8). « En évitant les surchauffes en toiture, ce procédé permet de lutter contre le phénomène d'îlot de chaleur urbain et participe au confort d'été du dernier étage , souligne Stéphane Cochet. En outre, nous gardons ainsi la possibilité d'y installer, à terme, des panneaux photovoltaïques d'une puissance de 30 kWc . »

RÈGLE DES 2/3-1/3

L'entreprise Vannson a pris en charge la pose des 230 m² de complexe d'étanchéité réalisée en deux semaines au mois de septembre 2015. « Mis en œuvre sur un élément porteur en bois, le système est composé d'un pare-vapeur, d'une épaisseur de 200 mm d'isolant en polyuréthane fixé mécaniquement et de la membrane « Cool roof » », décrit Virginie Jacquemin, conductrice de travaux. Sachant que la toiture est un gros poste de déperditions thermiques, la tendance pousse généralement à une forte isolation de ces ouvrages. Pour éviter cette surépaisseur tout en optimisant l'espace libre de 30 cm créé par le plenum en sous-face, les concepteurs se sont appuyés sur les Règles professionnelles RAGE « isolation thermique des sous-faces des toitures chaudes à élément porteur en bois relevant du NF DTU 43.4 ». Contrairement au NF DTU, le document décrit le principe de la répartition de l'isolation en surface et sous-face de l'élément porteur en respectant un ratio d'environ 2/3 de la résistance thermique totale de la paroi au-dessus du pare-vapeur ou de l'élément porteur et de 1/3 en dessous. Les calculs du coefficient de transmission thermique de la toiture inaccessible ont déterminé un U de 0,082 W/m².K (R d'environ 12,20 m².K/W).

TERRASSES ACCESSIBLES

« Nous sortions également du cadre du NF DTU 43.4 pour la réalisation de deux terrasses accessibles en R+1 et R+5 », poursuit l'architecte. La solution acceptée par le contrôleur technique a consisté à avoir recours à un élément porteur en panneaux CLT (bois lamellé croisé). L'Avis technique du procédé prévoit la mise en œuvre d'un complexe d'étanchéité composé d'un pare-vapeur mis en œuvre par soudage à l'air chaud en pleine adhérence, d'un isolant en polyuréthane parementé avec voile de verre bitumineux posé en indépendance et d'un système d'étanchéité bicouche bitumineux protégé par des dalles sur plots.

Au final, le U moyen de l'enveloppe bâtie a été évalué à 0,278 W/(m².K) R=3,60 m².K/W pour un U des parois opaques de 0,138 W/m².K R=7,25 m².K/W. Ces résultats, ajoutés à l'ensemble des autres caractéristiques de l'ouvrage ont valu à ce dernier d'être reconnu comme une « opération phare » pour le maître d'ouvrage. De plus, les consommations énergétiques des cinq postes définis par la RT 2012 seront suivies pendant trois ans dans le cadre du programme Ademe.

= consommation conventionnelle d'énergie liée à 5 usages définis par la RT 2012, exprimée en énergie primaire. Les 5 usages retenus : chauffage - rafraîchissement - éclairage - eau chaude sanitaire - auxiliaires (consommation des pompes de circulation des fluides air et eau).

                                                                                                                                          

Les intervenants

Maîtrise d'ouvrage : Osica Grand Paris Habitat

Maîtrise d'œuvre : A003 Architectes, Stéphane Cochet et Bruno Garnier Architectes

Lot clos-couvert / structure bois : Entreprise Socopa Construction

Entreprise d'étanchéité (sous-traitance) :  Vannson

Les produits

Panneaux CLT : KLH

Isolant : Knauf

Membrane d'étanchéité Cool roof : Renolit Alkorbright

Membranes d'étanchéité bitumineuse : Elastophène Flam et Sopralène Flam (Soprema)

                                                                                                                                                                         

Le label Passivhaus

Un bâtiment passif consomme en moyenne 90 % d'énergie de chauffage en moins qu'une construction classique. Ces performances sont atteintes grâce à l'utilisation de l'apport de la chaleur solaire, à une très forte isolation, à la réduction maximale des ponts thermiques, à une gestion optimisée de l'étanchéité à l'air et au contrôle de la ventilation.

Quatre critères principaux sont à respecter :

- un besoin de chauffage et de climatisation inférieur à 15 kWh d'énergie utile par m2 de surface de référence énergétique et par an ;

- une consommation totale en énergie primaire (tous usages, électroménager inclus) inférieure à 120 kWh par m2 de surface de référence énergétique par an ;

- une perméabilité à l'air de l'enveloppe mesurée sous 50 pascals de différence de pression inférieure ou égale à 0,6 par m3 /(h.m2) ;

- une fréquence de surchauffe intérieure (> à 25°C) inférieure à 10 % des heures de l'année.