L'Association pour le développement du numérique dans la construction (ADN Construction) rassemble 12 fédérations professionnelles du bâtiment, représentatives de l'ensemble de la filière. Son but : poursuivre et amplifier la démarche conjointe et collaborative pour le développement du BIM dans la construction initiée par le Plan de transition numérique du bâtiment (PTNB).

ÉTANCHÉITÉ.INFO En juin dernier, douze fédérations de la filière construction bâtiment se sont regroupées au sein d'un nouvel organisme : l'Association pour le Développement du Numérique dans la Construction (ADN Construction). Pourquoi ce rassemblement ?

HERVÉ GASTAUD Certaines sont déjà présentes au sein de différents organismes tels que le Plan transition numérique dans le bâtiment (PTNB) ou Mediaconstruct. Les 12 membres fondateurs d'ADN Construction ont décidé de se réunir pour définir et contribuer à la mise en œuvre d'une politique collective autour des enjeux liés au numérique dans la construction. Toutes les professions sont représentées : maîtrise d'ouvrage, maîtrise d'œuvre, économistes, industriels, entreprises… Il s'agit d'une première en la matière.

« Le coût, la formation, le travail collaboratif sont évidemment des questions récurrentes sur lesquelles nous devons établir des règles claires pour tous les acteurs, car tout le monde n'entend pas la même chose quand on parle de BIM. »

É.I. Qu'est-ce qui vous différencie d'une association comme Mediaconstruct ?

H.G. Nous n'avons pas le même positionnement car, même si ADN a vocation à intégrer des sociétés et des fournisseurs de logiciels ou autres, elle est gouvernée par des organisations professionnelles, en charge des intérêts collectifs des acteurs. Notre vocation n'est ni économique ni commerciale. Elle est essentiellement politique. Nous nous sommes unis au sein d'ADN pour que les attentes des membres de nos fédérations en matière de numérique se réalisent dans tous les domaines : normalisation, juridique, communication…

É.I. Quels sont alors les objectifs d'ADN Construction ?

H.G. Nous voulons avant tout participer à la banalisation et à la démocratisation du numérique dans la filière bâtiment, auprès de l'ensemble des acteurs, quelle que soit leur taille, au niveau français mais aussi pourquoi pas européen. Pour cela, nous avons créé six commissions thématiques : communication, compétences et outils, exploitation et maintenance, juridique, normalisation et processus collaboratif. Les feuilles de route en lien avec ces thèmes seront définies par le bureau et le conseil d'administration de l'association. Pour le moment, les outils que nous développerons pour atteindre nos objectifs ne sont pas encore prêts mais nous savons d'ores et déjà que nous mettrons à profit notre présence sur l'ensemble du territoire. En effet, l'appropriation du BIM selon les régions est très inégale. Les adhérents attendent de leur fédération une action certes nationale mais aussi locale.

É.I. Selon les métiers, la filière du bâtiment connaît des avancées très différentes vis-à-vis du numérique. Comment faire converger tous les points de vue ?

H.G. Le lien et la connexion entre l'ensemble des professionnels de la construction sont l'un des grands enjeux d'ADN Construction. Se connaître les uns les autres, savoir où sont les intérêts et les impératifs de chacun sont indispensables pour généraliser l'usage du numérique dans le secteur. La première chose est de partager les expériences pour démontrer que le BIM n'est pas forcément une affaire compliquée. Chacun va trouver un intérêt dans cette démarche collective. C'est aussi pourquoi nous étudions attentivement les actions mises en place par d'autres secteurs d'activité qui peuvent avoir un impact direct sur le bâtiment en tant qu'ouvrage. Le projet « Modélisation des informations interopérables pour les infrastructures durables » (MINnD) des professionnels de l'infrastructure par exemple peut nous aider à envisager une construction dans un contexte plus large : celui de l'îlot ou du quartier. Elle est connectée à un réseau routier, est installée sur un terrain qui comporte des caractéristiques à prendre en compte… Le BIM, comme le bâtiment, doit être envisagé de manière globale.

É.I. Pour les entreprises particulièrement, il s'agit de revoir entièrement les process et d'investir dans de nouveaux outils. C'est un vrai chamboulement…

H.G. Le coût, la formation, le travail collaboratif sont évidemment des questions récurrentes. Nous avançons clairement sur le sujet, au moins en théorie. Il faut collectivement établir des règles pour tous les acteurs, à partir des retours d'expérience, car tout le monde n'entend pas la même chose quand on parle de BIM. Il faut donner aux acteurs, quelle que soit leur taille, l'envie et les moyens, d'adopter le BIM en les aidant à choisir des outils et des formations adaptés à leurs besoins. De nombreuses communications et autres guides ont été réalisés. Maintenant, il faut passer à la pratique et c'est aussi l'ambition d'ADN Construction. Toutes les parties doivent comprendre qu'elles n'ont ou n'auront bientôt plus le choix. Ne pas s'intéresser au BIM, c'est prendre le risque à terme de se couper du marché. Pour l'instant, la maquette numérique concerne essentiellement les projets d'envergure mais elle va rapidement s'étendre aux réalisations de moindre ampleur, dans le neuf comme en rénovation ainsi qu'en exploitation.

                                                                                                                                                                     

Les membres d'ADN Construction sont : l'Association des industries de produits de construction (AIMCC), la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (CAPEB), la Fédération des syndicats des métiers de la prestation intellectuelle du conseil, de l'ingénierie et du numérique (CINOV), la Fédération française du bâtiment (FFB), la Fédération des promoteurs immobiliers de France (FPI), la Fédération des industries électriques, électroniques et de communication (FIEEC), l'Union nationale des géomètres-experts (UNGE), l'Union nationale des syndicats français d'architectes (UNSFA), l'Union nationale des économistes de la construction (UNTEC), l'Union sociale pour l'habitat (USH), les Entreprises générales de France (EGF.BTP) et les promoteurs et aménageurs de la FFB (LCA-FFB).