Etanchéité.Info se lance dans un tour de France pour aller à la rencontre des entreprises d'étanchéité et faire le point sur leur situation région par région. Quatrième étape, la Nouvelle Aquitaine avec Alain Bonnet, président de la Chambre régional de l'étanchéité (CSRE) Nouvelle Aquitaine et dirigeant de l'entreprise Bonnet Etanchéité à Cenon près de Bordeaux. Entretien.

Etanchéité.Info Dans le Sud-Ouest de la France comment se sont déroulés les deux premiers mois de crise sanitaire pour les entreprises d'étanchéité ? 

Alain Bonnet Comme partout, la plupart des entreprises d'étanchéité se sont arrêtées le 17 mars dernier. Les raisons variaient entre l'inquiétude des salariés face au risque de contamination et le manque d'EPI, notamment de masques. Certaines, comme chez Bonnet Etanchéité, ont cessé leurs activités sur une période plus courte. Dans notre entreprise, par exemple, nous n'avons stoppé qu'une semaine. Nous avons pu cibler de petits chantiers sans coactivité. Mais la majorité a repris entre la fin avril et le début du mois de mai. Et toutes subissent une forte baisse de leur chiffre d'affaires. 

E.I. Quels ont été et sont encore les freins à la reprise ? 

A.B. Ils sont principalement de deux ordres. Il y a tout d'abord les coordonnateurs SPS qui, pour assurer leurs arrières, demandent des mesures de sécurité parfois disproportionnées par rapport à la réalité de terrain. Certains demandent la fourniture de quatre masques par salariés par jour ! C'est énorme, d'autant plus dans les métiers de l'étanchéité : les travaux se font en extérieur et la distanciation sociale est assez facile à respecter. On nous a également rapporté un cas où le coordonnateur SPS demandait le passage d'une lingette désinfectante sur tous les matériaux mis en œuvre sur la toiture, c'est à dire sur les rouleaux d'étanchéité ! C'est tout bonnement impossible ! Heureusement, il est revenu sur son exigence. 

L'autre frein touche au règlement des travaux effectués. Les maîtres d'ouvrage, notamment particuliers, seront-ils en mesure de nous payer, sachant qu'eux-mêmes ont parfois été placés en chômage partiel ou ont dû arrêter leurs activités ? C'est une vraie source d'inquiétude. 

En revanche, pour le moment, nous n'avons pas eu de remontée concernant la problématique de la prise en charge des surcoûts liés à la mise en place des mesures de sécurité sanitaire. Les négociations au cas par cas se déroulent bien. 

E.I. Toutes les entreprises sont-elles logées à la même enseigne ? 

A.B. Le secteur de l'étanchéité en Nouvelle Aquitaine comprend surtout des petites et moyennes entreprises. Elles ont ainsi l'avantage d'être plus souple et d'adapter facilement leur organisation. C'est plus compliqué pour les structures plus importantes dont les process sont généralement plus lourds. Elles n'ont par exemple par toutes pu réintégrer l'ensemble de leurs effectifs et tous les chantiers inscrits dans leur carnet de commande n'ont pas repris. En revanche, elles disposent de plus de trésorerie. Résultat, même si les raisons sont différentes, le manque de sérénité est général. Chacune essaye de repartir mais les inquiétudes en matière de paiement et de trésorerie sont omniprésentes.