(c) Smac
Troisième épisode de notre série de témoignages d'entreprises d'étanchéité face à la pandémie et à ses conséquences. Aujourd'hui Franck Davoine, président de Smac. Il insiste sur la complexité d'une situation où l'entreprise doit faire face à une crise à la fois sanitaire et économique.

Franck Davoine, président de Smac

"Smac est une entreprise d'étanchéité présente sur toute la France et à l'international et réalise en moyenne 10 000 chantiers par an, de toutes tailles. Aujourd'hui, ils sont quasiment tous arrêtés dans le pays sauf urgence. Pourtant, les comportements des maîtres d'ouvrage en la matière varient du tout au tout et renforcent encore un peu plus la confusion qui règne. Nous recevons à la fois des ordres de service d'arrêt et des ordres de service de démarrage dont certains commencent à compter d'aujourd'hui. Personne ne suit le même tempo et tous les acteurs de l'acte de construire sont perdus. 

Mais notre responsabilité individuelle et collective reste d'éviter la propagation du virus . Notre priorité, et elle guide tous nos comportements, est la sécurité sanitaire de nos collaborateurs sur les lieux de travail. Je tiens personnellement à les saluer car nous avons ressenti un vrai élan de solidarité de leur part vis-à-vis de l'entreprise. Ça m'a beaucoup touché. Ceux qui ne pouvaient pas être en congés ou pour qui le télétravail n'est pas possible sont en activité partielle. 

Nous souhaitons néanmoins pouvoir reprendre le travail dès que possible car l'impact économique de cette crise sanitaire risque d'être très important. Il va s'appréhender autour de deux sujets : la trésorerie et les résultats. Concernant la première, il se concrétisera dans le mois à venir car il faudra payer les charges sans recettes, hors salaires grâce au soutien de l'Etat. La garantie des prêts va également nous soulager un peu. Les banques devraient également mettre en place des mécanismes d'emprunt mais nous n'en savons pas plus pour le moment. Résultat, en la matière, l'entreprise ne devrait pas être en danger, pour peu que cette situation ne perdure pas. Cependant, il faudra, tout de même rembourser un jour ou l'autre. Chaque semaine non travaillée représente une perte importante et cette dette sera due. Les résultats de l'entreprise vont se dégrader très rapidement. La durée de l'arrêt de l'activité sera déterminante. D'autant plus que la baisse à prévoir des investissements de la part des maîtres d'ouvrage représentera autant de travaux que nous ne réaliserons pas. 

Etablir des règles sanitaires

Nous anticipons néanmoins cette reprise. Depuis la fin de semaine dernière, nous effectuons un travail d'analyse sur l'adaptation des gestes barrières aux différentes actions réalisées par un compagnon dans une journée. Il s'agit aussi bien de la pose de membranes d'étanchéité, d'asphalte ou de bardage que du transport, des vestiaires, des sanitaires... La mise à disposition d'équipements de protection est indispensable. C'est pourquoi par exemple, nous avons passé commande de masques en Chine et nous attendons la livraison. Mais ce n'est pas suffisant. Le lavage des mains est aussi fondamental mais encore faut-il qu'il soit possible. D'autant plus que sur chantier, il faut intégrer une contrainte majeure : l'interdépendance entre tous les acteurs et la coactivité. Il est très rare de se retrouver seul sur un chantier. C'est là que le guide de bonnes pratiques  de l'OPPBTP dont la parution a été annoncée le week end dernier pour cette semaine servira de référentiel commun à tous les corps d'état. Avec ce prérequis, chaque métier pourra ensuite définir ses protocoles en fonction des préconisations du guide et de ses propres spécificités. C'est le général et le particulier qui créeront ensuite une cohérence à même de permettre une éventuelle reprise. Cela restera néanmoins très difficile et il est impossible de savoir quand.