Étanchéité.Info se lance dans un tour de France pour aller à la rencontre des entreprises d'étanchéité et faire le point sur leur situation région par région. Troisième étape, à Reims  avec Rodolphe Lefevre, président de la Chambre régional de l'étanchéité (CSRE) Grand Est, directeur général adjoint de Soprema Entreprises et dirigeant de l'agence de Reims.

Étanchéité.Info Le fait que la région Grand-Est soit particulièrement touchée par la pandémie a-t-il un impact sur les taux de reprise des chantiers d'étanchéité ? 

Rodolphe Lefevre On aurait pu le croire mais dans les faits, c'est controversé. Si l'on se réfère aux chiffres globaux du secteur du bâtiment, ils indiquent que plus de la moitié des chantiers du Grand Est sont repartis et que la confiance revient peu à peu. Or, ils reflètent également la situation pour le secteur de l'étanchéité sur la région. On note néanmoins des disparités à l'intérieur du territoire avec des difficultés supérieures à Strasbourg par exemple alors que sur Reims la situation semble meilleure. 

E.I. Qu'en est-il du ressenti pour les collaborateurs ? 

R.D. L'arrêt des chantiers a été brutal mais finalement nécessaire car à ce moment-là, nous n'étions pas capables de garantir une bonne gestion des risques, d'autant plus que l'anxiété était très grande. La parution du guide a fait évoluer les mentalités mais l'absence de masques a valu, à raison, des refus catégoriques quant à une éventuelle reprise. Depuis, même si le problème n'est pas totalement résolu car il est encore impossible de faire des stocks, la pénurie est derrière nous. Nous pouvons désormais garantir que les interventions s'effectuent en sécurité. Si l'inquiétude par rapport à la contamination est encore bien réelle, les collaborateurs sont motivés pour reprendre le travail. 

E.I. Toutes les typologies de chantiers rouvrent-elles au même rythme ? 

R.D. Les chantiers de bâtiments en acier redémarrent plus facilement que lorsque la structure est en béton. Cela s'explique par le fait que sur les premiers, les interventions se font de manière beaucoup plus autonomes avec des corps d'état moins dépendants les uns des autres, avec des flux de personnes limitées et en extérieur. Avec un bâtiment en béton, si les entreprises de gros œuvre ne reprennent pas, nous non plus. Or c'est exactement ce qui est en train de se passer car elles ont de grosses difficultés pour redémarrer. L'immobilisation leur a coûté très cher et les relations avec les maîtres d'ouvrage sont souvent tendues. 

L'autre frein à une reprise plus généralisée vient des copropriétés pour des raisons différentes : les particuliers ne veulent pas subir de nuisances sonores chez eux et craignent d'avoir des ouvriers qui passent devant leurs fenêtres. C'est un vrai sujet de crispation pour nos entreprises bien que les travaux de rénovation ne se déroulent généralement pas en coactivité et la mise en place des gestes barrières et des mesures de sécurité est la plus simple. 

E.I. Comment envisagez-vous les mois à venir ? 

R.D. Plus de 40 % des chantiers sont encore fermés mais nous restons confiants. Les collaborateurs des entreprises du Grand Est retournent progressivement au travail et les effectifs atteindront bientôt les 100 % de personnels disponibles. Reste le risque d'un reconfinement. Dans notre agence de Reims, nous avons d'ores et déjà décidé que si ce cas de figure venait à se produire, nous ne stopperions pas nos activités, dans la mesure du possible, car nous sommes capables maintenant de réaliser nos chantiers en toute sécurité pour nos intervenants et nos clients.