(c) Pyc
Quatrième épisode de notre série de témoignages d'entreprises d'étanchéité face à la crise sanitaire. Aujourd'hui Sinicha Knezevic, directeur général de SIE. Lui aussi ne conçoit pas d'envoyer ses équipes sur le terrain sans règles de sécurité strictes et validées. En attendant, il faut trouver des solutions pour limiter au maximum les pertes financières. C'est la que le parcours du combattant commence.

Sinicha Knezevic, directeur général de SIE 

"Tous les chantiers sur lesquels nous intervenions avant la pandémie sont aujourd'hui fermés. Concernant les marchés privés, qui représentent environ 70 % de nos activités, la question ne s'est même pas posée car nos clients ont le même discours que nous vis-à-vis de leurs équipes. En marché public, c'est autre chose car l'Etat n'a pas demandé l'arrêt des chantiers. Ils restent donc ouverts. D'autres demandent à être redémarrés tout de suite. Mais notre position est claire : tant qu'on ne connaît pas les mesures de sécurité sanitaire edictées par l'OPPBTP et qu'on nous a promises, nous n'enverrons personne. Nous nous référons également aux préconisations des coordonnateurs SPS. Et tous partagent le même avis : il n'est pas possible à ce jour de demander aux entreprises de poursuivre l'activité. Pourtant, cette situation s'est présentée pas plus tard que mercredi matin. Mais comme nous ne pouvions pas fournir de masques à nos compagnons, qu'il était compliqué de les faire venir seul sur chantier et qu'ils ne peuvent travailler à moins d'un mètre de distance, ils n'y sont pas allés. D'autant plus que le code du travail interdit l'accès à une personne seule sur une nacelle ou sur un toit. Nous sommes responsables de nos salariés et nous ne pouvons pas leur faire prendre de risque. 

Nos collaborateurs vivent mal cette situation mais ils la comprennent. Tous veulent retravailler, les compagnons comme le personnel de bureaux. Nous avons tenté de mettre en place le télétravail pour une partie d'entre eux mais c'est compliqué : il faut avoir accès à tous les dossiers et la plupart sont difficilement transportables au domicile. Ils s'inquiètent notamment pour leur paye car la mise en activité partielle n'a pas encore été validée. Il va donc falloir puiser dans notre trésorerie. L'entreprise peut le faire pour le moment mais ce n'est pas le cas de toutes. C'est pour justement soutenir notre trésorerie que nous sommes également en train de réaliser les démarches pour obtenir les prêts garantis par l'Etat. Mais là encore tout est très compliqué comme par exemple la fourniture à la banque de liasses fiscales. Mais nous ne les avons pas à notre domicile, il nous faut venir au bureau. De manière générale, l'organisation imposée par la pandémie est complexe. D'autant plus que nos interlocuteurs sont eux-mêmes en télétravail et ne disposent pas non plus de tous leurs outils. 

A cette heure, nous ne sommes pas en mesure d'anticiper la reprise. Nous gérons le quotidien, les urgences et les situations de chacun."