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Plus d'un mois après le déconfinement, les entreprises d'étanchéité ont dans leur grande majorité repris une activité presque normale. Rien ne sera néanmoins plus comme avant. Explications avec Philippe Meslage, président de la CSFE.

Etanchéité.Info Pour les entreprises d'étanchéité, comment se déroule la reprise des activités ? 

Philippe Meslage De manière générale, on peut dire que la reprise est maintenant bien là. La plupart des entreprises dispose d'un carnet de commandes rempli et les perspectives de chiffres d'affaires sont plutôt encourageantes. Elles envisagent même un retour à presque 100 % de production d'ici à l'été. Par conséquent, pour accompagner ce retour de l'activité, il devrait y avoir moins de fermetures au mois d'août tant de la part des entreprises que des industriels. Avec un personnel qui répond présent. Il souhaite et a toujours souhaité retravailler. 

E.I. L'heure est donc plutôt à l'optimisme ?

P.M. Il faut que nous le soyons. Il faut regarder vers l'avenir. Les aides aux entreprises tel que le prêt garanti par l'Etat (PGE) ont été efficaces et ont permis à beaucoup d'entreprises de conserver leur dynamisme. Surtout  celles qui étaient en bonne santé. D'autres risquent d'avoir un peu plus de mal et on ne pourra malheureusement, éviter quelques casses... 

E.I. Quels sont les freins persistants à la reprise des chantiers ? 

P.M.  Ils sont de plusieurs ordres et sont plus ou moins prégnants selon les régions. Celles les plus touchées par le virus, soit  l'Ile-de-France et le Grand Est, vivent une situation plus compliquée. Les difficultés organisationnelles dues à la coactivité ont ralenti certains chantiers, notamment dans le neuf. Il peut arriver aussi que la coordination SPS d'un chantier demande l'application de règles irréalistes ou inacceptables. Les partages des surcoûts induits par la mise en place des mesures de sécurité sont complexes à négocier. Les réunions d'assemblée générale de copropriété sont difficiles à mettre en place et ralentissent donc les prises de décision en matière de travaux. Il faut également souligner que certains investissements, certes à la marge, ont été abandonnés en raison, entre autres, de la mise en place des nouvelles équipes municipales. Enfin, les questions des transports et de l'accueil des enfants à l'école ne facilitent pas les choses. 

E.I. Les annonces gouvernementales sur les mesures proposées dans le cadre du troisième projet de loi de finances rectificative pour 2020 vous semblent-elles adaptées ? 

P.M. Nous sommes déçus et restons dans l'expectative. Nous attendons surtout et avec beaucoup d'espoir les prochaines annonces prévues pour la rentrée. 2021 va arriver rapidement et suscite des inquiétudes auprès des entreprises. Elles ont besoin d'être rassurées. En effet, malgré le retour à un semblant de normalité, ces deux mois et demi d'arrêt ne pourront pas être rattrapés. Les entreprises anticipent une perte de chiffre d'affaires global d'au moins 10 %. Un accompagnement de l'Etat sera donc bienvenu. 

E.I. La CSFE est restée proche de ses adhérents pendant le confinement et après. Comment allez-vous poursuivre vos actions ? 

P.M. En parallèle des difficultés économiques, les entreprises doivent se préparer à une évolution majeure de l'organisation du travail. La période exceptionnelle que nous venons de vivre a permis la mise en place d'outils qui leur étaient pratiquement inconnus jusqu'alors : le télétravail et les outils de communication à distance. Les chefs d'entreprise se sont notamment rendus compte que les collaborateurs restaient investis en télétravail. La crise a permis de faire un grand bond en avant sur ces sujets et on ne pourra pas revenir en arrière.  Ils ont bien fonctionné pendant ces semaines de confinement, malgré le fait que nous étions tous novices. Nous allons donc réfléchir avec nos adhérents à ces nouvelles organisations et les accompagner dans leur mise en place.